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Le journal de MCDem (8), par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 02 Mars 2018. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

Jeudi 7 décembre

S’arrêter à ce qui dans l’écriture de Pascal Quignard en appelle à l’oreille du lecteur. À la voix dans le livre. À ce qui renvoie à l’oralité. Retourner dans le monde pariétal. Écouter, dans la chambre d’écho, « un taisir sans abord »*. Accueillir le silence dans le recueillement, la traduction de la parole vers l’Autre. Frapper, contre les parois quittées du ventre originel, des casseaux de la respiration ancienne, retrouver l’ébruitement liquide du monde. En rechercher la musique.

L’espace acousmatique du corps cogne parfois, le laisser retentir dans une écoute polyphonique affolante et inouïe, faire de son corps un amplificateur des voix plurielles, ne pas s’empêcher de renouer le cordon de l’oreille première, ne pas craindre la mélopée entêtante.

La chambre d’écho où l’écriture s’écoute relie les livres à l’oreille interne et l’esprit d’un lecteur fasciné, autant qu’effrayé, par ce qui ne se parle pas.

Cette phrase de Pascal Quignard me hante : « les livres ne jettent pas des cris d’orfraies – qui planent sur la mer »**.

Le journal de MCDem (7), par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 15 Février 2018. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

Mardi 5 décembre

Revoir les grands nocturnes religieux de Georges de La Tour. Le Tricheur à l’as de carreau, noirci par le temps, tableau tombé dans l’oubli découvert par un collectionneur chez un antiquaire du Pont-Neuf, en 1926. Né à la fin du 16è siècle, Georges de La Tour sera consacré comme un des plus grands maîtres français suite à plusieurs expositions, jusqu’à la grande monographie de l’Orangerie en 1972. Caravage veille de son ombre, en haut à gauche du tableau, voyage comme une référence d’un tableau à l’autre – telle la lumière à l’intérieur de la nuit, la nuit à l’intérieur de la lumière ? La lumière venant d’en haut à gauche du tableau, le contraste entre les pièces violemment éclairées de l’espace et les parties en contre-jour, cette minutie dans les détails pouvant remuer le spectateur comme une tragédie antique pouvait provoquer un choc esthétique proche de l’effroi…

La folle avoine et la falaise, Michel Cosem

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 05 Février 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

La folle avoine et la falaise, Encres Vives, Coll. Lieu, août 2017, 16 pages, 6,10 € . Ecrivain(s): Michel Cosem

 

Encres Vives participe à la vie de la poésie en France depuis plus d’un demi-siècle. Mené poésie battante par l’éditeur-poète-conteur-romancier-anthologiste Michel Cosem, le travail de recherche et de découverte se poursuit, avec une exigence dans ses choix, l’ouverture vers de nouvelles voix (nouveaux auteurs en France et à l’étranger), une quête d’auteurs francophones de tous les pays.

L’écrivain Michel Cosem évoque souvent sa région d’habitation, le Sud de la France, dans ses romans et ailleurs, en tant que « poète du bonheur intérieur » (Robert Sabatier), en tant que « Voyageur contemplatif dans l’aveuglant paradis » (Gilles Lades) avec, pour fil conducteur, une thématique liée à l’amour de la nature, de l’imaginaire, du merveilleux et du voyage. Nous ne quitterons pas cet univers dans ce nouvel opus, tout en étant de nouveau transportés dans le dépaysement (double : géographique et poétique : « géopoétique »). Un nouveau livre de Michel Cosem nous invite toujours au voyage – un Voyage féerique et familier, réaliste et poétique.

Le journal de MCDem (6), par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 01 Février 2018. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

Dimanche 3 décembre

Stabiliser l’édifice dans le naufrage. Saut dans l’absence au monde ; dans une quête d’absolu ; dans le néant. « Si elle est poursuivie assez loin, l’aventure intérieure mène à l’une ou l’autre de ces trois issues : la folie, la conversion ou la mort », écrit Romaric Sangars dans Conversion*.

Aventure intérieure poursuivie loin également, radicale, par R.M.

Les mots de Richard Millet avancent, dans Déchristianisation de la littérature, pour y « voir clair » dans les impasses d’un monde fragilisé par ses propres leurres bornant son acheminement pour le moins déclinant.

A propos de Les Indiens et la nature, Françoise Perriot, par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 26 Janvier 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Les Indiens et la nature, Françoise Perriot, éd. du Rocher, coll. Nuage rouge, novembre 2017, 240 pages, 39 €

 

D’emblée, Françoise Perriot précise la finalité et l’objectif de son voyage dans ce livre remarquable publié par les éditions du Rocher, alliant témoignages textuels et ceux photographiques du temps passé et présent pris dans un mouvement cyclique. Son fil conducteur était de décrypter les liens unissant les Indiens et la nature. Revient à l’auteur le mérite de s’être portée à l’écoute des particularités culturelles, pratiques et croyances, des Indiens membres de diverses tribus, sans lire ces singularités par la lorgnette réductrice de sa réalité personnelle. Son voyage consiste en une exploration formée par des rencontres avec d’autres personnes qui parlent d’autres langues et pensent autrement. L’ouverture à des cultures différentes, à des espaces disparates, suivant un tempo accordé à des « temps rythmiques et circulaires et non pas segmentés et linéaires », approfondit le champ d’investigation de ce livre. La finalité de cette exploration est également précisée : il ne s’agissait pas pour Françoise Perriot d’aborder ce thème dans un esprit religieux mystique, ni par une adhésion à l’idéologie New Age, ni par un militantisme écologique acerbe mais précise-t-elle