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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Un peigne pour Rembrandt, et autres fables pour l’œil, Daniel Kay (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mercredi, 31 Août 2022. , dans Gallimard, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Arts

Un peigne pour Rembrandt, et autres fables pour l’œil, Daniel Kay, mai 2022, 107 pages 12,50 € Edition: Gallimard

 

Voici la poésie « peinte » à l’instar des natures mortes. Voyage entre « consonnes épiphanes » et « Souvenir du Quattrocento » quand la nature, primordiale, sert de vecteur à une poésie qui macère l’idée, imprègne l’instant tel un vif trait de peinture tandis que les cinq sens font le reste : « Ce serait seulement quelques objets regardés avant même de recevoir le nom des couleurs, la forme des figures, quelques présences… ».

Tout serait Art à allumer les étoiles, à parfaire le langage qui devient résultante des ressentis. On ne se lasse pas de cette fabrication d’images en continu tandis que l’auteur semble faire grand cas d’une sorte de liaison esthétique entre nymphes et statues.

Les interprétations picturales sont détournées en autant de fables qu’il y a de sources d’inspiration.

Le tragique transparaît parfois entre corps vautrés « dans cette grande housse de plastique où coule la chair comme le fleuve dans sa gangue de ténèbres » tandis que les ombres, cependant, peuvent faire rayonner les objets puisque, « éternelles amies de la chandelle, elles donnent à être ».

Un peigne pour Rembrandt et autres fables pour l’œil, Daniel Kay (Par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 23 Août 2022. , dans Gallimard, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Un peigne pour Rembrandt et autres fables pour l’œil, Daniel Kay Gallimard, mai 2022, 112 pages, 12,50 €

 

Image peinte/image écrite

Le dernier recueil de poésie de Daniel Kay permet de disserter sur la relation de l’écrit et du peint. Peut-être est-ce stricto sensu une illustration du ut pictura poesis tiré de l’art poétique d’Horace, ici appliqué à la lettre si je puis dire. Et puis, à la fin de la lecture de ce recueil, j’ai trouvé à quoi correspondait le mieux cette tentative de faire de la poésie conçue comme image. J’ai pensé aux premières statues du Trocadéro à Paris, emballées par Christo. Là était le secret pour moi d’une langue qui enveloppe la chose, qui rend l’œil actif. Le poème est une espèce de pellicule qui se saisit de son objet par les voies de la clarté du rendu, du modelé. Et cela sans hésiter à aller chercher dans la philosophie ou la linguistique. Donc des tableaux écrits.

Récoltes et semailles, Réflexions et témoignage sur un passé de mathématicien, Alexandre Grothendieck (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 11 Juillet 2022. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Biographie

Récoltes et semailles, Réflexions et témoignage sur un passé de mathématicien, Alexandre Grothendieck, Gallimard, Coll. Tel, janvier 2022, 1932 pages, 29,50 € Edition: Gallimard

 

 

Dans sa biographie (Alexandre Grothendieck, Sur les traces du dernier génie des mathématiques, Allary, 2016) alerte et bien écrite, Philippe Douroux plaçait le grand mathématicien sous l’invocation de Baudelaire (« Tout le chaos roula dans cette intelligence, / Temple autrefois vivant, plein d’ordre et d’opulence, / Sous les plafonds duquel tant de pompe avait lui. / Le silence et la nuit s’installèrent en lui, / Comme dans un caveau dont la clef est perdue ») et formulait un jugement peu amène sur Récoltes et semailles : « Il a jeté les mots, les a empilés sans se soucier de savoir si ces bouffées de textes aux dimensions gargantuesques, ces orgies monstrueuses de mots, restaient accessibles à un lecteur normalement outillé. Il a oublié que jamais il n’avait travaillé seul. Il avait été guidé et il guidait une cohorte de compagnons. Quand il s’enferme, il se perd » (p.241). Il est désormais possible d’en juger sur pièces.

L’Infini, n°148, Printemps 2022, Collectif (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 15 Juin 2022. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Revues

L’Infini, n°148, Printemps 2022, Collectif, Gallimard, mai 2022, 128 pages, 22 € Edition: Gallimard

 

« Ce ne sont pas les bonnes actions qui rapprochent les hommes des dieux ; mais quelque chose de plus rare et de plus difficile : la capacité à être heureux » (Le divin avant les dieux, Roberto Calasso).

« Les morts, en quelque sorte, nous parlent continuellement, sans phrases mais par des sentiments, par de fugaces émotions, imprévues et très vives, et en retour il faut parler aux morts, ou du moins les servir, agir pour eux, leur faire secrètement des offrandes » (L’enterrement de Poquelin Molière, Marc Pautrel).

« Plus la diversification spectaculaire et publicitaire augmente, et plus le langage concentré, médité, de la littérature peut le traverser en acte » (1), et cela fait près de quarante ans que la littérature, la pensée philosophique, la science, et les arts sont ainsi mis en lumière, près de quarante ans que les écrivains au langage concentré et précis irriguent L’Infini. Le vaisseau amiral, Gallimard, a armé une goélette, L’Infini, son capitaine, Philippe Sollers, l’écrivain le plus reconnu et le plus combattu, le plus sollicité et le plus secrètement haï (2), et à ses côtés un autre romancier, écrivain d’art, poète, Marcelin Pleynet.

Le testament breton, Philippe Le Guillou (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 01 Juin 2022. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Le testament breton, Philippe Le Guillou, avril 2022, 160 pages, 16 € Edition: Gallimard

 

« Aux racines, restrictives, je préfère les linéaments schisteux, les lignes de crête, l’entaille des rivières, les vallées boisées ouvertes au vent : elles sont en résonnance naturelle avec le large et l’infini ».

Voilà en une phrase, non pas le résumé de ce livre d’exception, mais les fondements qui le soutiennent, les piliers de granit de ce récit profondément romanesque. Le testament breton est un beau et grand livre car il se glisse dans les bois et les vallées bretonnes, entre les pierres, dans les maisons et les églises, il épouse du regard les lignes de crêtes, les signes des vents et du temps, dans une langue sculptée, ouvragée, forte d’une richesse léguée par les auteurs d’un temps qui pourrait paraître révolu, une langue où chaque mot est pesé à la manière d’un artisan joaillier, où chaque phrase est dessinée avec toute la finesse d’un cartographe. Difficile de bien aimer une terre et ceux qui y ont inscrit leurs noms et leurs légendes, sans qu’ils ne soient honorés à leur hauteur, sans que l’écriture ne s’élève elle aussi, qu’elle ne s’élève à la hauteur de cet imaginaire, de ce songe.