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Les Chroniques

Les chercheurs de lumière, Révolutions minuscules, Séverine Jouve (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mercredi, 27 Mars 2019. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, L'Harmattan

Les chercheurs de lumière, Révolutions minuscules, Séverine Jouve, L’Harmattan Coll. Amarante, janvier 2018, 154 pages, 16 €

 

« À certains moments de l’existence surgissent des crises. Elles dévoilent brutalement le caractère illusoire de ce que l’on avait pu croire, jusqu’alors, fondamental ».

Trois personnages inscrits dans trois champs artistiques différents, l’écriture pour Marie, la peinture pour Suzanne et la musique pour Alexandre, se croisent, se frôlent, sans s’accoster. Pourtant ces rencontres ne doivent rien au hasard, chacune d’elles charrie dans ses bagages d’autres contacts qui tous obéissent à une nécessité. Lucien Montaldo, le poète-pédagogue, l’ami discret, servira d’intermédiaire et de conseiller bienveillant, capable d’écoute et d’accueil.

Séverine Jouve, dans un roman flamboyant, Les chercheurs de lumière, nous fait entendre leur voix et nous permet de les suivre lors d’un épisode charnière de leur existence. Trois lieux, une terrasse, un pavillon, une clairière, vont jouer un rôle capital dans chacune de ces trois trajectoires. Ces lieux servent à structurer l’ouvrage en trois parties qui en fait n’en font qu’une.

La Styx Croisières Cie (II) Février 2019 (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host , le Lundi, 25 Mars 2019. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

« Père Ubu : Eh bien, capitaine, avez-vous bien dîné ?

Capitaine Bordure : Fort bien, monsieur, sauf la merdre.

Père Ubu : Eh ! La merdre n’était pas mauvaise.

Mère Ubu : Chacun son goût.

Père Ubu : Capitaine Bordure, je suis disposé à vous faire duc de Lituanie.

Capitaine Bordure : Comment, je vous croyais fort gueux, Père Ubu.

Père Ubu : Dans quelques jours, si vous voulez, je règne en Pologne.

Capitaine Bordure : Vous allez tuer Venceslas ? »

Père Ubu : Il n’est pas bête, ce bougre, il a deviné »

 

Alfred Jarry, Ubu Roi, Acte I, Sc. IV

Jules de Montalenvers de Phrysac : noté dans le Livre de mes Mémoires

Le Nouveau, Philippe Sollers (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 22 Mars 2019. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Gallimard

Le Nouveau, Philippe Sollers, Gallimard, mars 2019, 144 pages, 14 €

 

« Pour les séances en mer, Le Nouveau, petit format, traînant derrière lui sa barque, fera l’affaire. Ancrage à 100 mètres, on part très tôt le matin avec la marée, rentrée le soir avec le retour de l’eau. Louis a prolongé cette tradition, qui se retrouve avec moi dans l’encre bleue, le matin et en fin d’après-midi, face au large. Les mouettes commencent leur ballet fou, elles crient dans le ciel d’orage. Je pense à Edna, ma belle Irlandaise. Sa photo est là, sur la cheminée. Elle à l’air gaie ».

Pas surprenant lorsque l’on habite une île, et que l’on est Bordelais, d’avoir des passions marines, pas surprenant lorsque l’on est écrivain, et grand lecteur de Conrad, de souvent prendre le large, à Venise, faisant sienne la devise de Joyce : « Le silence, l’exil, la ruse ». La maison de l’Ile de Ré s’invite souvent sur la pointe des pieds dans les romans de Philippe Sollers. Silencieuse, habitée de silence et de mémoire, elle ne fait pas de vagues, elle est là, comme une boussole, un pôle, qui abrite « L’Isolé absolu » (1). Dans ce film pour la télévision, l’écrivain montre de la main gauche des pages de son cahier, écrites à l’encre bleue :

Flaubert, Marie-Hélène Lafon (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 22 Mars 2019. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Flaubert, Marie-Hélène Lafon, Buchet Chastel, coll. Les Auteurs de ma vie, octobre 2018, 176 pages, 14 €

 

« Flaubert for ever.

Je l’appelle aussi Le Bon Gustave. Alors que.

Je vis un peu avec lui ; nous faisons bon ménage ; c’est facile avec les morts.

L’amour de loin ».

Ainsi débute l’ouvrage que Marie-Hélène Lafon consacre à un auteur qui a marqué sa vie d’écrivain. Un bel hommage construit en deux parties distinctes. La première partie est consacrée à éclaircir le choix qu’elle a fait de Flaubert dans cette collection que l’éditeur Buchet Chastel intitule Les Auteurs de ma vie.

Marie-Hélène Lafon ne revisite pas toute l’œuvre de Flaubert. Ceux qui retiennent son attention sont ceux dans lesquels, comme dans ses romans à elle, on retrouve des personnages qu’il a rencontrés, connus, avec qui il a frayé.

Romans, Patrick Modiano (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 21 Mars 2019. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Roman

Romans, Patrick Modiano, Gallimard coll. Quarto, 2013, 1088 pages, 24,50 €

 

La narration chez Modiano : la simplicité d’une économie prodigue

Travail d’éditeur et travail d’auteur se répondent dans cet opulent volume où figurent, avec six autres romans, Rues des Boutiques obscures, Remise de peine, Chien de printemps, Dans le café de la jeunesse perdue.

Ces pages par centaines qu’on ne se lasse pas de tourner mettent en valeur l’immense créativité de l’artiste sous des apparences de rengaines déjà entendues.

Alors voici…

Si Rues des Boutiques obscures est d’emblée captivant, d’autres incipit laissent planer la menace d’une déception (voilée), d’un ennui (feutré). Car sans s’attendre à rien de particulier – où serait le plaisir de découvrir un nouvel opus ? – on ne s’attendait pas à cela non plus.