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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Pierre, Christian Bobin (par Sandrine Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 13 Mars 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Pierre, octobre 2019, 96 pages, 14 € . Ecrivain(s): Christian Bobin Edition: Gallimard

 

Une virgule est inévitablement collée au dernier signe du mot qui la précède, créant un espace-mot, sécable ou non sécable, c’est selon.

« Pierre, », c’est d’abord une virgule. Incisive, précise. Une mobilité de pensée. Une expérience de création. Deux expériences de création réunies. « Pierre, », ce sont tous les mots que l’on peut écrire, seulement après une virgule, les mots dédiés à un ami, tous les mots qui traduisent le lien, trahissent l’absence, transmettent l’amour.

On se souvient alors d’exemples éloquents d’amitié, entre Deleuze et Bacon, Foucault et Magritte, Mallarmé et Manet, Badiou et Soulages. Ici, Bobin et Pierre.

« Je cherche le surgissement d’une présence, l’excès du réel qui ruine toutes les définitions ».

La Panthère des neiges, Sylvain Tesson (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 12 Mars 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

La Panthère des neiges, octobre 2019, 176 pages, 18 € Edition: Gallimard

 

Le dernier Prix Renaudot consacre l’auteur de vingt-huit livres depuis 1996. Déjà primé pour ses nouvelles, ses essais, le voici récompensé, non pour un roman mais pour un récit de voyage, parsemé de pensées, d’aphorismes (« voir les fauves cachés derrière les paravents banals », p.124), de références Tao.

Tesson, sous l’égide de son ami photographe animalier Monnier, flanqué de deux comparses, Marie et Léo, a pour dessein de voir dans le Tibet profond, entre Golmud et Lhassa, ces panthères si insaisissables.

Le petit groupe part ainsi, guettant, affûtant sa vue, à des hauteurs où le gel est un compagnon de route. On loge sous tente et les froids sont aigus. À plus de quatre mille mètres, yacks, vautours, loups, sont les seules surprises des attentes très longues à fixer les sommets, les autres versants.

« L’affût commande de tenir son âme en haleine » est le credo de ces voyageurs des « ineffables sommets et silences des neiges » (je synthétise une « approche »), en page 164.

L’Amante de l’Arsenal, Journal 2016-2018, Gabriel Matzneff (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 11 Mars 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

L’Amante de l’Arsenal, Journal 2016-2018, novembre 2019, 432 pages, 24 € . Ecrivain(s): Gabriel Matzneff Edition: Gallimard

Avertissement : Recension écrite en décembre dernier, depuis tous les livres de l’écrivain ont été rappelés par ses éditeurs. Gabriel Matzneff a quitté la France pour l’Italie et la justice est saisie.


« Deux titres mélancoliques : Séraphin, c’est la fin ! Mais la musique soudain s’est tue ; puis un titre triomphant, dionysiaque : La Jeune Moabite. Entre les deux, Un diable dans le bénitier, et Les Eaux du Léthé.

Ensemble, ces cinq titres expriment ce qu’aura été ma vie » (L’Amante de l’Arsenal).

L’Amante de l’Arsenal est le dernier opus des Journaux intimes de Gabriel Matzneff, des journaux qu’il publie depuis 1976, et qui recouvrent et découvrent sa vie, ses aventures, ses passions, ses joies et ses amours composés et décomposés.

Todo Modo, Leonardo Sciascia (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 04 Mars 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Italie

Todo Modo, traduit de l'italien par François-René Daillie, 196 p. 7,50 € . Ecrivain(s): Leonardo Sciascia Edition: Gallimard

 

Quand le grand Leonardo Sciascia écrit un roman noir – un polar – c’est à un véritable phénomène de déplacement et de métamorphose que l’on assiste. Le genre est très vite subverti, oublié, et pourtant, point de doute, ce roman est bien policier. Un meurtre, deux meurtres (trois ?) dans une résidence réservée pour un temps à la méditation et la disputation théologique qui accueille hommes d’église, grands bourgeois, décideurs, et Sciascia nous offre un roman remarquable de réflexion sur le Bien et le Mal. Mais il le fait avec un œil pétillant de malice, une bonne dose d’anticléricalisme, une joie féroce et vengeresse à l’endroit des puissants de ce monde. Quand on entend Don Gaetano, l’hôte des lieux, c’est évidemment Leonardo Sciascia qui parle, lui qui a fait de ses romans une critique permanente de la classe politique, un regard acide et virulent sur les mœurs délabrées des puissants et des possédants dans son pays – qu’il s’agît de la mafia ou des politiques – on se rappelle le magnifique « Cadavres Exquis ».

Kyoto Song, Colette Fellous (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mercredi, 04 Mars 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Kyoto Song, février 2020, 192 pages, 20 € . Ecrivain(s): Colette Fellous Edition: Gallimard

 

Crépuscule à Kyoto

Le voyage au Japon donne à la vie de Colette Fellous le roulis d’une autre perspective Son livre devient large d’émotions par à la fois changement de décor, de cap, et la présence d’une fillette qui crée dans la psyché de l’auteure une fente ou une traversée.

L’éloignement géographique crée une proximité. Il ne s’agit plus de poser les questions : de qui ? de quoi ? Soudain l’auteur peut aller plus loin avec elle-même d’où ce besoin d’imaginer que ce voyage serait éternel. S’y recreusent des sources, s’incisent les songes qui échappent à la seule tyrannie de la Méditerranée.

Kyoto devient l’écran qui peut se traverser. L’Autrefois rencontre le Maintenant, en une fulguration, pour former une constellation neuve. C’est pourquoi l’auteure réinvente son propre cinéma intime. L’Imaginaire fait regermer le passé en une relation double avec l’image de la ville et le corps de la fillette où se « métaphorise » celui de son accompagnatrice.