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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Les aventures de Mao pendant la Longue Marche, Frederic Tuten (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 04 Octobre 2018. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Les aventures de Mao pendant la Longue Marche (The Adventures of Mao on The Long March), traduit de l’américain par Maurice Rambaud, Gallimard 1974. 195 p. . Ecrivain(s): Frederic Tuten Edition: Gallimard

L’expression « OVNI littéraire » a été tellement galvaudée qu’on peut hésiter à l’utiliser encore. Cependant cette image s’impose pour ce roman (??), cet épisode de l’Histoire (??), cet exercice de style (??), cet essai sur l’art (??) que Frederic Tuten écrivit dans les années qui suivirent le vent de folle liberté qui soufflait sur le monde occidental, dans les années 70.

Ce livre bouscule de manière inouïe tous les codes du romanesque ou de la narration. On y trouve enchâssés les uns dans les autres, des paragraphes, d’Histoire de la Chine pendant la Longue Marche entreprise par Mao-Tsé-Toung et son Armée Rouge au début des années 30, des passages romanesques ayant pour cadre la même période — Mao est un formidable personnage de roman en vérité —, des pages de considérations sur l’Art moderne et sa création, des pastiches formidables de grands écrivains américains — Faulkner, Malamud, Dos Passos, Hemingway, Lowry, Kerouac, des citations de pages entières d’Emerson (Walden) ou de Joyce. Et, au passage, des considérations où le discours intellectuel sur l’art ou la littérature en prend pour son grade ! Et c’est souvent à se tordre de rire.

Cette chose étrange en moi, Orhan Pamuk (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 21 Septembre 2018. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman

Cette chose étrange en moi, trad. turc Valérie Gay-Aksoy, 688 pages, 25 € . Ecrivain(s): Orhan Pamuk Edition: Gallimard

L’auteur de Istanbul, hommage littéraire et photographique à sa ville, Prix Nobel, raconte dans une somme le destin d’un pauvre vendeur de yaourt et de boza, Mevlut. Venu de la campagne, installé dans un quartier décentré de la grande ville, avec son père, le jeune Mevlut, qu’on suit de ses douze ans, en 1969, jusqu’en 2012. C’est dire que la fresque brosse Istanbul, ses quartiers pauvres, Kültepe, ses artères, ses flux, ses passages, les avatars d’une ville qui change, le monde familial autour de Mevlut, père, parents, cousins, oncles, sa Rayiha aimée, toute la vie politique et sociale sur plus de quarante années de soubresauts politiques, de guerres de partis, de politisation des masses, d’oppositions musclées…

Il est un peu vain, sans efflorer l’intrigue, riche, féconde en rebondissements réalistes, de vouloir relater cette vaste narration, où chaque voix de la famille Aktas/Karatas – Mevlut, Süleyman (cousin, fils de Hasan), Mustafa (père de Mevlut), les trois sœurs Vediha, Rayiha, Samiha (filles d’Abdurrahman au cou tordu) – compte et participe activement aux différents points de vue de narration. Chaque voix complète, nuance, rectifie, en contrepoint subtil, le tableau. Sans être un procédé, cette stratégie narrative permet de dégager un faisceau de significations sur les relations humaines, sur l’histoire amoureuse (autour de lettres d’amour écrites par Süleyman pour Mevlut, à l’adresse d’une des trois sœurs du « tordu », ce qui enclenchera inévitablement nombre de méprises, de suspicions, d’éblouissements aussi).

