Le théâtre permet à Marie Ndiaye d’accéder directement à ce qui l’intéresse : la mise à nu de relations humaines inquiétantes dans une langue d’une majestueuse étrangeté. Les trois pièces rassemblées dans ce volume ne manquent pas de développer les thèmes chers à l’écrivaine : la solitude des êtres dans leur quête, l’impossible transmission d’une génération à l’autre, l’obscur désir de se soumettre ou de soumettre un autre.
Délivrance, créée en 2016 (1) est la plus « littéraire » des trois, au sens où tout le drame se dit et se joue dans un monologue épistolaire sans didascalies. Un homme travaillant au consulat d’un pays froid et lointain écrit neuf lettres à « Ma chérie », sa femme restée au pays :
Tu peux être tranquille à présent, et tu peux dire à notre enfant : sois tranquille, et je te demande aussi d’aller voir mes parents dès que possible et de leur dire : soyez tranquilles, grâce à Dieu.