52.dimanche (XXXV)
la substance
ce beau mot de « substance » me vient d’une lecture d’un traité de peinture du 17ème siècle
on y apprend Cora, la première peintre de l’antiquité, et d’autres figures, et ici ou là, il y a vraiment des merveilles
permettez-moi ainsi de prendre le train de sa dissertation sur la question de la couleur, qui semble, en son livre, être une limite, la limite où aboutit la substance
d’ailleurs, les couleurs me préoccupent beaucoup personnellement
par exemple le sang, cette humeur humide, prend la couleur rouge à l’instant où il quitte la peau et vient éclairer la pâleur de l’épiderme ou sa noirceur, par son éclat purpurin et violent
donc, dans le sang, l’idée du sang, qui est le sang lui-même
la puissance de sa couleur, la sienne, revient à expliquer le pouvoir de sa substance
et je ne parle ici que de rouge ; mais qu’en est-il du bleu ou du blanc dans le ciel, depuis le croissant mat et ouvert comme un œil, de la lune, au bleu cristal du crépuscule nocturne qui ressemble à un dais royal, le bleu nuit qui se défait et passe au gris ?
j’ai trouvé très supérieure cette idée que la substance échouait dans la couleur
cela laisse entendre qu’il y a substance issue d’un monde où tout est substantiel
par ailleurs, que serait la chose si elle n’était trouvée à un moment dans l’activité de saisie de la chose ?
nous sommes des êtres déterminés par l’injonction immatérielle de notre destin, et nous devons poursuivre la route jusqu’à la maison de nous-mêmes
à l’instant le matin est encore jeune mais voilà déjà l’après-midi qui s’annonce et la fin de la discussion d’aujourd’hui
la substance donc, où la question de la demeure primaire
Didier Ayres
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