52.dimanche (XXXIV)
la pensée
que dire de ce sujet, la pensée ?
sinon, à redire qu’elle agit par flux continu et par intervalles comme l’eau dans les cornues des sciences physiques
ce qui me va et me fait rêver – au sens figuré –, c’est la possibilité de discontinuité, de bris, de cassure
j’écrivais un jour le mot « cessure » qui n’existe pas évidemment, mais qui est intéressant parce qu’il résume assez cette question, puisqu’il est à la fois cesser et couper ; telle est ma pensée
d’ailleurs, tout rationnel n’est pas éloigné pour saisir cette discontinuité, les phénomènes de rupture, rupture mais flux
c’est ainsi que la pensée, mes pensées m’interrogent car elles sont ensemble un continuum et une conscience spéculaire
je trouve que la pensée est un phénomène noble et singulier et qu’elle doit être gagnée par celui qui pense
une activité cérébrale et continuelle, que l’on ne connaît que par sa forme, et qui fait notre énigme
ce que j’écris, je le pense assurément, et c’est écrire qui compte ce que je pense
la chose fait l’idée et l’idée fait la chose, dans le même mouvement
c’est comme inscrire le mot fin dans un film par exemple, car c’est à la fois parce que c’est la fin que l’on écrit le mot fin, et que le mot fin est écrit parce que c’est la fin
la pensée au tribut d’écrire est de cette nature, et peut-être tout travail créateur, toute quête de signification
notre pensée n’existe que par accumulation de signes, et discontinuité, divisée de l’intérieur comme le mot fin qui aboutit l’aventure narrative
je pense grandement ces jours derniers à quelque chose d’approchant, les questions de la division, dont je parlerai peut-être plus tard si vous me le permettez
bien à vous
Didier Ayres
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