Souffles
Pourquoi est-ce que les écrivains algériens, maghrébins et arabes n’ont pas le courage d’écrire leurs autobiographies ? Pourquoi n’osent-ils pas écrire leurs miroirs ? N’osent-ils pas se regarder en face, fouiller dans la mémoire sans la trahir ? Ecrire son autobiographie, une autobiographie digne de cette appellation, exige un risque intellectuel et culturel exceptionnel.
Dans notre culture marquée par le poids du communautaire où l’auto, le moi, le un, l’individu ou l’individuel est banni ou mal-vu, l’écriture de l’autobiographie devient un défi ! Une provocation ! Y-a-t-il parmi ceux qui se prétendent écrivains et producteurs de sens et de la beauté quelqu’un qui a osé commettre un livre à l’image des confessions de Jean-Jacques Rousseau ? Pourquoi est-ce que les maîtres de la littérature maghrébine et arabe n’ont pas écrit leurs autobiographies ? Ni Moufdi Zakariya, ni Mohamed Dib, ni Kateb Yacine, ni Malek Haddad, ni Abdelhamid Benhadouga, ni Mouloud Mammeri, ni Mouloud Feraoun… aucun d’eux ne s’est aventuré dans les chemins labyrinthiques de son autobiographie.