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Articles taggés avec: Compère-Demarcy Murielle

Marches III, Bernard Fournier, par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 13 Septembre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Marches III, Bernard Fournier, éd. Aspect, 2017, 113 pages, 14 €

 

Après Marches en 2005 et Marches II en 2009, le poète Bernard Fournier signe ce troisième volet composé de IV parties dont les titres résonnent déjà comme peuvent résonner des marches entreprises au sein du monde naturel ou au cœur d’un univers à la fois étrange et familier, mi-onirique mi-fantastique, tel qu’on en trouve l’atmosphère dans la poésie de Jean Joubert, ou Michel Cosem (pour ne citer qu’eux).

La première partie semble, ainsi que l’annonce son titre, attester d’une quête de « Réponses » correspondant à une écoute de la part du poète. Écoute du monde naturel qui l’environne, dépositaire de voix enfouies auxquelles l’on ne prête pas toujours attention et que l’on évoque parfois sans les connaître, dans notre « monde interprété » pour reprendre l’expression de Rilke dans les Élégies deDuino. Ces Réponsesse lèvent à l’unisson des voix de l’aube, que le regard et le langage cherchent, depuis les premières lignes des aurores, dans la brume et les « brouillards (préalables) de mai ».Et ce rendez-vous, poétique en ses postes d’affût, constitue une « entreprise » (« La premièreentreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom »), à l’instar de celle du poète Rimbaud dans ses Illuminations, dévoué à la rencontre de l’Aube. Le poète Bernard Fournier écrit ainsi :

La poésie de Colette Gibelin, par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 03 Septembre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

La poésie de Colette Gibelin est « une immense fleur de cactus(qui) renversée s’achemine vers la poussière » (in Mémoires sans visages & autres textes, éd. du Petit Véhicule, 2016), et insuffle l’intensité de si bien savoir la retenir, dans le souffle de la tension, de l’émotion contenue comme la falaise effritée du Dire accueille et relance la force de frappe des vagues qui se brûlent et se renouvellent de leurs ressacs. Altitude / envergure des amers sur la crête des lames de fond ; « iris déchiquetés, (…) mots paralysés » prenant le vent par toutes ses lézardes, « le temps d’un nouvel amandier » (Id.)…

Rythmée par un lyrisme existentiel, l’écriture poétique de Colette Gibelin s’est au fil du vécu dépossédée ou débarrassée d’une expression stricto sensu personnelle pour accéder à un universel singulier. L’écriture ici parvient à exprimer, avec densité et une intensité contenue, les perceptions sensibles et émotions d’une traversée singulière de l’existence tout en touchant ceux et celles qui en lisent les mots. Les mots de Colette Gibelin recueillent « le cri de rage de l’instant jeté en défi dans le vent », ils exercent leur filtre/philtre au lieu-dit mouvant névralgique où s’ouvrent les brèches, où nous vertige la faille inscrite en puissance sur le versant de l’ombre, autre visage du versant ensoleillé.

J’écris, Jacques Morin, par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 29 Août 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

J’écris, Jacques Morin, éditions Rhubarbe, 2016, 141 pages, 12 €

 

J’écris ou « le journal d’un activiste de la poésie »… comme Christian Degoutte qualifie justement dans sa présentation ce rassemblement de textes signés par le poète et revuiste Jacques Morin… Cette parution visait à compléter une anthologie précédente dédiée à J. Morin : Une fleur noire à la boutonnière (Le Dé bleu/L’Idée bleue, 2007), en articulant les écrits poétiques et des chroniques ou réflexions sur le métier de poète et l’activité revuistique, ainsi qu’une nouvelle littéraire, Après tout,rédigés sur une période de 40 ans (1974-2014) par l’éditorialiste de Décharge. Ainsi le poète-revuiste surnommé Jacmo se retrouve saisi ici activement par ce qui forme les deux jambes de son écriture, consacrée à la réflexion et à la création.

La distance (ironie, regard narquois, critique au sens roboratif du terme) observée par celui qui porte la poésie en « steamer dans (s)es flancs », loin de toute vanité et dépité – du moins touché – par la précarité du radeau, nous la retrouvons dans ceJ’écris, avec la lucidité salutaire d’un mélancolique ou d’un nostalgique optimiste qui n’hésite pas à pratiquer l’autodérision.

Debout dans la mémoire, Danièle Corre, par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 23 Août 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Debout dans la mémoire, Danièle Corre, éditions Aspect, 2018, 68 pages, 15 €

 

Debout dans la mémoire se déroule comme un récit de vie. Depuis la station de l’auteur – en l’occurrence la poète Danièle Corre – qui retrace ici le cheminement d’une mère née en 1921 et détachée durant cinq années de celui qui deviendra le père de ses deux enfants pour cause de guerre, nous assistons à la reconstruction d’êtres séparés, retrouvés – des « humbles » (des parents « pionniersde l’humble modernité ») tendus vers leurs tâches fondatrices pour le bien-être d’une famille soudée aux aguets de la vie.

 

« La vie fourmille de bourgeons.

On tait les blessures,

On se hâte vers demain.

Tant de bébés vont naître,

babyboum, babyboum »

En son temps, Jean-Louis Rambour

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 06 Juillet 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, Poésie

En son temps, Editions L’Aventure Carto, mai 2018, photographies Yvon Kervinio, 31 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Jean-Louis Rambour

 

L’« Avertissement » nous renseigne sur la démarche : c’est le photographe ici (en l’occurrence Yvon Kervinio) qui a sollicité l’écrivain-poète (en l’occurrence Jean-Louis Rambour) pour écrire sur des paysages et des gens immortalisés à une époque, en un lieu, dans des clichés photographiques. Le résultat est ce superbe livre des éditions L’aventure carto (éditeur morbihannais de cartes, photopostales et livres) avec, en regard des prises de vue, des textes tenus à hauteur de l’humanité « des gens » qu’il célèbre. Jean-Louis Rambour le poète n’a eu connaissance, avant d’en écrire une histoire, ni du lieu ni de la date ni des circonstances des « images en reportage » focalisées par le breton Yvon Kervinio. Son imaginaire demeurait donc intact, libre de prendre le large vers le ciel de son choix.

Nous voyons, par les « yeux » du poète, des vies uniques fixées sur la photographie reprendre une vie singulière. Des gestes de situations communes, de la vie courante surgissent – un homme portant le landau d’un enfant pour descendre quelques marches, des joueurs de boules « mesur(ant) les distances en usant de (leur) ombre », un ancien enfournant le pain, un accordéoniste égayant guinguette une fête locale…