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Ecriture

52.dimanche (II)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 26 Janvier 2013. , dans Ecriture, Ecrits suivis, La Une CED

 

ce dimanche 8 janvier 2012

 

le réel s’adresse à soi par le discours

par exemple, ce morceau de jardin, si cher à Sartre, qui disparaît, happé par le regard de l’autre, me semble quand même une affaire de discours

ou plutôt, deux phénomènes qui s’adossent et se font exister réciproquement, réalité et langage

alors, ce morceau de ruelle, ici, est une ruelle qui n’existe pas pour elle seule, ni dans la continuité de l’inertie des pierres, mais comme ruelle dite, qui prend vie comme paysage, qui fait horizon vivant

de cette manière, décrire est une affaire morale, ou philosophique car le petit peu de réalité qui détoure la page, vient à la fleur du texte après un voyage inaugural dans le réel

52.dimanche (Au lecteur et I)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 19 Janvier 2013. , dans Ecriture, Ecrits suivis, Création poétique, La Une CED

 

au lecteur. Dimanche 30 décembre 2012

 

puisque j’ai achevé cette longue série d’épitres du dimanche – commencée le dimanche 1er janvier 2012 –, laissez-moi le dernier plaisir d’écrire juste quelques lignes, saisies directement sur la page – et non pas avec un brouillon manuscrit –, pour vous dire que c’est la pratique d’écrire qui importe et qui est supérieure – à l’écrivain ici en l’occurrence

donc, art libéral pour un homme libre – selon l’ancienne terminologie

j’ai fait patiemment de chaque dimanche un lieu recueilli, dans un travail d’abnégation bien difficile au fur et à mesure que les semaines avançaient, mais qui me redonnait une espèce de sens intérieur, de guidage dans l’an qui s’écoulait

donc, le dimanche je voulais méditer, et faire partager mon impression affranchie, conduit simplement à me faire toucher par l’instant

Le 21 août 1944

Ecrit par Marie du Crest , le Vendredi, 30 Novembre 2012. , dans Ecriture, La Une CED

 

Un photographe a dans son viseur le visage d’une vieille dame allemande aux cheveux blancs, très fins, aux yeux ardents. La photo en noir et blanc date de 1991. Je regarde la vieille dame, Inge Müller, en train de tenir dans ses mains maigres et déformées de vieilles photos, celles de sa vie.

L’été, il fait parfois très chaud à Berlin, capitale de la Grande Allemagne. Mais cette ville devient comme une station balnéaire avec ses plages et ses Strandkörbe qui sont de jolies cabanes d’osier, à l’intérieur si intime pour se cacher un peu du monde si gai qui court vers le lac aux eaux fraîches. Le dimanche, 21 août 1944, Berlin étouffe ses habitants. Une photo sans photographe, plus mystérieuse, met en scène deux jeunes femmes, presque deux adolescentes qui, après une course en vélo, ont rejoint la Havelchaussee, du côté de la Grande-Fenêtre, pour croire aux vacances, à la douce liberté dominicale. Exposer son corps au soleil, sentir sa légèreté dans l’eau quand toute l’Europe se meurt dans la guerre, n’est-ce pas nécessaire ?

C'est chiant Verlaine !

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 28 Novembre 2012. , dans Ecriture, La Une CED

« Dans l'interminable

Ennui de la plaine

La neige incertaine

Luit comme du sable.


Le ciel est de cuivre

Sans lueur aucune.

On croirait voir vivre

Et mourir la lune... »


- C’est chiant Verlaine…

Ekphrasis 3 - Visages dévisagés

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 14 Novembre 2012. , dans Ecriture, La Une CED

 

En hommage à un grand peintre allemand.

 

Elle descend sous terre sans bouger, portée par la lenteur du très long escalator. Station Place des fêtes, ligne 11, direction Châtelet. Ils sont déjà là, ils avancent dans la léthargie d’une journée qui commence. Elle les attend comme chaque jour. A sa hauteur, de l’autre côté des rampes noires, leur visage surgit, porté par leur corps sans jambes, sans torse. C’est quoi regarder un visage ? Lire la vie ? Les visages sont les mêmes, organisés et organiques : un front, des tempes, un nez ombilique, des yeux-monde, une bouche, béance des baisers, gouffre des nourritures, des joues pour ressembler à un enfant, un menton, promontoire. Des chevelures aussi sauvages que des forêts impénétrables ou rectilignes comme de beaux potagers. Elle voudrait tous les absorber dans un immense livre des visages. FACE-BooK. Elle n’en reconnaît aucun.