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Articles taggés avec: Compère-Demarcy Murielle

Jeu, sets et malt, Christophe Roque & Jules Vipaldo (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 14 Février 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Jeu, sets et malt, Christophe Roque & Jules Vipaldo, éditions Contre-Pied, Coll. Le Parasol Pleureur, janvier 2023, 56 pages, 10 €

 

Jeu, sets et malt est une création d’AUTRES ET PAREILS qui a donné lieu à une exposition et une performance le 17 janvier 2023 à la Maison des Jeunes et de la Culture de Martigues. Co-édité par les Éditions Contre-Pied et la Librairie l’Alinéa, avec le comédien Christophe Roque aux photographies et l’auteur Jules Vipaldo aux textes, cette création de toute élégance esthétique avec son papier glacé figure une publication idéale pour ce qu’elle célèbre : « la terrasse de café » où nous entrevoyons avec évidence qu’elle y trouvera parfaitement sa place nomade comme dans un hall de gare, une salle d’attente, … tout lieu de passage où la lecture deviendra un plaisir de dégustation, chaque lecteur en buvant les images et les mots suivant son envie et comme en toute dilettante. Le concept est réussi : qui ne serait pas tenté de feuilleter cette création, attractive en tant qu’objet et gustative par l’arôme des mots qui s’en échappe comme la saveur d’un café sur le bord d’être mise en bouche ?

Horizons, Pierre Barachant (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 02 Février 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Editions Douro

Horizons, Pierre Barachant, éditions Douro, Coll. La Bleu-Turquin, novembre 2022, 150 pages, 19 €

 

L’horizon est ce qui s’imagine, depuis le cadre. Si le cadre comble l’imaginaire de la forme, il en fait se déployer en substance une poétique inspirante inépuisable. Baudelaire l’aura rappelé avec le cadre infini… Si la limite multiplie l’énergie en la canalisant, regarder l’horizon peut ainsi multiplier les points de vue sur le monde. Et cet horizon ne gagne-t-il pas encore en profondeur par la multiplicité des regards qui s’y portent ?

Dans Horizons de Pierre Barachant, paru en novembre 2022 aux éditions Douro dans la Collection La Bleu-Turquin dirigée par Jacques Cauda, regarder l’infini se déploie sur l’axe de trois points de vue articulés autour du mystère d’une existence partagée. Jonas, Julienne et Ania, frère et sœurs, répondent à la question narrative « Qui parle ? » en proposant leur interprétation personnelle autour d’une vie familiale pour le moins trouée d’énigmes. Pourquoi leur mère s’absentait-elle si souvent du domicile au temps de leur enfance ? Pourquoi leur père ne leur a-t-il jamais expliqué les raisons de cette absence en pointillés ?

Tuer des roses, Claire Boitel (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 05 Janvier 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Editions Douro

Tuer des roses, Claire BOITEL, Éditions Douro, Collection La Bleu-Turquin ; 2022 [168 p.] - 17€

Le tour de force de ce roman de Claire Boitel est peut-être de parvenir à rendre vraisemblable une histoire improbable : la rencontre atypique de deux serial killers. Aussi, le titre qui ne manque pas de trempe : tuer des roses, interpelle. La brièveté des chapitres comme la concision de la narration coupent l’intrigue dans la chair (le cut linguistique !), active et réactive l’attention toujours sur le fil, le bord du suspens, borderline…  Les correspondances identitaires (Grégoire l’écrivant écrivain manqué qui s’auto-adore, face à « lui », le serial killer que Grégoire adore par identification perverse et narcissique), les correspondances statuaires (écrire comme on tue, word / work of death in progress : « Je marche dans les rues, à la recherche de mon premier meurtre. Je suis calme. C’est la page blanche. Encore vierge. Je me sens léger. Prêt à l’action ») et la mise en abyme du récit (« A-t-on le droit d’écrire en prison ? ») troublent les lignes... Quant aux échos à une actualité oppressante, ils font mouche et frappent où nos existences restent sensibles (« La vibration (du téléphone portable) que je ressens dans mon pantalon quand il est l’heure me rappelle toujours la chaise électrique des condamnés à mort »).

Anatomie d’une larme, Debora Stein (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 06 Décembre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Anatomie d’une larme, Debora Stein, éditions Douro, octobre 2022, 114 pages, 18 €

De la liquidité amniotique aux liquidités telluriques et respiratoires, les mots de l’artiste peintre Debora Stein, diplômée des Beaux-Arts de Florence, émergent du ventre de la page par la bouche, l’œil, l’oreille du Langage malaxant le monde cosmique dans lequel nous naviguons, immergés, connectés que nous sommes à chaque instant par toutes les ouvertures du souffle et de notre étonnement. Parcours initiatique intime, avec « les yeux grand ouverts » (E. Zalts, à plusieurs reprises en exergue) ou rêveurs, ce récit nous propulse en autant d’états possibles de nos émotions, de nos métamorphoses (bactérie, poisson, crabe), de nos espoirs… Anatomie d’une larme nous rappelle, depuis notre poche onirique ou depuis notre inquiétude ou mélancolie, le chant polyphonique et poétique de nos origines, étirant au fil d’un temps psychologique élastique (« tempus ») et de sa trame narrative, notre conscience ombilicale toujours vivante après le déchirement originel, jusqu’à la relier à l’énergie des cellules souches, vivaces, vivantes, « lieu de tous les possibles où se dissolvent l’espace et le temps » ainsi que le note l’artiste Anna-Maria Celli en quatrième de couverture. Des voix invisibles nous murmurent ici les vibrations en mots de nos absents, tissant ad aeternam les liens indéfectibles qui nous relient à eux :

À la folie, Patricia Ryckewaert (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 17 Novembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Tarmac Editions

À la folie, Patricia Ryckewaert, éditions Tarmac, juin 2022, 105 pages, 15 € Edition: Tarmac Editions

 

Les mots chez Patricia Ryckewaert battent les flancs d’une louve et si le poème sort du terrier de son territoire, c’est pour griffer, hurler, écorcher les codes de ce qui ne pourrait se dire sans vociférer. La poésie de Patricia Ryckewaert crie tout en dedans et si le poème affleure, si « le poème nous effleure / autant qu’il nous griffe », s’il « roule et coule en nous comme une eau fraîche » – le cri du combat qu’il charrie (à fleur de terre ruisselante ou souterrain, en résurgence) ne saurait se tarir dans les eaux rouges et vives où vers l’estuaire, le fleuve d’écrire et de crier la vie se jette jusqu’à plus loin que n’importe quelle rive. Nous touchons, avec À la folie, l’Écrire comme expérience de l’extrême, nous entrons dans l’expérience littéraire des limites, et la voix féminine qui nous parle est celle d’une louve.

 

On pourra bien me faire porter une robe rouge

me perdre dans les bois