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Articles taggés avec: Compère-Demarcy Murielle

Cet enfant sans mot qui te commence (Dialogue), Claudine Bohi, Philippe Bouret (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 22 Octobre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Cet enfant sans mot qui te commence (Dialogue), Claudine Bohi, Philippe Bouret, éditions Mars-A, 2020, 62 pages, 15 €

 

Dialoguer sur la créativité engage le temps dans sa pleine extension et expansion : deux voix dialoguent autour de la genèse/gestation/signification du processus créatif en cours de réalisation dans le cheminement existentiel, se tenant au bord du temps par le regard continuellement porté vers l’enfance (le passé) et l’avenir (l’inachèvement et la postérité de l’œuvre). Dans ce « Dialogue » publié par les éditions Mars-A, Claudine Bohi et Philippe Bouret échangent à propos de l’art et de la posture qu’il induit et entraîne chez le créateur, et leur échange fertile permet la rencontre, sur le human so human’s land poétique du Langage, entre ses investigateurs œuvrant respectivement dans le champ de la psychanalyse et de la poésie. Une neige se soulève (pour reprendre l’image de Claudine Bohi lorsqu’elle évoque le corps-langage de l’enfant d’avant les mots) sur le sol de notre humanité née/modelée par le Langage qui la forme et l’élève, neige ébrouée par le forage éclaireur de la parole fouinant dans ses fors intérieurs ou manifestes pour que sourde l’eau vive des voix qui habitent l’écriture lorsque la singularité d’un sujet s’en remet au souffle poétique.

Parlando, Dominique Preschez (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 08 Octobre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Z4 éditions

Parlando, mai 2020, 139 pages, 12 € . Ecrivain(s): Dominique Preschez Edition: Z4 éditions

Quand écrire acte une renaissance à la parole (Parlando s’intitule ce numéro 10 de la Collection La diagonale de l’écrivain, dirigée par Philippe Thireau, aux éditions Z4 alias Daniel Ziv, là où Louis-René des Forêts titrait l’un de ses récits liés également au silence retenu du langage, Ostinato…), l’écrivain retranscrit son propre cheminement dans le miroir brisé d’un quotidien qui réajuste ses lignes mot à mot, au cœur d’un chant polyphonique plus proche d’un concerto que d’une symphonie.

« À force d’être toujours vivant », à la suite d’un AVC et d’une mort clinique intervenus en 1992 et 1993, Dominique Preschez nous livre, après la somme mémorielle Le Trille du diable parue chez Tinbad en 2018, un retour aux surfaces ondulatoires du monde extérieur et à ses siphons vertigineux, un retour tenté au pays des hommes, ces « autres » semblables

Retour ? sur le seuil, où accueillir l’étranger

&, ne rompre la chaîne vitale, à ne pas trahir

son prochain…

Sèves et chants d’herbes, Delphine Roux (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 24 Septembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Sèves et chants d’herbes, Delphine Roux, éd. La Chouette Imprévue, 2019, Ill. couverture, Hélène Héniquez, 68 pages, 14 €

Un bel objet déjà en soi que ce livre qui contient des poèmes de Delphine Roux, poète résidant dans les Hauts-de-France dont elle s’est imprégné des paysages naturels et fait des herbiers des chants entendus dans les prairies, dans les pommiers :

À la cime des syllabes

Tu chantes le vivant

Gazouillis gravité

Bel objet littéraire, écrin de poèmes bucoliques, fabriqué avec le matériau naturel qui lui sied, stylé grâce à une infographie en harmonie avec la sève des chants d’herbes de Delphine Roux qui circulent dans cet arbre poétique augmenté de ses couleurs vert tendre, verts saisonniers, rouge fleur sanguine, pastels des champs céréaliers et des ciels remarquables de Picardie.

Nuit marine, Alain Crozier (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 16 Septembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Nuit marine, Alain Crozier, Jacques André éditeur, coll. Poésie XXI, 2019, Préface de Jean-Paul Gavard-Perret, 82 pages, 12 €

 

Cette nuit marine de l’éditeur-poète Alain Crozier se lit comme une histoire d’amour, sur l’air du Tourbillon de la vie de Serge Rezvani interprété par Jeanne Moreau dans Jules et Jim de Truffaut. Toute une ambiance… Une histoire d’amour avec ses aléas, son début (partie I : « Histoires corporelles » / « Elle avait des bagues à chaque doigt… »), avec ses séparations, ses retrouvailles (partie II : « La main passe » / « Au son des banjos je l’ai reconnue… »), ses « Éclats » (partie III / « Quand on s’est retrouvé… »), sa fin (partie IV « Nuit noire » / « Puis on s’est séparé… »). Une ritournelle poétique où les mots tournent autour de l’amour, sans badinage ni sentimentalisme, entre grâce et dérision.

Le poète Alain Crozier fait glisser ses mots sur les vagues d’une nuit marine où l’ambiguïté file sous l’eau et fixe quelques escales au bord de la crique d’amour, « d’une nuit à l’autre », entre rêves et réel, là où les corps se réchauffent, transcendés par une « vision d’Éden » ; fait glisser ses mots sur le laps confus, la ligne de crête, où la confusion des sentiments amoureux (« Mélange de plusieurs sentiments, / Parfois opposés ») le rend marin amateur de ces hauts-fonds qui compliquent la navigation

L’absence intérieure, Thierry Pérémarti (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 09 Septembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Gros Textes

L’absence intérieure, Thierry Pérémarti, 122 pages, 8 € Edition: Gros Textes

 

146 courts poèmes tricotent les pelotes du temps dans ce corpus de Thierry Pérémarti, L’absence intérieure, dont il nous est précisé à l’entrée du livre que « les huit premiers poèmes (…) furent initialement publiés dans la revue Décharge (n°170, juin 2016) », que le poème d’ouverture le fut « également dans la revue Ecrit(s) du Nord des Editions Henry (n°31-32, octobre 2017) et sur le blog du poézine Traction-Brabant (novembre 2017) ». Entre juillet 2015 et juin 2016, ces incises impressionnistes du quotidien se sont écrites, au fil du temps chaotique ou étale modulé selon les inconstances des états intérieurs creusés, parfois, jusqu’à attaquer l’absence. Comme nos navigations nous jettent parfois dans les errances du doute et nous voient à notre insu attaquer la falaise, ici ce qui était au départ « quiétude » attaque « l’absence intérieure » au courant de « l’entassement / des heures en marge », d’une « lumineuse pénombre », dans le « silence pesant » de « l’attente » tendue vers « le foudroiement des certitudes ». Quelque chose s’est rompu de l’éternité augurale de l’amour, « rosée première », qui laisse advenir l’ombre autour du « Je nous » initial