Je voudrais faire entendre la voix de celui qui s’est perdu.
Je voudrais qu’elle scintille dans la nuit et dans le jour. Qu’elle dise ce que personne n’a voulu écouté.
Cette voix est le fil d’une vie échouée aux portes de la raison. Je n’ai pu franchir le seuil pour aller la rejoindre, elle n’a pu non plus faire raisonner son chant à mes oreilles.
Je suis restée seule dans les méandres des gens qui savent et qui raisonnent.
Ma propre voix s’est perdue alors en moi, elle est devenue un point incandescent qui le matin me réveille comme une braise mortifère.
Aujourd’hui, je veux reprendre cette voix et la faire grandir, épaissir de toutes les voix de ceux qui sont ailleurs, là-bas.
Qui sont-ils ? Sinon des gens du voyage. Ils sont partis loin, très loin. Leur contrée n’appartient à personne, elle est inaccessible et majestueuse mais combien dangereuse.