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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


L’Anomalie, Hervé Le Tellier (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mercredi, 04 Novembre 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

L’Anomalie, Hervé Le Tellier, août 2020, 336 pages, 20 € Edition: Gallimard

 

Le début de la fin selon Hervé Le Tellier

Dans ce roman – qui selon l’auteur n’en est pas véritablement un – à double-fond, entre le temps physique et notre temps distendu, les héros de Le Tellier, sans avoir conscience du temps qui s’écoule, nous emportent dans une « anomalie » : le même avion avec les mêmes passagers se posent à deux moments différents. D’où la volonté de faire un trou dans les plis du temps de cet interstellar romanesque qui oblige des savants réunis à Washington à élaborer des hypothèses.

Pour certains, le monde est photocopiable, pour d’autres il s’agit d’un trou de verre dans les strates du temps, et pour les derniers d’entre eux il n’est qu’une pure simulation généralisée. Cette dernière idée devient « la bonne » car la plus absurde. Ce qui laisse au passage le Président Américain « bouche ouverte » comme un « gros mérou ».

Abraham, ou La cinquième Alliance, Boualem Sansal (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 03 Novembre 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Maghreb

Abraham, ou La cinquième Alliance, octobre 2020, 284 pages, 21 € . Ecrivain(s): Boualem Sansal Edition: Gallimard

 

Pour qui s’intéresse à la littérature, c’est-à-dire à un ensemble dynamique (chaque époque produit ses grands écrivains) d’œuvres achevées (il n’y aura plus de nouvelle tragédie de Racine), il est toujours passionnant de voir une œuvre apparaître, à la manière d’une île qui émerge de l’océan. En ce qui concerne Boualem Sansal, nous n’en sommes plus à observer la naissance d’un écrivain de tout premier ordre. Ses romans qui s’alignent sur nos étagères forment d’ores et déjà une œuvre à part entière, qui acquerra le statut de classique. Depuis Boumerdès, sa ville, non loin d’Alger, il a su éviter les pièges de la revendication post-coloniale et de la couleur locale. Son œuvre, d’une ampleur panoramique, obéit à une force intérieure et ne se soucie pas de complaire à des commanditaires, des journalistes ; de flatter l’air du temps ou la prudente doxa en vigueur. Abraham le confirme au besoin.

La dernière interview, Eshkol Nevo (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 03 Novembre 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Israël

La dernière interview, Eshkol Nevo, août 2020, trad. hébreu, Jean-Luc Allouche, 468 pages, 24 € Edition: Gallimard

 

La dernière interview… est en réalité une somme de questions – vraies, fausses, prétextes ? – posées à l’auteur – Eshkol Nevo, son double, imaginaire, fantasmé ? – exutoire ? – par des lecteurs supposés, sur Internet : « Ces anecdotes se sont tellement perfectionnées devant les publics successifs que je ne suis déjà plus certain de les avoir réellement vécues » (p.15).

En réalité une trame, une toile tissée abordant, par-delà la vie professionnelle et familiale de l’écrivain en question(s), les thèmes de la vie politique, culturelle, « cultuelle », les grands thèmes de l’armée, de son entrée par effraction dans la vie, du voyage, de l’amitié, de la mort, de l’amour, de la poursuite, en résumé, de l’identité : « (…) L’Israélien que je décrivais dans mes ouvrages ne coïncidait pas avec le cliché qu’ils espéraient voir – un Israël d’oranges, de danses folkloriques et de raid sur Entebbe » (p.102).

A propos de Moby Dick – Herman Melville (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 03 Novembre 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, USA

Moby Dick, Herman Melville. Traduit de l'américain par Philippe Jaworski, Quarto Gallimard

Il faut sauver le narrateur !

Le plus grand roman américain ? Quoi qu’il en soit de la joute qui pourrait opposer les tenants de cette assertion et ceux qui proclameraient que c’est Absalon ! Absalon !, Moby Dick est un sommet dans les lettres américaines et la source intarissable de presque tout ce qui s’écrira après. Ce roman monstre (dans tous les sens du terme), il faut le rappeler, paraît en 1850, c’est-à-dire presque aux débuts de la grande littérature américaine, ce qui en dit, mieux que toutes les assertions du monde, l’énormité. Une littérature naissante et déjà une œuvre monumentale et éternelle qui surgit.

Melville est un génie, certes, mais son ouvrage ne vient pas du néant, il ne le crée pas de toutes pièces dans un désert littéraire. Nathaniel Hawthorne – qui sera son intime ami – a publié une partie de son œuvre et, surtout, La Lettre écarlate. Edgar Allan Poe a écrit une importante partie de ses contes. Ralph Waldo Emerson a écrit Nature. Et, bien sûr, Washington Irving et James Fenimore Cooper ont planté le décor des grands espaces et de la présence imminente du fantastique presque un siècle plus tôt. Mais Moby Dick, à défaut de sortir du néant, sort de l’immensité des océans ce qui, d’emblée, place l’ouvrage dans des espaces où seule La Bible avait imaginé des monstres. La bible, dont le roman est nourri, qui alimente chaque personnage, chaque situation, chaque ligne.

Le Cafard, Ian McEwan (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 20 Octobre 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Iles britanniques, Roman

Le Cafard, Ian McEwan, Gallimard, mai 2020, trad. anglais, France Camus-Pichon, 154 pages, 16 €

Les cafards dorment-ils ? On suppose que oui, même si on avoue ne s’être jamais posé la question. Quoi qu’il en soit, un cafard s’est réveillé un beau matin dans un corps qui n’était pas le sien, un corps immense, dépourvu de carapace, mais avec une tête volumineuse, sans antennes, et (seulement) deux paires de membres. De surcroît, si ce corps n’était pas le sien, ce n’était pas non plus celui d’un quidam. C’était le corps du Premier Ministre anglais.

Cette histoire de cafard rappellera quelque chose au moins érudit des lecteurs. Ian McEwan le sait et il convoque également les mânes de Swift, maître en satire et en misanthropie. Le Cafard ressuscite deux genres anciens : le roman à clefs et le roman à thèse. Le roman à clefs procure toujours au lecteur un plaisir spécial, fait de connivence, même si – comme ici – les clefs sont plutôt grosses. Jim Sams (le cafard) est bien entendu Boris Johnson (à l’état-civil Alexander Boris de Pfeffel Johnson), ce pur produit de l’élite britannique, lettré et polyglotte, devenu le porte-parole d’un vif (res)sentiment anti-élitaire ; exactement comme Donald J. Trump, l’énergique milliardaire new-yorkais. Dans Le Cafard, ce dernier correspond évidemment à Archie Tupper, le président des États-Unis, qui commence sa journée par écrire des tweets depuis son lit. Ceux qui connaissent les méandres de la vie politique anglaise ne manqueront sans doute pas d’observer d’autres correspondances.