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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Le tour de l’oie, Erri De Luca (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 07 Mai 2019. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Italie

Le tour de l’oie, février 2019, trad. italien Danièle Valin, 176 pages, 16 € . Ecrivain(s): Erri de Luca Edition: Gallimard

 

Renonçant à la fiction mais la nourrissant par un autre tour – comme un jeu inventif –, celui de se donner un fils interlocuteur, le romancier Erri De Luca signe un dialogue étrange, au creux de sa maison, entamant avec un enfant inventé une conversation à bâtons rompus sur le tout, le rien, le passé qui revient lancinant, ses propres parents, son aventure d’homme, travailleur, rebelle, contestataire, écrivain, apprenti de la vie.

L’auteur, Napolitain né en 1950, a été ouvrier, est devenu alpiniste, romancier, a failli terminer en prison pour la défense de la nature contre un projet d’autoroute, vit aujourd’hui pour l’écriture. L’un des derniers a suscité un enthousiasme certain : La nature exposée (dont j’ai évoqué la teneur ici même).

Ici, le romancier se dévoile, recourt à ses parents morts, revitalise cette période de l’enfance – souvent tombée en cendres chez d’autres –, ici, nourrie d’anecdotes et du grain de réalisme qui fait sa patine.

La Collection Emil Bührle (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 03 Mai 2019. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, Albums

La Collection Emil Bührle, Lukas Gloor, Gallimard, mars 2019, Catalogue d’exposition, 190 pages, 35 € Edition: Gallimard

L’art en témoignage

Le catalogue de la Collection Bührle, dont la couverture est agrémentée d’un détail du Champ de coquelicots près de Vétheuil, de Monet, de 1879, relate le cheminement des acquêts de l’industriel et le répertoire d’une partie de sa collection. L’exposition de cette collection, au Musée Maillol à Paris du 20 mars au 21 juillet 2019, sous l’égide de Culturespaces, a déclenché une vive polémique. D’une part, parce qu’Emil Georg Bührle (1890-1956) a dirigé une grande entreprise industrielle « dans le cadre du réarmement secret de l’Allemagne » (L. Gloor), en rachetant les parts de l’usine Oerlikon-Bührle & Co en 1937, et d’autre part, à cause de révélations sordides, liées à la spoliation de biens et d’objets précieux ayant appartenu à des citoyens juifs (désignés comme tels par les nazis). Ainsi, il était donc utile de connaître les noms des commissaires-priseurs des grandes maisons de ventes aux enchères, de suivre la chronologie de tout un commerce d’œuvres d’art, identifiées comme acquises légalement dans un premier ou un second temps. Des dates, des noms et des lieux témoignent des transactions financières durant le 3ème Reich notamment, ces tableaux servant souvent de monnaies d’échange. Par la suite, l’on apprend qu’Emil Bührle a restitué et racheté « les derniers tableaux spoliés [et que jusqu’à sa mort il] acquérait en propre une centaine d’œuvres par année ».

Vercingétorix, Jean-Louis Brunaux (par Vincent Robin)

Ecrit par Vincent Robin , le Mardi, 30 Avril 2019. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Histoire

Vercingétorix, février 2018, 330 pages, 22 € . Ecrivain(s): Jean-Louis Brunaux Edition: Gallimard

 

Nos connaissances sur la Gaule non provinciale, du temps où elle perdit sa libre indépendance pendant le premier siècle avant notre ère, relèvent essentiellement des témoignages de guerre (les Commentarii de bello gallico) que Jules César façonna entre les années 58 et 52. Ce fut la période de ses interventions militaires poursuivies dans presque toutes les régions de ce vaste territoire composite et peuplé, dont il rendit compte point par point au sénat romain. Fédérateur de la résistance ultime face au futur dictateur romain lors de ses incursions en Gaule dite « chevelue », Vercingétorix apparut au final comme le dernier plus sérieux adversaire militaire que le proconsul trouva sur son chemin avant de soumettre à Rome l’ensemble de l’ouest européen continental. Mais la Guerre des Gaules, écrits uniques rapportant ces épisodes très largement à la gloire de leur rédacteur, suffira-t-elle jamais à raconter la vérité objective de cette courte décennie historique ? On sait que non. Montaigne reprochait déjà à César « les fausses couleurs de quoi il veut recouvrir sa mauvaise et pestilente ambition ». Parmi les observateurs critiques et contemporains du texte-rapport de Jules César publiciste de sa victoire, Jean-Louis Brunaux ouvre à son tour une perspective un peu moins manichéenne et orientée des évènements relatés, en suggérant les qualités méconnues du profil présomptif du grand vaincu d’Alésia.

Piranhas, Roberto Saviano (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 03 Avril 2019. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Piranhas, octobre 2018, trad. italien Vincent Raynaud, 368 pages, 22 € . Ecrivain(s): Roberto Saviano Edition: Gallimard

 

Le titre original, sans doute plus complexe et évocateur, La Paranza dei Bambini, évoque tout à la fois un terme de pêche, puisque la « paranza » est cette pinasse ou embarcation de pêche, dite aussi balancelle, un vocable culinaire, le fruit de la paranza, et aussi le symbole d’un groupe qui tire sens et profit de l’ensemble de ses membres. Les enfants ou adolescents du livre forment, il est vrai, proche de la « mer qui baigne Naples » comme dirait Ortese, un réseau mafieux avec scooters, armes, planque, codes, chef, tabous et interdits, sang de frères partagé, etc.

Quand de jeunes recrues napolitaines se mettent à mimer les parrains de la camorra, comme les séquences époustouflantes de Gomorra dans Scampia (un des quartiers du nord de Naples, proche de Secondigliano) ont pu nous le montrer dès 2006, entre les mains d’adultes. Ici, fléchissement notable, c’est du côté des très jeunes que les méfaits se passent, dans une extrême violence aussi.

Le Nouveau, Philippe Sollers (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mardi, 26 Mars 2019. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Le Nouveau, mars 2019, 144 pages, 14 € . Ecrivain(s): Philippe Sollers Edition: Gallimard

 

Qui donc sinon Sollers ?

Qu’on le veuille ou non la littérature française ne serait pas ce qu’elle est sans Philippe Sollers. Rares sont de la part d’un écrivain des œuvres aussi diverses : de Paradis (un chef d’œuvre) à Femmes (un best-seller), des œuvres de fiction à celles de philosophe (même s’il ne s’est jamais pris pour tel).

Passant désormais à la fiction courte comme si – avec l’âge – il fallait au créateur ramasser son propos afin de lui donner plus de force, Sollers crée du nouveau avec Le Nouveau. Ce titre est le nom du bateau de l’arrière grand-père de l’auteur. Il fut aussi galopin que lui et son bateau lui servit à retrouver une belle étrangère du côté de l’Irlande. Et qu’importait la force des vents.

A partir de là « nous sommes dans le sud-ouest de la France, vers Bordeaux et ses grands environs, d’où l’ensemble de l’Histoire, peu à peu, se dévoile ». Et les bords sont grands dans cette révision générale de l’histoire au moment où elle claudique (euphémisme) devant les catastrophes annoncées : climatique d’une part et économique de l’autre sous la pression de la féodalité capitaliste mondialisée.