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Articles taggés avec: Compère-Demarcy Murielle

Soleil se mire dans l’eau, Philippe Thireau (Haïkus), Florence Daudé (Photographies)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 04 Juin 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, Poésie, Z4 éditions

Soleil se mire dans l’eau, Philippe Thireau (Haïkus), Florence Daudé (Photographies), 2017, 141 pages, 36 € Edition: Z4 éditions

 

 

Poisson sautillant du cœur dans les herbes folles. Que les herbes folles du poème, « prisonnières » délivrées par le Langage, captent dans les « joyeux tourbillons » des saisons. Courts poèmes en capture, comme l’œil photographique en prise sur la « fraîcheur de l’instant ».

Le mouvement saisit d’emblée le réseau des photographies et se tisse dans les mailles des mots pour en faire surgir, comme des ronds dans l’eau, des reflets aux remuements calmes ou plus vifs accordés aux battements du cœur. Cœur qui bat, cœur qui s’ébroue, cœur-soleil ou de nénuphar qui pulse, cœur enfoui sous les eaux et qui saigne, cœur « battant chamade », cœur qui prend l’eau, et qui « surgît »

Faire-part, Jean-Louis Rambour

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 29 Mai 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits

Faire-part, Jean-Louis Rambour, éd. Gros Textes, 2017, 64 pages, 6 € . Ecrivain(s): Jean-Louis Rambour

 

Si nous ne sommes pas tous égaux à la naissance, nous ne le sommes pas davantage devant la mort, cela nous tous le savons. La force de cet opus et l’efficacité du poète Jean-Louis Rambour reviennent ici à une mise en scène fantaisiste, du moins pas toujours sérieuse, des cérémonies funèbres célébrant le décès d’une personnalité, d’un quidam, d’un anonyme – une récréation par les mots qui nous sauve de la gravité du moment tout en nous invitant à poser un regard lucide, authentique et humoristique sur cet événement tragique.

Si des personnalités font l’objet de quelques notices nécrologiques parmi les 44 proposées (Juliette Gréco, Robert Lamoureux, Margaret T., Maurice André, Jésus, Hugo Chavez (et Stéphane Hessel)), cependant nous retrouvons surtout dans l’inventaire de l’auteur du Mémo d’Amiens la présence (disparue) de quidams ou de petites gens qui n’en n’ont pas moins marqué leur temps, chacun à sa manière.

Livre d’Heures, Colette Prévost, par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 14 Mai 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Avant-Dire (extr. de la 4èmede couverture) :

« Écrit à la manière des Livres d’Heuresdu Moyen-Age, cet ouvrage s’adresse aux amoureux des mots et du temps qui passe mais demeure grâce à l’écriture. Au rythme des planètes, il nous invite, sans recours à la religion, à l’oubli du monde matériel qui nous menace, à la méditation, au mélange des souvenirs et de l’imaginaire, à la réappropriation de soi ».

Livre d’Heures. Un « curieux » livre, un livre « curieux ». Au sens étymologique de « celui qui prend soin » (cura) et de ce qui se démarque des agendas communément poursuivis. Un livre curatif donc, dont la force d’attaque, a contrariodouce, investit le cours de notre vie comme une fugue de Bach en une nuit éclaireuse. Un livre qui nous invite à prendre ou maintenir le cap d’une vie quotidienne éloignée des séductions matérielles – ces leurres dont il faudra, pour véritablement vivre, nous déprendre –, touchant au sens de nos vies par le voyage intérieur spirituel qu’il nous fait entreprendre, en direction du monde et des autres. Livre de navigation au cours apaisé, hissant pavillon humble sur des eaux tranquillisées, dans l’envergure (re)trouvée de l’insolite et du recueillement. Livre à la force de frappe comme un réveil, amortie par l’onde bienveillante des mots, dans le mouvement et la mouvance des Heures déclinées en autant de lieux/moments méditatifs où se construire en continuant de grandir, d’accueillir le souffle du mieux vivre.

Bathyscaphe de plumes, Philippe Guillard

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 10 Mai 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Bathyscaphe de plumes, Ed. Wallada, coll. La merlette moqueuse, avril 2017, 99 pages, 10 € . Ecrivain(s): Philippe Guillard

 

Des coïncidences magnétiques allument parfois leur brasier d’oiseaux dans le feu de l’inspiration. Un seul signe suffit. Ainsi, en tournant autour de ce Bathyscaphe de plumes signé Philippe Guillard, avant d’entamer ma part du voyage, je pensai d’emblée à L’Aigle noir de Barbara. Rien à voir, si ce n’est la réapparition d’un Oiseau noyé dans l’océan noir d’une réalité plombée, et s’en expulsant à force d’envols à la rescousse, notamment par l’envergure des mots. Rien à voir, si ce n’est dans les remerciements du poète adressés sur le seuil du livre, l’évocation de Barbara, justement.

Le voyage commence par la marche d’un homme. Le temps nous propulse plus loin que nos erreurs du passé, faisant de nous sur les bifurcations de notre cheminement, des enjambeurs de l’infini. Quand la courbe du temps s’inverse par le voyage initiatique et magnétique des mots, le poète approchant de « l’instant du mourir » peut espérer ici, maintenant, se retourner et naître.

Et leurs bras frêles tordant le destin, Jean Le Boël

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 03 Mai 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Editions Henry

Et leurs bras frêles tordant le destin, 2017, 81 pages, 10 € . Ecrivain(s): Jean Le Boël Edition: Editions Henry

Dans son « Avant-Dire » qui constitue un « Bréviaire de poète », Jean Le Boël met les pendules à l’heure au sujet de sa conception et de sa réception de la poésie : « (…) qu’on me laisse récapituler le peu qui régit mon écriture et que je n’impose qu’à celle-ci ». Sa poésie, maintenue dans son envergure d’altitude et d’exigence, respectera une langue française riche de sens et rigoureusement élaborée, dans une entreprise de curiosité ouverte sur un perpétuel étonnement et un goût de l’effort tenu, puisque « la grandeur du poème ne tombe pas du ciel ». L’Humain est bien au centre de la Voix poétique, altruiste et bienveillante dans le partage des émotions dont elle fait vibrer nos regards, l’univers, nos égards. « Si ma poésie est lyrique », écrit le poète-éditeur Jean Le Boël, « oscillant entre le souci de la plus grande simplicité et l’évidence du mystère, l’émotion qu’elle vise n’est pas la mienne exhibée, mais la redécouverte par le lecteur de la sienne enfouie ». La difficulté de la poésie réside bien dans cette oscillation dont peu de poètes trouvent l’équilibre, la juste mesure créative, et dans cette donation du sens de cœur à cœur ouverts sur les autres, soi, le monde. L’échange s’inscrit comme condition de possibilité du poème : « Je me suis toujours pensé à l’image des autres ; l’empathie m’est naturelle avec les vivants, avec les disparus, même les plus antiques, surtout si j’en entends la parole ». Cet échange prend corps dans une « maîtrise de la parole » qui associe l’Autre par « l’écoute » et « la proximité » :