Identification

Ecriture

52.dimanche (XXXV)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 26 Octobre 2013. , dans Ecriture, Ecrits suivis, La Une CED

 

la substance

ce beau mot de « substance » me vient d’une lecture d’un traité de peinture du 17ème siècle

on y apprend Cora, la première peintre de l’antiquité, et d’autres figures, et ici ou là, il y a vraiment des merveilles

permettez-moi ainsi de prendre le train de sa dissertation sur la question de la couleur, qui semble, en son livre, être une limite, la limite où aboutit la substance

d’ailleurs, les couleurs me préoccupent beaucoup personnellement

par exemple le sang, cette humeur humide, prend la couleur rouge à l’instant où il quitte la peau et vient éclairer la pâleur de l’épiderme ou sa noirceur, par son éclat purpurin et violent

52.dimanche (XXXIV)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 19 Octobre 2013. , dans Ecriture, Ecrits suivis, La Une CED

 

la pensée

que dire de ce sujet, la pensée ?

sinon, à redire qu’elle agit par flux continu et par intervalles comme l’eau dans les cornues des sciences physiques

ce qui me va et me fait rêver – au sens figuré –, c’est la possibilité de discontinuité, de bris, de cassure

j’écrivais un jour le mot « cessure » qui n’existe pas évidemment, mais qui est intéressant parce qu’il résume assez cette question, puisqu’il est à la fois cesser et couper ; telle est ma pensée

d’ailleurs, tout rationnel n’est pas éloigné pour saisir cette discontinuité, les phénomènes de rupture, rupture mais flux

52.dimanche (XXXIII)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 12 Octobre 2013. , dans Ecriture, Ecrits suivis, La Une CED

 

le différé

cette chaude journée d’été me trouve peu à l’écoute, distrait, ensommeillé comme on l’est parfois par les jours d’orage

ce qui me peine d’ailleurs, ce n’est non pas le fil de la plume mais la difficulté architecturale d’imaginer la lettre dans son ensemble

si la question se pose à moi depuis longtemps (et se pose pour beaucoup), à savoir si le texte n’est pas construit par avance – sur le mode occidental – ou déjà imaginé et donc simplement à restituer – sur le mode oriental –, il reste la nécessité de différer, de gérer le moment de l’écart, de disposer de l’intervalle

en un sens c’est une espèce de procrastination, donc une conduite à deux attitudes opposées

tout d’abord, la confiance en soi, car l’on sait que l’on ne gardera pas tout et que ce qui est mal fait disparaîtra dans la version définitive

52.dimanche (XXXII)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 05 Octobre 2013. , dans Ecriture, Ecrits suivis, La Une CED

 

la coupure

ce mot, coupure, est important à plusieurs titres, car il est synonyme de repentir, mais aussi d’interruption, ce qui lui donne une belle étendue

la coupure dont je veux parler est donc à prendre dans ce sens protéiforme, son épaisseur, à laquelle j’ajouterai si vous le permettez, l’interstice – que j’essaierai d’évoquer un autre jour

cette ouverture, cette petite cicatrice spirituelle est souvent à l’œuvre ici dans le programme de cette lettre, et mon intérêt aujourd’hui de vous en parler revient à activer l’exigence et le souci de l’écrivain pour cette sorte de fracture au milieu même de sa parole, qui conduit à soustraire et couper

il existe cependant des littératures réalistes, dont les motifs sont sujets à des enquêtes et des couches successives d’investigations

52.dimanche (XXXI)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 28 Septembre 2013. , dans Ecriture, Ecrits suivis, La Une CED

 

la capture et la fusion

voici quelques mots sur la procédure logique de l’activité de créer

car dire c’est chercher une idée ou une image là où on est susceptible de la trouver

pour ma part, je suis enclin à croire que les idées sont des sortes d’alouettes qu’il faut capturer un instant pour en décrire l’intérêt et dire leurs traits et leurs reliefs

c’est ainsi qu’on détoure un morceau de la réalité, comme le rouge de l’abat-jour à mes pieds ou le petit personnage blanc qui figure un guerrier chinois ; ces choses existent, évidemment, mais pas sans la capture, la saisie, ce en quoi la parole les décèle

ainsi écrire rend captives l’idée et l’image