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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Devenir nuit, Marie Joqueviel (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 26 Mars 2024. , dans Gallimard, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Devenir nuit, Marie Joqueviel, Gallimard, Coll. Blanche, février 2024, 96 pages, 17 €

 

Toute poésie est comme une version de la fable du moi et du monde. Ici, « le monde ne demande pas à ce qu’on l’habite/ le monde ne demande rien/ sauf peut-être qu’on le regarde » (p.54), et le moi, qui veut savoir ce qui l’a permis, y est prêt, et attend le tarif. Le voici : pour regarder le monde, il lui faudra « devenir nuit ». C’est une mise exorbitante, mais donnant – peut-être – l’occasion unique, dans la foulée, de « devenir le monde/ une fois au moins/ avant de mourir » (p.58). Voilà un tel livre.

Avant d’aller vers ce qu’on ignore, la poète (dans la partie « Peuple du désastre », significativement à la fin) fait utilement le point sur ce qu’on sait. Nous savons, écrit-elle un peu sombrement, au moins trois choses (« nous savons » veut dire : nous nous mentirions illusoirement sur ces points). D’abord nous savons que « nous rêvons seuls » (nous n’avons de sommeil que celui donné par notre cerveau, et l’insomnie elle-même est sommeil manqué par notre cerveau, et lui seul).

Stupeur, Zeruya Shalev (2e partie) (par Mona)

Ecrit par Mona , le Jeudi, 21 Mars 2024. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Israël

Stupeur, Zeruya Shalev, Gallimard, juin 2023, trad. hébreu, Laurence Sendrowicz, 364 pages, 23,50 € . Ecrivain(s): Zeruya Shalev Edition: Gallimard

 

II.

Une allégorie de la culpabilité

La malédiction qui hante le roman s’illustre par des allusions récurrentes au rite du bouc expiatoire, l’animal chargé des iniquités du peuple d’Israël poussé dans le vide du haut du mont Azazel le jour du Grand Pardon. Ce leitmotiv met l’accent sur le malheur des personnages, tous condamnés à battre leur coulpe : Rachel se revoit dans sa jeunesse avec Mano « tels les deux boucs propitiatoires », et compare sa chute dans un précipice à celle de l’animal sacrifié. Ses frères d’armes lui semblent avoir « servi de bouc émissaire, à l’instar du bouc chargé des péchés d’Israël qu’on envoyait du temple dans le désert le jour du Kippour ». Atara s’attribue la faute de l’enrôlement de son fils dans une brigade d’élite : « de tes propres mains, tu l’avais poussé du haut du précipice qui s’ouvrait au pied de l’antique ». La faute originelle, c’est celle de Mano qui s’est considéré l’assassin d’une jeune fille morte par hasard (« quel démon avait bien pu le saisir pour qu’il endosse une telle responsabilité ? »).

La Pierre et l’ombre, Burhan Sönmez (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 20 Mars 2024. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman

La Pierre et l’ombre, Burhan Sönmez, Gallimard, Coll. Du monde entier, novembre 2023, trad. turc, Julien Lapeyre de Cabanes, 420 pages, 25 € . Ecrivain(s): Burhan Sönmez Edition: Gallimard

 

Il est très rare que l’on se promette de relire un livre avant même de l’avoir terminé, pour en saisir toutes les beautés. C’est pourtant le cas ici. Établir des hiérarchies dans l’œuvre d’un écrivain est toujours un exercice délicat, surtout quand cette œuvre n’est probablement pas achevée. Ce nouveau roman de Burhan Sönmez, traduit (excellement) en français après Maudit soit l’espoir (2018) et Labyrinthe (2020) est le meilleur. Sönmez y entrelace avec une virtuosité inégalée et – on osera le mot – avec génie, les thèmes de ses romans précédents : la mémoire, l’oubli, la prison, « the still sad music of humanity » et, bien entendu, Istanbul, qui n’est pas seulement un décor, une toile de fond, mais quasiment un personnage à part entière.

Panorama, Lilia Hassaine (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 20 Mars 2024. , dans Gallimard, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

Panorama, Lilia Hassaine, Gallimard, Coll. Blanche, 2023, 240 pages, 20 € Edition: Gallimard

 

Livre d’enquête, ce troisième roman de l’auteure nous plonge dans les années 2050.

Hélène, commissaire à la retraite, est amenée à enquêter sur une triple disparition : un couple et leur enfant.

Or, les disparitions sont devenues rarissimes parce que la société française est à plus d’un sens transparente. Les maisons, les bâtiments publics sont sans cesse traversés du regard : leur matériau de construction essentiel est le verre. Rien n’échappe à la « vigilance » des voisins et autorités. Les habitants, répartis en quartiers plus ou moins riches, se surveillent et les mœurs et coutumes se sont adaptés.

Comme toutes les maisons-vivariums la maison des Royer-Dumas est un bloc translucide, de plain-pied, aux pièces séparées par des cloisons de verre. L’hiver, les baies vitrées conservent la chaleur du soleil. L’été, les toits deviennent opaques et s’ouvrent à la fraîcheur de la nuit (p.32).

Stupeur, Zeruya Shalev (par Mona) 1ère partie

Ecrit par Mona , le Mercredi, 13 Mars 2024. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Israël

Stupeur, Zeruya Shalev, Gallimard, juin 2023, trad. hébreu, Laurence Sendrowicz, 364 pages, 23,50 € . Ecrivain(s): Zeruya Shalev Edition: Gallimard

 

Stupeur, le titre du dernier roman de l’écrivaine israélienne Zeruya Shalev, publié quelques mois avant les attaques du 7 octobre, résonne involontairement avec l’actualité tragique. Son sixième livre traduit en français, l’un de ses plus denses, fruit d’un travail de six années, met en scène deux femmes de deux générations différentes, à l’idéologie et au caractère opposés, victimes de non-dits familiaux. Dans un précédent roman, Douleur, inspiré d’un attentat-suicide dont elle avait été victime à Jérusalem, l’auteure traitait déjà d’un passé douloureux venant hanter les protagonistes.

Atara, jeune femme moderne et sans tabous, se trouve frappée de stupeur quand sur son lit de mort, son père, Menahem dit Mano, l’appelle d’un prénom inconnu, Rachel, et lui fait une déclaration d’amour inspirée du Cantique des Cantiques.