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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Labyrinthe, Burhan Sönmez (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 22 Juin 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman

Labyrinthe, mars 2020, trad. turc, Julien Lapeyre de Cabanes, 218 pages, 20 € . Ecrivain(s): Burhan Sönmez Edition: Gallimard

 

Né en 1965, Burhan Sönmez est une des plumes les plus importantes et les plus singulières de la littérature turque contemporaine. Ses deux premiers romans sont pour le moment (honte à nous) inédits en français. Le troisième avait été traduit en 2018, son titre Maudit soit l’espoir constituant une « belle infidèle » (en turc, le roman s’intitulait simplement Istanbul Istanbul).

Le titre de ce quatrième roman, Labirent, a été traduit fidèlement. Le labyrinthe en question est, d’une part, celui des rues d’Istanbul, mégapole à cheval sur deux continents, où l’on peut déambuler à l’infini, de jour comme de nuit. Ce n’est pas la vision sinistre de l’Istanbul souterrain et carcéral, décrit dans Maudit soit l’espoir, mais une ville chaleureuse, où l’on s’amuse, consomme de l’alcool et où de belles jeunes femmes laissent librement flotter leurs cheveux aux terrasses des cafés. Comme dans le roman précédent, Istanbul, avec ses foules, ses vendeurs ambulants, ses vapur, ses mouettes, est quasiment un personnage à part entière. D’autre part, le labyrinthe est une métaphore de la mémoire et de l’oubli.

Comment je suis devenue un arbre, Sumana Roy (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Jeudi, 18 Juin 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Poésie

Comment je suis devenue un arbre, Sumana Roy, Gallimard, Hoëbeke, Coll. Etonnants Voyageurs, février 2020, trad. anglais (Inde) Alexandra Maillard, 288 pages, 22 €

 

Il y a une certaine conviction personnelle à vouloir devenir autre chose que notre propre destinée, ce que tente de démontrer, avec brio et intelligence, le livre de Sumana Roy :

« Je dois le redire : parmi tous mes désirs de devenir un arbre, le plus impérieux était celui d’échapper au bruit. Deux choses le motivaient – l’une, le vacarme des humains, la seconde, le vocabulaire du silence de la vie active des arbres. Cette opposition était terrible – le ton plaintif qui accompagnait la vie laborieuse des hommes contrastait avec l’ardeur au travail quasi dénuée de bruit des arbres. Je voulais passer de l’autre côté ».

Le cheminement est très personnel et nourri de références intellectuelles, religieuses, biologiques, l’arbre prenant sa dimension originelle dans la conception quasi universelle de voir les choses sans pour autant envahir.

L’auteur ramène l’arbre jusque dans son vocabulaire personnel rendant ce dernier universel et fondateur, comparant par la même occasion des conceptions différentes de l’idée même de l’arbre dans la conceptualité de la société :

Le Livre des anges, suivi de La Nuit spirituelle et de Carnet d’une allumeuse, Lydie Dattas (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mardi, 16 Juin 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Le Livre des anges, suivi de La Nuit spirituelle et de Carnet d’une allumeuse, juin 2020, 272 pages, 9,50 € . Ecrivain(s): Lydie Dattas Edition: Gallimard

 

Lydie Dattas et le cirque du monde

Aux marivaudages, Lydie Dattas préfère les gouffres obscurs de la poésie et la beauté de l’existence telle qu’elle est : « Percé de soleil rouge, mon verre de grenadine m’était une Sainte-Chapelle ». Et comme son héroïne de Carnet d’une allumeuse, elle peut se délecter de ses larmes.

Néanmoins, servant d’alibi sublime à la poétesse, l’adolescente expérimente l’avidité irrépressible du mâle pour en connaître les tenants et aboutissants. Elle peut se laisser faire lorsqu’un mâle force ses cuisses d’un genou en mâchonnant ses lèvres sous un porche. Mais qu’il prenne garde…

D’autant que pour l’auteure, l’Allumeuse est redéfinie. C’est celle qui éclaire, qui donne de la lumière. Et les trois livres (majeurs) réunis ici, l’amie de Genet, l’ex-épouse d’Alexandre Romanès avec lequel elle créa le cirque Bouglione, tourne ainsi autour du mystère des désirs loin des stéréotypes d’usage.

Dans les veines ce fleuve d’argent, Dario Franceschini (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 15 Mai 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Italie

Dans les veines ce fleuve d’argent, Dario Franceschini, Gallimard, Folio, 2008, trad. italien Chantal Moiroud, 160 pages, 5,70 € Edition: Gallimard

 

Paru en Italie en 2006, ce premier roman de l’écrivain, né à Ferrare en 1958, rend hommage à une région, à un fleuve, le Pô, à ses pêcheurs d’esturgeon, et avant tout à la force de l’amitié, qui n’a que faire du temps et des longues années pour poursuivre son fil, son courant.

Initiatique, ce roman l’est à plus d’un titre ; le personnage principal, Primo Bottardi, le grand âge venu, veut répondre enfin à la question qu’un ami d’enfance lui a posée, il y a plus de quarante ans.

Coûte que coûte, il faut retrouver cet ami et l’aventure, le long du fleuve peut commencer, et les rencontres, pittoresques, réalistes existentielles vont ouvrir les portes d’une Aventure, essentielle. Longer le fleuve à la recherche de l’ami perdu, Civolani, figure d’une photo de classe, devenu lui-même pêcheur du Pô. Il a un sobriquet, Capoccia. Les villages défilent, au rythme de la charrette d’Artioli, qui connaît la région et le fleuve comme ses poches : Cantarana, village de Primo ; Lenticchia, Paletto…

Le Roman inépuisable, Roman du roman, Philippe Le Guillou (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 14 Mai 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Récits

Le Roman inépuisable, Roman du roman, Philippe Le Guillou, Gallimard, mars 2020, 433 pages, 22,20 € Edition: Gallimard

 

« La fréquentation de l’œuvre-cathédrale est indéniablement plus stimulante, plus éclairante aussi, que celle des minables autofictions et des œuvrettes fades et calibrées que l’édition contemporaine produit jusqu’à plus soif. Avant d’écrire, il faut lire et admirer, se laisser pénétrer par l’essence, l’éthique d’une écriture ».

Le Roman inépuisable est le livre d’une grande passion, d’une infinie passion pour l’art du roman. Philippe Le Guillou est un écrivain qui sait lire, un lecteur qui sait écrire, qui sait offrir ses souvenirs, ses admirations littéraires, et qui en quelques phrases dessine d’admirables portraits d’écrivains. Ils sont tous un bien commun, que Philippe Le Guillou a le bonheur de partager : le style et la langue ! Personne ne sera surpris d’y voir, réellement voir, Marcel Proust : tout en lisant la Recherche, les noms des lieux et des personnages sont pour l’écrivain un enchantement : « j’entends tinter la petite cloche ferrugineuse du jardin lorsque Swann arrive, je suis chez Léonie… dans le petit cabinet sentant l’iris où l’enfant fait l’expérience de la lecture, de la rêverie, des larmes et de la volupté ».