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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Anna Amorosi, Jean-Noël Schifano (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 20 Août 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Anna Amorosi, juin 2020, 18 pages, 12,50 € . Ecrivain(s): Jean-Noël Schifano Edition: Gallimard

 

Dix-huit livres (romans, essais) depuis 1981 : le parcours de Schifano est tout entier lié à Naples. Il y va de l’hérédité familiale ; il y entre un goût immodéré pour cette ville du sud profond. Auteur des fameuses Chroniques napolitaines, rééditées et amplifiées, il vit par et pour la ville vésuvienne, cette cité qui a défrayé la chronique pour maints motifs. Le cinéaste Rosi, l’écrivain Saviano, le romancier Rea, entre autres, ont donné une certaine image d’une Naples avilie dominée, dépouillée, meurtrie.

Giannatale a été directeur de l’Institut Culturel français de Naples.

Schifano, dans Anna Amorosi, recrée les années 60, autour d’un couple sulfureux, notoirement connu par les magazines à sensation de l’époque. Des désirs de Cinecittà chez la femme, parasitée par un Comte préoccupé tout entier de sexe « par personne interposée ». Sur fond de Naples et de Rome, un décapant portrait d’une aristocratie à la dérive, amorale, campée sur les extrêmes (attentat fasciste de Milano). On retrouve la gouaille érotique d’un Giannatale, élevé aux petits lait et virulence des « chroniques napolitaines » sanguinaires des siècles 16 et 17.

Les noms d’époque, De Restauration à années de plomb, Collectif, dirigé par Dominique Kalifa (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mercredi, 19 Août 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Les noms d’époque, De Restauration à années de plomb, Collectif, dirigé par Dominique Kalifa, janvier 2020, 352 pages, 23 € Edition: Gallimard

 

Les périodisations et leurs définitions

Dominique Kalifa et son équipe s’intéressent à la tension qu’il existe entre l’éphémère et la mémoire dans le rapport à l’historicité, et ce, à travers la dénomination qui définit les temporalités du monde pour en laisser la trace.

De tels mots créent nos propres représentations et interprétations de ce qui fut. Et les historiens réunis ici rentrent dans l’intentionnalité de leurs ancêtres qui définirent les époques de manière jamais neutre.

Ce livre fait suite à La véritable histoire de la Belle Epoque, du maître d’œuvre, et étend l’analyse des imaginaires qui nourrissent les expressions successives et rétrospectives sur l’histoire. Le tout à partir de la Révolution – à savoir l’époque où s’installe la conscience historique moderne.

Fille, Camille Laurens (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mardi, 18 Août 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Fille, mars 2020, 240 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Camille Laurens Edition: Gallimard

 

Camille Laurens se livre ici à l’exercice ardu de l’œuvre autobiographique, dans sa version récit d’enfance et de jeunesse, exercice ardu parce que le texte doit être – ou apparaître – à la fois sincère et pas ennuyeux. L’équation est réussie, grâce au style si personnel de l’auteure, à la structure du livre et au mode d’énonciation choisi.

Ainsi, le roman est constitué de trois parties correspondant aux trois âges de la vie de la narratrice : Laurence-fille (la plus longue) ; Laurence-femme (la plus courte) ; Laurence-mère, suivie d’un court épilogue. Trois voix énonciatives s’entremêlent : le « je » de l’autobiographie, le « elle » de la narration, le « tu » de la complicité et de la confidence. « Tu nais d’un mot comme d’une rose, tu éclos sous la langue » ; « Enfin, elle a ses règles, presque un an après tout le monde » ; « Je me regarde dans le miroir de la salle de bains, les cheveux mouillés, sans maquillage, je ressemble de plus en plus à mon père ». Le roman commence et se termine avec le « tu », l’adresse directe au « moi » qui parcourt les pages : « Tu cherches à comprendre mais tu ne sais pas quoi ».

Labyrinthe, Burhan Sönmez (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 22 Juin 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman

Labyrinthe, mars 2020, trad. turc, Julien Lapeyre de Cabanes, 218 pages, 20 € . Ecrivain(s): Burhan Sönmez Edition: Gallimard

 

Né en 1965, Burhan Sönmez est une des plumes les plus importantes et les plus singulières de la littérature turque contemporaine. Ses deux premiers romans sont pour le moment (honte à nous) inédits en français. Le troisième avait été traduit en 2018, son titre Maudit soit l’espoir constituant une « belle infidèle » (en turc, le roman s’intitulait simplement Istanbul Istanbul).

Le titre de ce quatrième roman, Labirent, a été traduit fidèlement. Le labyrinthe en question est, d’une part, celui des rues d’Istanbul, mégapole à cheval sur deux continents, où l’on peut déambuler à l’infini, de jour comme de nuit. Ce n’est pas la vision sinistre de l’Istanbul souterrain et carcéral, décrit dans Maudit soit l’espoir, mais une ville chaleureuse, où l’on s’amuse, consomme de l’alcool et où de belles jeunes femmes laissent librement flotter leurs cheveux aux terrasses des cafés. Comme dans le roman précédent, Istanbul, avec ses foules, ses vendeurs ambulants, ses vapur, ses mouettes, est quasiment un personnage à part entière. D’autre part, le labyrinthe est une métaphore de la mémoire et de l’oubli.

Comment je suis devenue un arbre, Sumana Roy (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Jeudi, 18 Juin 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Poésie

Comment je suis devenue un arbre, Sumana Roy, Gallimard, Hoëbeke, Coll. Etonnants Voyageurs, février 2020, trad. anglais (Inde) Alexandra Maillard, 288 pages, 22 €

 

Il y a une certaine conviction personnelle à vouloir devenir autre chose que notre propre destinée, ce que tente de démontrer, avec brio et intelligence, le livre de Sumana Roy :

« Je dois le redire : parmi tous mes désirs de devenir un arbre, le plus impérieux était celui d’échapper au bruit. Deux choses le motivaient – l’une, le vacarme des humains, la seconde, le vocabulaire du silence de la vie active des arbres. Cette opposition était terrible – le ton plaintif qui accompagnait la vie laborieuse des hommes contrastait avec l’ardeur au travail quasi dénuée de bruit des arbres. Je voulais passer de l’autre côté ».

Le cheminement est très personnel et nourri de références intellectuelles, religieuses, biologiques, l’arbre prenant sa dimension originelle dans la conception quasi universelle de voir les choses sans pour autant envahir.

L’auteur ramène l’arbre jusque dans son vocabulaire personnel rendant ce dernier universel et fondateur, comparant par la même occasion des conceptions différentes de l’idée même de l’arbre dans la conceptualité de la société :