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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Josée Meunier, 19, rue des Juifs, Michèle Audin (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 09 Avril 2021. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Josée Meunier, 19, rue des Juifs, mars 2021, 194 pages, 17 € . Ecrivain(s): Michèle Audin

 

Dans l’un de ses précédents romans, Comme une rivière bleue, Michèle Audin avait décrit la Commune de Paris à partir des quartiers de Paris où celle-ci avait connu les activités et faits les plus marquants et significatifs ; elle avait restitué l’histoire à hauteur des destinées individuelles, obscures, celles des sans-grades.

Dans Josée Meunier, 19 rue des Juifs, l’auteure reprend ce mode de récit en le circonscrivant à un immeuble, celui du 19 rue des Juifs, situé dans le quatrième arrondissement de Paris. Elle prend pour point de départ une perquisition menée par un certain Victor Berlioz, commissaire de police de son état : il ressort quelque peu bredouille de sa descente de police, il n’a pu, en effet, cueillir des suspects et n’a recensé qu’une concierge, Madeleine, un coiffeur, Mlle Georgette, couturière, Madame Dubois, une ouvrière en cartonnages.

Pourtant, l’immeuble du 19 rue des Juifs fut le lieu d’où s’échappèrent Josée Meunier et d’autres membres de sa famille pour rejoindre en exil à Londres Albert Theisz, bronzier et ardent partisan de La Commune.

L’odeur du foin, Giorgio Bassani (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 07 Avril 2021. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Italie

L’odeur du foin (L’Odore del Fieno, 1972) Giorgio Bassani, trad. italien, Michel Arnaud, 114 pages, 6,50 €


Dans ce recueil – et dans toute son œuvre – Giorgio Bassani met en scène deux héros récurrents : D’abord Ferrare, sa ville de naissance, une ville italienne de la province de Ferrare en Émilie-Romagne, située dans le delta du Pô sur le bras nommé Pô de Volano. Et puis lui-même, narrateur de ses récits, dans la trace de sa mémoire d’enfance, d’adolescence, à la recherche non du temps perdu mais bien du temps retrouvé – vivant, présent. Celui de Proust assurément, dont Bassani était un lecteur assidu, porté par les bruits, les odeurs, les goûts. Et, peu à peu, Bassani nous fait une topographie littéraire de Ferrare : les sensations dessinent des plans de rues, de places, de jardins publics. Les noms de la ville chantent comme un poème, les sons de la langue italienne en fond la musique. La via Mazzini, la via Vignatagliata, viennent s’ajouter aux noms des villages, Quartesana, Gambulaga, Ambrogio et aux noms des gens, Dottor Castelfranco, Egle Levi-Minzi, pour composer une cantate italienne digne des pages de Händel.

Kentukis, Samanta Schweblin (par Ivanne Rialland)

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mercredi, 24 Mars 2021. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman

Kentukis, Samanta Schweblin, janvier 2021, trad. espagnol (Argentine) Isabelle Gugnon, 265 pages, 20 € Edition: Gallimard

 

C’est à la série Black Mirror que fait penser le nouveau roman de l’argentine Samanta Schweblin : les mignonnes peluches qu’elle invente, les kentukis, sont une manière de révéler les dérives et perversités de notre société technologique. Les kentukis, aux allures d’animaux kawaï, sont pilotés à distance via une interface logicielle. Chaque peluche met donc en relation deux humains, celui qui achète le kentuki, et celui qui achète le code permettant de le contrôler : celui qui « est » le kentuki, à l’abri derrière l’écran de son ordinateur, voit et entend ce qui se passe chez celui qui « a » le kentuki – qui peut, de son côté, plus ou moins dévoiler son intimité. Dans une succession de chapitres brefs, depuis le premier, qui donne le ton par sa noirceur, jusqu’à la surprise finale, l’auteure s’ingénie à explorer toutes les possibilités offertes par ces appariements à l’aveugle – puisque ni le possesseur du kentuki ni celui qui l’anime ne peuvent se choisir, et qu’ils ignorent tout l’un de l’autre.

Tourbillon, Shelby Foote (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 23 Mars 2021. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Tourbillon (Follow Me Down, 1950), Gallimard, Coll. La Noire, trad. américain, Maurice-Edgar Coindreau, Hervé Belkiri-Deluen, révisée par Marie-Caroline Aubert pour la réédition mars 2021, 400 pages, 21 € . Ecrivain(s): Shelby Foote Edition: Gallimard


Avant de tenir le moindre propos sur ce roman, il faut relever l’étrange pénombre dans laquelle il est encore tenu de nos jours, alors que sa traduction en français – magnifique comme toutes les traductions de Maurice-Edgar Coindreau (ici assisté de Hervé Belkiri-Deluen) – date de 1978. Et bravo à Gallimard La Noire qui a aujourd’hui l’intelligence de conserver la traduction de Coindreau avec seulement une révision de Marie-Caroline Aubert. Tourbillon (Follow Me Down) est un absolu chef-d’œuvre de la littérature américaine, à placer au rang des plus grands Faulkner. Dans une écriture éblouissante de vie, de richesse idiomatique, Shelby Foote se hisse dans ce que l’acte littéraire porte de plus magique : transposer le réel des hommes, composer l’incantation quasi biblique des pauvres blancs du Sud profond, le chant de cette terre mythique du Mississippi, la langue inimitable des paysans miséreux et oubliés de ce bout de monde.

Jusqu’à la mort, Amos Oz (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mercredi, 17 Mars 2021. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Israël

Jusqu’à la mort, novembre 2020, trad. hébreu, Rina Viers, 160 pages, 9 € . Ecrivain(s): Amos Oz

 

« C’est alors que Jérusalem cessa de leur sembler un but, un endroit où se déroulent des aventures glorieuses. Un changement s’opéra. Les hommes rompaient le silence prolongé pour dire : “A Jérusalem” » (p.53).

« Invisible je scruterai sans cesse l’horizon marin. (…) Mais quand soudain surgiront les gris navires aux confins de l’horizon marin, je serai le premier à donner l’alerte. (…) Je donnerai l’alerte jusqu’à en perdre le souffle. Jusqu’à l’extrême limite de mon amour » (p.160).

Ces deux passages, tirés des deux nouvelles de Jusqu’à la mort, se font face, en miroir.

Le premier est le récit d’une croisade pour délivrer Jérusalem, qui échoue et s’échoue dans les ruines d’une abbaye ; le second, celui d’un vieux conférencier qui attend « jusqu’à la mort » la fin des temps, l’abordage et l’invasion par les Russes de la terre d’Israël.