Ajoie, précédé de Passage des ombres et de Cette âme perdue, Jean-Claude Pirotte (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 10 Septembre 2018. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Ajoie, précédé de Passage des ombres et de Cette âme perdue, février 2018, préface Sylvie Doizelet, 424 pages, 7,30 € . Ecrivain(s): Jean-Claude Pirotte Edition: Gallimard

« Je m’appelle Montjoie et je viens en Ajoie vous apporter la joie ». L’Ajoie est cette pointe que pousse la Suisse en territoire français, au Sud de Belfort (analogue à la pointe de Givet, dans les Ardennes). Au XVIesiècle, le prince-évêque de Bâle, chassé de la cité rhénane par la Réforme protestante, se replia vers l’Ajoie et vint s’installer dans la petite ville de Porrentruy, dont il fit la capitale de son pouvoir temporel et spirituel. Ses successeurs poursuivirent l’œuvre d’embellissement et, de nos jours, Porrentruy est une magnifique cité ancienne, veillée par le château des princes-évêques, avec de nombreux bâtiments du XVIIIesiècle, qui lui confèrent unité et harmonie. Ce fut précisément un des princes-évêques de Bâle, Simon Nicolas de Montjoie (1698-1775), qui, selon la tradition locale, prononça à son arrivée en Ajoie (1762) la formule citée plus haut. En 1793, l’Ajoie se trouva rattachée à la France et forma le département du Mont-Terrible (du nom d’une montagne proche, le Mont-Terri), avant d’être incorporée au département du Haut-Rhin, puis de revenir à la Confédération helvétique. Peu touchée par l’urbanisation, l’Ajoie offre aux rêveurs et aux hommes libres des paysages intacts, où le temps s’écoule paisiblement.

Smith & Wesson, Alessandro Baricco

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Mardi, 04 Septembre 2018. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Italie

Smith & Wesson, mai 2018, trad. italien Lise Caillat, 158 pages, 16 € . Ecrivain(s): Alessandro Baricco Edition: Gallimard

 

Un critique audacieux et habile choisirait de rendre compte de Smith & Wesson sous forme de dialogue parodique. Un rédacteur, lent à rendre son papier consacré à cette pièce, s’y ferait gentiment tirer l’oreille par le directeur d’une revue littéraire.

Ce critique, facétieux, baptiserait ses personnages Leroy et Merlin, clin d’œil au titre de Baricco. On ne découvrirait, hilare, leur prénom qu’un peu plus tard tout en reconnaissant qu’on n’en attendait pas moins étant donné la cocasserie régnant dès les premières lignes.

Après quelques répliques, il serait clair que ces deux-là seraient faits pour s’entendre, malgré le ton bougon du directeur.

« Mais enfin, quoi ? Vous l’aviez demandé en service de presse, ce livre. Il s’agirait d’être réglo vis-à-vis de l’éditeur. Quel est le problème ? Il ne vous a pas plu ? ».

Il s’avèrerait que le rédacteur aurait une excellente excuse :

François, portrait d’un absent, Michaël Ferrier

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 21 Août 2018. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

François, portrait d’un absent, août 2018, 256 pages, 20 € . Ecrivain(s): Michaël Ferrier Edition: Gallimard

 

« Ça arrive comme une vague.

Cette nuit-là, j’ai compris ce qu’était une voix blanche. La voix de Jérôme était blanche.

Maintenant, les souvenirs affluent. Ça arrive comme une vague ».

C’est une vague qui emporte François et sa fille Bahia, ce jeudi 26 décembre d’une année qui n’existe plus, sur une plage de l’île de La Graciosa aux Canaries. Une vague venue de loin, invisible, va harponner François et sa fille, une vague silencieuse qui donne le jour à un livre inspiré et profond. François, portrait d’un absent oscille entre le roman et le récit, dans le battement au cœur du souvenir, des souvenirs partagés. Des souvenirs comme des apparitions, qui se glissent avec grâce dans le livre, avec cet art unique de faire apparaître les disparus, de consacrer une présence, de rendre à la vie ceux qui s’en sont absentés. François, portrait d’un absent comme une vague fait surgir le passé commun des deux amis, leurs quatre cents coups, les années lycée, leur densité poétique, les années où se mêlent musiques et ivresses, un œil sur Monk, et une oreille à l’écoute de Leonhardt, des musiciens poètes, l’un danse, l’autre s’envole, ce sont deux oiseaux musiciens aimés de la beauté, comme l’était François.