Après des conférences en Europe et une tournée aux États-Unis, Einstein est invité au Japon. Il embarque à Marseille avec Elsa, sa seconde femme, pour un voyage de près de six mois (du 7 octobre 1922 au 15 mars 1923). Port-Saïd, Colombo, Singapour, Hong Kong et Shanghai sont sur sa route, avant d’atteindre l’archipel nippon. Au retour, Jérusalem et la Palestine et, pour finir, l’Espagne.
Journal de voyage… le titre fait rêver. Il faut toutefois prendre ce livre pour ce qu’il est : un ramassis de notes prises au fil des jours et rédigées en style télégraphique : « Belle vue sur le Stromboli. Dix-huit heures, Naples. Nuages gris sur le Vésuve, ciel couvert ». Çà et là, quelques croquis et des détails pour le moins intimes (« inflammation de l’intestin avec d’horribles hémorroïdes », par exemple) qui prouvent le caractère strictement privé du journal. Écrites par quelqu’un de moins célèbre, ces notes n’auraient jamais été exhumées. Et pourtant, malgré ça, elles nous font approcher l’homme dans son quotidien. Un quotidien bousculé par la célébrité : Einstein déchaîne les passions. Au fil de ce journal, on mesure la renommée du savant. Renommée qui s’accroît au cours du voyage : « La nouvelle selon laquelle on me décernait le prix Nobel m’est parvenue par télégraphe à bord du Kitano Maru, peu avant mon arrivée au Japon ».