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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Un été à Miradour, Florence Delay (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 11 Mai 2021. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Un été à Miradour, février 2021, 112 pages, 12 € . Ecrivain(s): Florence Delay Edition: Gallimard

 

« Aussitôt arrivés à Biarritz, ils se dirigent vers la plage du Miramar, plage sur laquelle donne l’ancienne villa Roussel, devenue villa Begoña. Haute villa à plusieurs étages reliés à l’extérieur par un escalier tournant, balcons tournés vers l’Océan, balustrades cintrées, tout semble danser ».

Un été à Miradour est le roman d’une famille, d’une tribu, d’une troupe, qui se retrouve pour quelques semaines dans cette maison, lumineusement baptisée Miradour. Une maison de famille, transmise de père en père, qui domine l’Adour de sa colline, qui a traversé le siècle et les passions, a fait sienne les joies et parfois les doutes, qui se sont glissés dans les chambres, sans jamais obliger ses pensionnaires d’un jour, d’un été, à se départir de leurs civilités et de leurs bonnes habitudes. Un été à Miradour de Paul, le père, l’homme des savoirs et des transmissions, qui a toute sa vie étudié la mémoire et les maladies mentales, et se penche désormais sur l’avant mémoire, celle des grands-parents. On y croise également Madeleine la mère, Madelou, grande lectrice d’Hölderlin, qu’elle traduit patiemment – « Penchée sur l’épaule de sa mère, Marianne voudrait bien l’aider mais elle est en terre inconnue ».

Et puis prendre l’air, Etienne Faure (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Vendredi, 07 Mai 2021. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Et puis prendre l’air, Etienne Faure, décembre 2020, poèmes en prose, 136 pages, 14,50 €

 

Ambiance mais aussi expressions anciennes font office de guide touristique littéraire d’un monde dilué dans les mémoires où le temps joue les compte-gouttes ou au sablier entre les monuments et autres lieux-dits aux appellations immuables. De « la perte de vue à la perte tout court » il n’y a qu’un pas si l’oubli l’emporte sur le reste. Il y a tout de l’attente dans ce rêve écrit où « le banc à mi-chemin devient point de rencontre entre la solution cherchée et celle qui doit venir, à pied par l’allée centrale – ou jamais ».

Le Piéton de Paris de Léon-Paul Fargue trouve là une contemporaine continuité toute en rappelant des nostalgies évanescentes qui doucement entrent en dissidence pour faire apparaître un Paris neuf distribué en images accélérées dans le temps : « vivre et survivre, vitesse incertaine des vies » pour poursuivre la route.

La vie de tous les jours passe par des rencontres sur les bancs publics qui deviennent des sortes de partition à se rencontrer, à observer : « Se poser, comme on parle de s’assagir, en siégeant là, sans rien faire, du moins d’apparent. C’est à ça qu’on rêve subitement ».

Nuit de foi et de vertu, Louise Glück (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 04 Mai 2021. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Poésie

Nuit de foi et de vertu, Louise Glück, mars 2021, trad. anglais (USA) Romain Benini, 160 pages, 17 €

 

Au sein de cette Nuit de foi et de vertu, la plupart des poèmes s’ouvrent comme d’apparents récits, ont l’air de se dévoiler avec une narration traditionnelle. Mais la forme du vers, bien souvent, prédomine ; et même quand cette forme n’y est pas, un rythme s’impose tel qu’il nous fait entrer dans le courant d’une pensée, ou de plusieurs pensées, comme autant de temporalités, d’images, de tableaux, qui s’entrecroisent, malgré soi, qui se brouillent dans un même flux, cherchant à nous faire atteindre – peut-être – un sens à nos émotions. Cela voudrait-il dire que Louise Glück (ou l’énonciateur du poème) tend à un but ? Probablement moins qu’on ne le croie. Il semble plutôt que la poétesse tienne à exposer : on part d’un fait somme toute banal, qui, au fur et à mesure du déroulement continu du poème, prend des dimensions de plus en plus larges sur l’existence confrontée au temps, sur les questionnements et événements qui ont bouleversé une vie. Et tout ceci sans l’once d’une grandiloquence, mais plutôt en ayant l’air de passer, telle une ombre glissant devant une fenêtre ensoleillée, et en étant toujours relié au quotidien.

Ce n’était que la peste, Ludmila Oulitskaïa (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 28 Avril 2021. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Russie, Roman

Ce n’était que la peste, avril 2021, trad. russe, Sophie Benech, 144 pages, 14 € . Ecrivain(s): Ludmila Oulitskaïa Edition: Gallimard

 

Ce court ouvrage est présenté comme « scénario ». Ludmila Oulitskaïa en a en effet produit plusieurs à destination du cinéma et le texte que Gallimard nous présente ici a été découvert seulement en 2020. En fait, on découvre rapidement qu’on a affaire à un texte très écrit, plus proche de la novella ou du court roman que du scénario. Le talent de la narration y est en quelque sorte décortiqué, décliné trait à trait : ruptures de situations, ruptures de ton, sens formidable du portrait en quelques lignes, ironie mordante du propos, tous les ressorts littéraires qui font de Oulitskaïa un des plus grands écrivains russes vivants se retrouvent condensés dans cet ouvrage.

Certes il s’agit de peste pulmonaire, d’une épidémie donc, qui forcément évoque notre crise sanitaire actuelle. Épidémie réelle, survenue à Moscou en 1939. Ou plutôt, poussée de peste qui fut rapidement contrôlée et éradiquée. Cependant l’intérêt majeur de l’événement est la période où il survient, pendant l’un des épisodes les plus effroyables de la grande Terreur stalinienne. Procès expéditifs, exils au Goulag, exécutions sommaires et assassinats sont le quotidien du peuple soviétique et en particulier de son intelligentsia, Staline a lâché ses chiens du NKVD et la Terreur est partout.

Agent secret, Traits et Portraits, Philippe Sollers / Légende, Philippe Sollers (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 22 Avril 2021. , dans Gallimard, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Roman, Mercure de France

 

« Je suis très heureux d’être là, en cet instant précis, dans ce bureau, chez Gallimard, rue Gaston-Gallimard, livres, encore bleu, terrasse fleurie. Cette maison d’édition n’a pas d’équivalent au monde. Personne ne sait ce que je vais faire, je suis dans une liberté totale avec évidemment le fonds qui est là, qui bourdonne et continue à vivre, toutes ces voix splendides (Agent secret).

« Le classique est l’éternel retour, malgré la confusion la plus violente, de l’ordre, de la beauté, du luxe, du calme, de la volupté. L’enfer est moderne, le paradis est classique. Voilà la surprise de l’année 2020, c’est-à-dire, de l’An 132 dans l’ère du salut » (Légende).

Philippe Sollers possède l’art singulier du trait – un livre peut devenir une flèche –, et du portrait, cet art ancien où excellait Édouard Manet. Philippe Sollers se livre à l’autoportrait, celui d’un agent secret, autrement dit d’un écrivain en mouvement permanent, à la jeunesse bordelaise baignée de lumières, d’arbres, d’oiseaux, et de voix écrites. Si bien entendues, elles deviendront des vies divines : Ulysse, Nietzsche, Baudelaire, Watteau, Rimbaud, Cézanne, Proust, Poussin et Hölderlin, et n’en finissent pas de traverser les siècles.