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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Nos espérances, Anna Hope (par Christelle Brocard)

, le Mardi, 13 Octobre 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman

Nos espérances, Anna Hope, mars 2020, trad. anglais, Élodie Leplat, 368 pages, 22 € Edition: Gallimard

 

Fortes de leur jeunesse et de l’horizon radieux qui s’ouvre devant elles, Hannah, Cate et Lissa cohabitent dans une jolie maison victorienne, située à l’orée du célèbre parc de London Fields, au cœur du quartier animé d’Hackney. Les deux pieds dans la vie active, mais l’esprit plutôt tourné vers les réjouissances citadines, les trois trentenaires dépensent leur énergie, sans compter, dans le tourbillon galvanisant de la capitale. Le narrateur ne mâche pas ses mots lorsqu’il souligne, avec une insistance assez vite suspecte, qu’elles ont vraiment tous les atouts pour être heureuses et tracer leur chemin sans encombre. Au moyen de flash-back récurrents, il revient sur les événements marquants, les curriculums universitaires et les circonstances particulières qui ont scellé une amitié tripartite, franche et sereine. Trois tempéraments distincts et trois trajectoires différentes se dessinent pour converger vers l’allégresse de l’incipit ; mais, déjà, dans ces trois personnalités écorchées bien que brillantes, dans ces trois itinéraires heurtés bien que fortunés, se devinent les difficultés à venir, les désillusions futures. Et c’est en effet le temps du désenchantement qui prend rapidement le pas sur l’optimisme initial.

Art Nouveau, Paul Greveillac (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 25 Septembre 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Art Nouveau, Paul Greveillac, août 2020, 287 pages, 20 € Edition: Gallimard

 

Le vingtième siècle fut source de bien des révolutions en matière artistique ; ainsi du domaine architectural dont Lajos Ligeti, jeune apprenti architecte et personnage principal du roman Art Nouveau de Paul Greveillac. Ce personnage nourrit un projet, fou et démesuré : construire l’Empire austro-hongrois, et en cas de succès, construire l’Europe, le monde entier. Lajos Ligeti déménage de Vienne à Budapest, l’autre centre névralgique de l’Empire multinational. C’est tout d’abord cette volonté de marquer son milieu de son empreinte qui séduit le lecteur : naïve selon les uns, présomptueuse selon les autres, qui conduit Lajos à s’appuyer sur des architectes de référence, déjà consacrés par le spécialiste : il lit ainsi le traité d’Owen Jones sur la thématique de l’ornement, Camillo Sitte, qui opte pour le conservatisme en architecture.

Des architectes du Nouveau Monde trouvent grâce à ses yeux, tel Louis Sullivan, mais ce qui motive la démarche de Lajos Ligeti, c’est le désir, source de toutes les créations et origine primordiale, indispensable préalable à l’élaboration de tout projet :

Fille, Camille Laurens (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mardi, 15 Septembre 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Fille, août 2020, 240 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Camille Laurens Edition: Gallimard

 

Camille Laurens et les mots

Le corps des femmes est souvent « dit » dans la littérature afin qu’il ne se voie pas ou mal. Il est issu de tous les archétypes divins que les hommes ont inventés de peur de n’être qu’un souffle provisoire, un courant d’air, de leur boîte crânienne aux orteils.

Camille Laurens se doit donc de jouer avec les signes qui « dopent » l’esprit « malin ». Son roman ouvre sur un espace de l’intime et de l’extime féminin, loin d’un grand guignol dont l’auteure dénonce les formes et tournures surannées d’un clafoutis anthropomorphique.

Elle a ainsi toujours un coup, un cran d’avance. Que demander de plus que cet envoûtement romanesque qui se définit d’emblée ainsi :

Les après-midi d’hiver, Anna Zerbib (par Christelle Brocard)

, le Lundi, 14 Septembre 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Les après-midi d’hiver, Anna Zerbib, mars 2020, 176 pages, 16,50 € Edition: Gallimard

 

Lorsque sa mère décède, la narratrice vit à Montréal avec son compagnon, Samuel. À cette perte s’arriment des sentiments de tristesse et de colère bien naturels et légitimes. Entre l’introspection et les souvenirs, la narration oscille entre l’évocation d’une femme souvent mélancolique et le constat d’une double absence : l’absence de la mère, bien sûr, mais aussi l’absence de la narratrice qui, endeuillée, se retrouve étrangère à elle-même et aux autres. C’est d’ailleurs principalement dans cette manière d’être au monde sans y être que la fille convoque la figure maternelle et analyse sa propre situation : « Je n’ai pas su quoi faire de tant d’absence ». Dès lors, elle s’engage sur le chemin long et éprouvant du deuil, suggéré par la métaphore du tunnel à traverser : « Je voudrais parler du tunnel, ce n’est pas ce que l’on croit […]. Ne pas laisser l’absence prendre toute la place, ne pas s’effacer dans la pâleur du manque. C’est au sujet de s’engouffrer là où l’on pense que ça ne passera pas ».

Térébenthine, Carole Fives (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mardi, 08 Septembre 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Térébenthine, Carole Fives, août 2020, 176 pages, 16,50 € Edition: Gallimard

 

L’art et la vie

Les résistances masculines sont autant antiques qu’actuelles. Mais peu à peu les choses changent. Ce livre le prouve à la fois par l’injonction d’un maître : « Certains, ou plutôt devrais-je dire certaines, se sont étonnés du peu d’artistes femmes citées dans notre programme d’histoire de l’art. Je leur ai donné carte blanche aujourd’hui. Mesdemoiselles, c’est à vous ! », et aussi pas son suicide en rien anodin par ce qu’il « dit ».

Dans ce roman de rencontre d’un trio à l’école des beaux-arts, Carole Fives sans doute joue d’une identification. Elle connut la même formation qui devient en partie la monnaie vivante du livre d’une matière faite de luttes et de surprises sur le sens de l’existence.

Sans aucun goût pour la pause, Carole Fives est la créatrice d’une écriture aussi « réaliste » que de quête intime comme dans tous ses textes – nouvelles et romans. Existent toujours à la fois inquiétude et sérénité dans un univers de dépendance mais aussi d’indépendance.