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Artaud ou la machine de l’être à regarder de traviole (2)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 10 Juin 2015. , dans La Une CED, Ecriture

 

L’inspiration comme fœtus dans l’œuvre d’Antonin Artaud

La question de l’inspiration poétique et de son verbe, et de son impuissance à accoucher / engendrer une création existant à part /

entière

de façon autonome et plénière /

satisfaisante

parcourt l’aveu testamentaire écrit par Antonin Artaud concernant les poèmes avortés de Tric Trac du Ciel. Aveu de poèmes au « petit air désuet » portant en eux, non un style, mais un esprit (celui recevable dans les années 20).

Poèmes non « inspirés », donc. Et qui ne représentent Artaud « en aucune façon ».

Artaud ou « la machine de l’être à regarder de traviole » Quel fut / quel est le style d’Antonin Artaud ?

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 03 Juin 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

Son style n’est pas :

– Tric Trac du Ciel, recueil de poèmes édité en mai 1923 c/o Kahnweiler éditeur.

Ce « petit livre de vers en effet ne me représente en aucune façon », écrit Artaud en 1946.

Ne le représente pas effectivement parce que ces vers « ont un petit air désuet d’une littérature à la (…), farces d’un style qui n’en est pas un » – un style « comme celui d’un dandy qui ferait glacer ses manchettes, n’ayant plus pour col de chemise que le tronc d’un guillotiné ».

Autrement dit le style d’un écrivain (écri-vain ?) qui de façon imagée n’aurait plus sa tête – puisque « guillotiné », non pas « décapité » mais « guillotiné » c’est-à-dire dont on a coupé la tête / la liberté d’esprit – au sens figuré un écri-vain qui n’aurait plus la pleine possession de son esprit.

Mon âge, Fabienne Jacob

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Samedi, 30 Mai 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

Mon âge, septembre 2014, 165 pages, 16,90 € . Ecrivain(s): Fabienne Jacob Edition: Gallimard

Descendre jusqu’au cœur des choses – au profond de soi, tout en restant au bord – plonger dans la matière rugueuse d’une écorce d’arbre auquel on s’enroule et sentir le flux de la vie qui nous déborde – ce roman de Fabienne Jacob est le roman de l’écriture du corps et des sensations, du temps intérieur. Mon âge, ce roman constitue un voyage au fil des reflets saisis impromptus – ou presque toujours par hasard – dans le regard d’un miroir que l’on croise, au courant de l’existence, au cœur d’une irisation troublante où la mémoire refait la traversée/un voyage au fil de reflets de soi surpris…

Comme en boucle le récit avance dans le rythme d’une limpidité interrompue/confondue lorsque le cours de la vie arrête un laps de lucidité la narratrice – lorsque son regard croise ces miroirs d’où remonte le flux éloquent toujours vif d’une mémoire en résurgence d’immersions ou de projections. Des îlots de poésie émergent véritablement par-ci par-là des surfaces de l’eau tranquille des habitudes ou du cours paisible ou inextinguible de la vie conjugale – éclaboussements d’écume et de sel dans le flux cyclique du tempo de la quotidienneté – ainsi cette odeur du sommeil des enfants, ce miracle éphémère qui tremble dans (l’)apesanteur irisée des bulles d’air, ce froissement de papier de soie blanc, papier fin presque translucide faisant courir une première salve de chair de poule sur le bras. Des passages émaillent les pages de cette poésie née du récit dans un flot de souvenirs teints de nostalgie et de fraîcheur :

Le grand cycle de la vie ou l’odyssée humaine, Alain Marc et Laurent Maza

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 19 Mai 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Le grand cycle de la vie ou l’odyssée humaine, CD-audio & Livre-audio (Artis Facta) 8,50 € (téléchargement) . Ecrivain(s): Alain Marc et Laurent Maza

 

Des 14 poésies sonores entendues, écoutées, réécoutées via le remarquable CD-audio Le Grand cycle de la vie ou l’odyssée humaine, d’Alain MARC et Laurent MAZA (une co-production Première Impression, Artis Facta), j’ai retenu des bribes des extraits/ardemment remarquées (Oreilles Vives…).

NB : ces notes « tapuscrites » découlent directement d’une écoute personnelle, la mienne. C’est dire qu’elles ne présupposent pas de l’exactitude de la mise en page/de la mise en forme. Ces notes tapuscrites sont donc des notes auparavant retranscrites d’après écoute du CD-audio correspondant.

« La démarche de différencier le texte entendu du texte écrit est une bonne démarche » m’écrivit un jour Alain Marc. Mon souci restait de ne pas déformer pour autant le texte écrit initial, de ne pas dénaturer la démarche de l’auteur. Différencier le texte entendu du texte écrit peut avoir un avantage, peut-être : celui d’établir une marge de manœuvre spirituelle.

Lire écrire vivre, Christa Wolf

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 15 Mai 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, Essais, Langue allemande, Christian Bourgois

Lire écrire vivre, traduit de l’allemand par Alain Lance et Renate Lance-Otterbein, janvier 2015, 200 pages, 17 € . Ecrivain(s): Christa Wolf Edition: Christian Bourgois

 

Avec Lire écrire vivre, les éditions Christian Bourgois offrent de l’œuvre de Christa Wolf des textes jusqu’alors inédits en traduction française. Le titre indique à lui seul le rôle essentiel, existentiel accordé à l’activité scripturale, littéraire. Du Lire et de l’Écrire découle une densité du Vivre engagé corps et âme dans une transformation, une reformulation du réel, sans cesse reconduites et inédites dans leur expression et représentativité. Mais ce qui s’avère en fait possible, écrit Ingebord Bachmann à laquelle Christa Wolf consacre le premier essai ici traduit, intitulé « La Vérité qu’il nous faut affronter », c’est la transformation. Et l’effet transformateur qui émane des œuvres nouvelles nous éduque à une perception nouvelle, à un sentiment nouveau, à une conscience nouvelle (Leçons de poétique de Francfort).

Ancrée dans une situation historique donnée, l’écriture engage ici totalement, par une « authenticité subjective », la dynamique existentielle de son auteur. Écrire revient à répondre pleinement de ses actes (l’auteur authentique répond de ses actes dans l’activité scripturale, par le truchement et le viatique de celle-ci). Écrire revient à faire émerger, en la faisant sourdre du réel même où elle se tient toujours dans son possible surgissement et son actualité brûlante – son immanente résurgence – une signification inscrite/écrite « derrière des événements apparemment sans lien et insignifiants » (p.14).