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Les Chroniques

Nos écrivains ont peur d'écrire leurs autobiographies

Ecrit par Amin Zaoui , le Jeudi, 07 Mars 2013. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Souffles

 

Pourquoi est-ce que les écrivains algériens, maghrébins et arabes n’ont pas le courage d’écrire leurs autobiographies ? Pourquoi n’osent-ils pas écrire leurs miroirs ? N’osent-ils pas se regarder en face, fouiller dans la mémoire sans la trahir ? Ecrire son autobiographie, une autobiographie digne de cette appellation, exige un risque intellectuel et culturel exceptionnel.

Dans notre culture marquée par le poids du communautaire où l’auto, le moi, le un, l’individu ou l’individuel est banni ou mal-vu, l’écriture de l’autobiographie devient un défi ! Une provocation ! Y-a-t-il parmi ceux qui se prétendent écrivains et producteurs de sens et de la beauté quelqu’un qui a osé commettre un livre à l’image des confessions de Jean-Jacques Rousseau ? Pourquoi est-ce que les maîtres de la littérature maghrébine et arabe n’ont pas écrit leurs autobiographies ? Ni Moufdi Zakariya, ni Mohamed Dib, ni Kateb Yacine, ni Malek Haddad, ni Abdelhamid Benhadouga, ni Mouloud Mammeri, ni Mouloud Feraoun… aucun d’eux ne s’est aventuré dans les chemins labyrinthiques de son autobiographie.

La mère Michel a lu (15) - La poésie en prose au XXème siècle

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 27 Février 2013. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

« La Mère Michel n’a jamais perdu son chat. Elle le tient attaché, ne le lâche pas de l’œil. Le félin est un livre, il n’a pas d’âge. D’hier, d’aujourd’hui, de toujours, il miaule derrière la porte ».

 

Les entretiens de la Fondation des Treilles

Les Cahiers de la NRF / Gallimard (1)

 

Ouvrage publié en décembre 2012

Textes réunis par Peter Schnyder

Avant-propos de Peter Schnyder

500 pp. / 24,90 €

La mer de tous les choix

Ecrit par Kamel Daoud , le Mardi, 12 Février 2013. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Mère, à force d’écouter Renaud j’ai fini par faire comme lui. J’ai pris la mer la nuit du doute. On était six à embarquer sur une coquille d’œuf et personne n’avait confiance en ce radeau de la méduse. Mais avait-on le choix mère ? Mohamed était le capitaine de la traversée et c’était à lui, après Dieu et ses prophètes, que nous avons confié nos vies. Il possédait la science de la mer d’après ce que nous ont dit les vétérans de la harga. Il y avait également Aïssa, un intello portant des lunettes et la haine du monde. Ses binocles étaient plus pour supporter sa myopie qu’un signe extérieur d’intelligence. A ses côtés, Youcef le chômeur. Lui, c’était une force de la nature, tout dans les bras et rien dans le pois chiche. Son sourire enfantin était un réconfort pour les blessures de la vie, mais il ne se rendait pas compte du monde qui l’entourait. Aïssa l’intello, qui semblait bien le connaître, dira de lui qu’il est l’enfant du ciel et que Dieu avait refermé son livre parce qu’il était innocence. Yahia était le plus âgé des passagers et sa barbe grisonnante trahissait le poids des ans. Il ne parlait pas du tout et quand j’y repense, je ne l’ai pas entendu articuler une seule syllabe depuis notre rencontre sur le sable mouillé de la plage d’où nous avions pris le départ. Egalement à bord de l’aventure, Ibrahim le sage. Un saint homme avec au front la marque de la dévotion. Son regard avait le don d’apaiser les consciences et de réconforter les âmes tourmentées.

Carnets d'un Fou - XX

Ecrit par Michel Host , le Jeudi, 07 Février 2013. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

 

Le 3 février 2013

 

Rétrospectivité / Prospectivité / Objectivité / Subjectivité / Invectivité / Perspectivité / Salubrité

 

« Ce n’est plus le temps où l’on s’étendait sous un arbre à regarder le ciel entre deux orteils, mais le temps où l’on produit ».

Robert Musil

Alain Suied, la poésie de la présence

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 05 Février 2013. , dans Les Chroniques, La Une CED

Il est difficile de parler de ce livre – comme de tout livre dès que l’on ne se trouve pas dans le flux contingent d’un récit mais juste attiré par une expression fine – à cause du caractère éthéré, diaphane de ces pages. D’ailleurs le seuil est invisible, ce qui laisse entendre qu’il est habité d’une présence ductile et lumineuse. C’est en cet esprit que j’ai lu ce livre posthume d’Alain Suied – que je n’ai connu que trop peu, et grâce à son éditeur et ami Gérard Pfister, lequel accompagne l’œuvre du poète depuis 1989 à travers une dizaine de livres. En vérité ces propos liminaires ne sont pas inutiles car je crois qu’ils rendent possible de circonscrire en quoi l’ouvrage est réussi, sachant que le poète guette une mort prochaine et qu’il ne pourra pas revenir sur ce qu’il écrit.

Car, si l’on sait que ces poèmes se suivent dans un ordre chronologique – qui va de soi en un sens parce qu’ils ont été écrits sur la Toile directement, dans une lutte vaine contre la mort – on comprend alors la palpitation vive, la nécessité impérieuse de ce travail. C’est avec cette émotion que la lecture se déroule, allant du seuil si je puis dire, du livre : « Toutes les langues disparaissent » du 15 septembre 2007, jusqu’au dernier souffle du poète avec : « ce regard sans trêve/qui toujours l’a hanté » du 16 juillet 2008. Ces dates obligent à une intériorisation prodigieuse de cette parole transparente et limpide, d’une grande lucidité sur le sort qui se joue pour l’homme de chair, car Alain Suied lutte contre une longue maladie qui l’emportera très vite.