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Les Chroniques

Jack London et son double (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 22 Novembre 2011. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED, USA

Il y a 95 ans aujourd’hui, le 22 novembre 1916, mourait Jack London. Son ombre immense plane encore et toujours sur la littérature, sur les littératures, partout présente, source universelle des chemins d’écriture, de Gorki à Hemingway, d’Arto Paasilinna à Jim Harrison. Entre mille autres.

Il est d'usage de considérer qu'il y a « deux » Jack London. Toute étude sur l’œuvre distingue le Jack London « d’aventures » et le Jack London « socialiste ».

Le premier, celui de notre enfance, le dévoreur d'espaces glacés et infinis, avec ses chiens héroïques et féroces, ses hommes endurcis et solitaires, ses interminables voyages en traîneaux chargés de peaux d'élans, ses tempêtes de neige silencieuses et létales. Un Jack London aventurier, reporter d'un monde à la fois cruel et profondément humain, glacial et chaleureux. Buck, le seul vrai héros de « L'Appel de la Forêt », a été le premier héros romanesque de mes « chemins de lectures », avant D'Artagnan, Jean Valjean, Ivanhoe. Mon premier héros, et j'imagine celui de bon nombre de gens de ma génération, est un chien ! Et la lecture, beaucoup plus tardive, de « Construire un Feu » m'a peut-être révélé l'origine de cette fascination pour les chiens de London : pour n'avoir pas complètement pris la mesure de la férocité de la nature, dans cette sublime nouvelle, le héros humain meurt, de froid. Pas le chien. Parce que les chiens de London ont une perception surhumaine de la nature et quand on est gamin, on aime bien le surhumain, les super-héros. Et tant pis si c'est « Superdog » plutôt que « Superman ».

Carnets d'un fou - XIII, Michel HOST

Ecrit par Michel Host , le Vendredi, 18 Novembre 2011. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED


Le 17 novembre 2011


Rétrospectivité / Prospectivité / Objectivité / Subjectivité / Invectivité / Perspectivité / Salubrité


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« Écrire rappelle les détournements de mineurs : il n’y a pas une idée qui soit à maturité au moment qu’on la fixe. »

Aragon, Le Libertinage


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La mère Michel a lu (3) - Jean Maison

Ecrit par Michel Host , le Dimanche, 06 Novembre 2011. , dans Les Chroniques, Chroniques Ecritures Dossiers, Chroniques régulières, La Une CED

(Photo Yves Marty)

 

De Jean Maison, poète, trois recueils :


Terrasses stoïques, éd. Farrago, 2001, 43 pp., 70 ff

Araire, éd. Rougerie, 2009, 57 pp, 11 €

Le premier jour de la semaine, éd. Ad Solem, 67 pp., 19 €


Je suis chercheur de pierres. J’excave la roche pour lui rafler ses émeraudes, ses diamants. Et passe le sable du temps au tamis des mots. Je lis les poètes. Non : « des » poètes. Ils sont trop peut-être, car beaucoup sont des perroquets qui s’ignorent, croient inventer, et même « créer », comme ils disent en levant le menton. C’est regrettable, les effets sont nocifs. Entre autres ceux-ci, évidents, que la poésie est une monnaie dévaluée pour la plupart des lecteurs de ce temps, que les poètes eux-mêmes se lisent peu entre eux.

Holmes, Freud ... (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 03 Novembre 2011. , dans Les Chroniques, Chroniques Ecritures Dossiers, Chroniques régulières, La Une CED

Littérature, psychanalyse, détectives et autres babioles ...

 

« Quel est l'art, quelle est la méthode, quelle est la pratique qui nous conduisent où il faut aller ? » Plotin, De la dialectique, Ennéade I, livre 3.


La fiction, sous toutes ses formes, filmique, romanesque, a souvent rapproché les figures de Sigmund Freud et de Sherlock Holmes. Je ne vais pas lister, ce serait bien long. Cependant je dois citer, pour le plaisir, le livre « Sherlock Holmes et le cas du Dr Freud » de Michael Shepherd (1984) et surtout le film jubilatoire de Herbert Ross « Sherlock Holmes attaque l'Orient-Express » (1976) dans lequel, notre bon Docteur Freud, encore très jeune, entreprend de guérir le célèbre détective londonien de sa fâcheuse addiction à la cocaïne.

La rencontre était inévitable. Les deux « hommes », le réel et le héros de fiction, font le même métier. Détective. Mot d'origine anglaise, to detect, découvrir, c'est-à-dire rendre visible ce qui pour des raisons diverses ne l'est pas au départ.

Souffles 10 - La lecture (2)

, le Lundi, 31 Octobre 2011. , dans Les Chroniques, Chroniques Ecritures Dossiers, Chroniques régulières, La Une CED

Voyage sur le dos d'un "fleuve détourné"

On lit parce qu’on a envie de s’évader d’un lieu fatigant, cramponné à nos semelles fatiguées. On lit parce qu’on a envie de fuir notre ombre qui nous colle du lever du soleil jusqu’à la lumière de la lampe à pétrole ! On lit parce qu’on a envie de décamper nos jours usés trempés dans la routine ! Et c’est ainsi que la lecture n’est qu’un voyage. Un autre voyage, multiple et exceptionnel, vers le pays qui s’appelle LA LIBERTE. Une autre race de voyages. Je déteste le mot race ! Les livres des voyageurs sont écrits, d’abord avec, et par les yeux. Le regard ! Ces livres m’ont toujours fait rêver à midi comme après minuit. Jacques Berque (1910-1995), fils de Frenda (wilaya de Tiaret), éminent anthropologue orientaliste et traducteur du Coran, a sélectionné quelques livres représentatifs de la culture arabe qui apportent quelque chose de plus à la culture universelle. Parmi ces livres, il a choisi le livre de l’explorateur Ahmed Ibn Fadhlâne (10e siècle), connu sous le titre Rihlat Ibn Fadhlâne (Voyage d’Ibn Fadhlâne). Les musulmans sont otages d’une civilisation qui condamne les valeurs de la culture de “l’œil”. Ils célèbrent “l’obscurité”, le “non-vu”. La culture musulmane nous enseigne que dans le regard habite le Chitane (Satan). Les musulmans sont hantés par une voix qui ne cesse de crier : “Baissez vos regards. C’est interdit de regarder le beau.”