Identification

Articles taggés avec: Compère-Demarcy Murielle

Mémoires sans visages, suivi par De quel cri traversée et par Une petite anthologie, Colette Gibelin

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 12 Décembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Mémoires sans visages, suivi par De quel cri traversée et par Une petite anthologie, éd. du Petit Véhicule, coll. La Galerie de l’or du temps, 2016, textes illustrés par Françoise Rohmer, 123 pages, 20 € . Ecrivain(s): Colette Gibelin

 

À la lecture de la poésie de Colette Gibelin nous sommes saisis par la profonde densité maîtrisée du texte. « Cela touche à l’infini de la mesure de la démesure », a écrit l’éditeur Luc Vidal dans Regain, regard-source et mémoires dans l’œuvre poétique de Colette Gibelin (en l’Après-Lire des Mémoires sans visages & autres textes, éditions du Petit Véhicule, 2016). Si l’effort du travail reste imperceptible pour le lecteur, ce dernier en reçoit sensiblement les chants fertiles dans l’écriture parce que « La poète ne triche pas. C’est si personnel, si singulier que cela touche le cœur de chacun » (Ibid). Colette Gibelin exprime elle-même cet aspect de son travail dans l’Avant-Lyre du même recueil :

« Relisant (…) les textes en vue de cet ouvrage, il m’a semblé que cet ensemble témoignait d’une évolution assez marquée dans mon parcours poétique (…) l’écriture me semble avoir considérablement évolué.

La dernière œuvre de Phidias, Marilyne Bertoncini

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 08 Décembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Encres vives

La dernière œuvre de Phidias, avril 2016, 16 pages, 6,10 € . Ecrivain(s): Marilyne Bertoncini Edition: Encres vives

 

 

La dernière œuvre de Phidias de Marilyne Bertoncini scande et chante le Poème d’une présence à faire renaître et revenir de son exil : la présence de Phidias, ce sculpteur du premier classicisme grec dont les œuvres – les frises du Parthénon, la monumentale Athéna Parthénos, le Zeus chryséléphantin d’Olympie considéré comme la 3e des 7 merveilles du monde, entre autres – s’adressaient aux dieux. Les sculptures de Phidias constituaient parfois des offrandes de la cité à ses dieux (ainsi la cité d’Athènes offrant son Athéna Parthénos à sa déesse tutélaire), révélant parfois leur image aux hommes par l’art médiateur du génie artistique. C’est pourquoi la présence d’un tel interprète, sollicité certes, était-elle en elle-même et en même temps inquiétante. L’accusation d’impiété qui tomba sur le destin du sculpteur menaçait souvent « les plus grands », esprits éveilleurs d’une réalité que l’on voulait parfois laissée hors de portée des regards.

Double séparation, Patrice Maltaverne

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 02 Décembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Double séparation, Le Contentieux, septembre 2016, Ill. couverture et frontispice, Pascal Ulrich, 35 pages, 5 € . Ecrivain(s): Patrice Maltaverne

 

Corps anonymes, vitesse, trompe-l’œil – ce trio est en jeu pour fouler en 20 longueurs de poèmes ce véritable chant de course, rythmé par le regard, dans une suite de perceptions tronquées en guise de miroirs des villes.

Les miroirs ne sont que de passage – « des bouts d’humain » défilent dans le flux de la ville « semblable à celui d’une rivière / À deux voies », « On dirait un défilé de mode en pointillés ». Ne captant que des « médaillons d’un regard » qui change de visages et de sexes comme on change de point de vue.

Les filles, nostalgiques ou « furibardes », traversent « en pure perte » les territoires de tous ces corps citadins, exhibant leur ego ou leur cul dans les rues, les vitrines, participant (« Rêvent-elles d’être suivies / Ou pas ? ») au grand jeu des apparences pipées et des miroirs mensongers. Leur maquillage qui déborde en dit long sur leurs histoires, tatouées dans leur cœur caché comme un sot-l’y-laisse, en même temps exhibées comme un cul en ligne de mire en dépit de ce qu’elles disent

Tashuur, Un anneau de poussière, Pascal Commère

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 14 Novembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Obsidiane

Tashuur, Un anneau de poussière, 108 pages, 14 € . Ecrivain(s): Pascal Commère Edition: Obsidiane

 

La ronde des cavaliers tourne dans cette écriture de Tashuur Un anneau de poussière. L’écriture au galop, perche / stylo en main, sur la terre du paysage mongol soulève du sol, en les faisant tourner sur des kilomètres, des corolles détachées des chardons secs ; l’écriture nous emporte dans la figure récurrente du cercle, de la spirale ; un souffle court tout au long du livre, ce vent sournois tournoyant en permanence au ras des steppes de Mongolie.

 

Galope ton cheval coursier du monde la jeep

t’emporte, ton sac d’épaule jeté par-dessus le hayon. Qu’importe

le vieillissement des lunes, l’eau surie. La peau

du monde trésaillé, langue blanchie jusqu’à l’os

Autopsie des temps morts, Poèmes 2010-2014, Philippe Blondeau

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 02 Novembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Autopsie des temps morts, Poèmes 2010-2014, éditions Le Bretteur, 2015, 79 pages, 10 € . Ecrivain(s): Philippe Blondeau

 

Présence du poème dans la vacuité de nos vies. « Qu’arrive-t-il quand rien ne se passe ? » La question, essentielle, se pose et résout ses entrelacs de tergiversations habituelles ou son élision, dans l’extraction vers le haut, du limon quotidien, opérée par ces poèmes écrits entre 2010 et 2014 par le poète Philippe Blondeau.

Œuvrant au laboratoire des dissections (Autopsie des temps morts, ainsi s’intitule ce recueil), la poésie inaugure une commémoration d’instants fugitifs mémorables ; exécuté sur le mode opératoire de l’invocation où le passé s’appelle et est interpellé, et sur le mode de la dérision (car l’auteur sait diluer dans l’humour nos concentrés de vies pressées par un temps volatile), le découpage d’un réel parfois tragique (ainsi la parenthèse d’un enterrement) restitue en les recollant, en les rassemblant, ces morceaux éparpillés de nos réels agencés à notre insu ou avec nous dans ces temps qui courent et qui – il le faut bien – s’arrêtent un jour, au bord de notre route (« (…) ce monde qu’il nous faut tenter de retenir car il nous quittera plus que nous le quitterons, nous qui ne cesserons jamais tout à fait d’être là, traces infimes et inutiles sans doute, mais présentes malgré tout, comme le poème précisément »).