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Articles taggés avec: Compère-Demarcy Murielle

Horizons, Pierre Barachant (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 02 Février 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Editions Douro

Horizons, Pierre Barachant, éditions Douro, Coll. La Bleu-Turquin, novembre 2022, 150 pages, 19 €

 

L’horizon est ce qui s’imagine, depuis le cadre. Si le cadre comble l’imaginaire de la forme, il en fait se déployer en substance une poétique inspirante inépuisable. Baudelaire l’aura rappelé avec le cadre infini… Si la limite multiplie l’énergie en la canalisant, regarder l’horizon peut ainsi multiplier les points de vue sur le monde. Et cet horizon ne gagne-t-il pas encore en profondeur par la multiplicité des regards qui s’y portent ?

Dans Horizons de Pierre Barachant, paru en novembre 2022 aux éditions Douro dans la Collection La Bleu-Turquin dirigée par Jacques Cauda, regarder l’infini se déploie sur l’axe de trois points de vue articulés autour du mystère d’une existence partagée. Jonas, Julienne et Ania, frère et sœurs, répondent à la question narrative « Qui parle ? » en proposant leur interprétation personnelle autour d’une vie familiale pour le moins trouée d’énigmes. Pourquoi leur mère s’absentait-elle si souvent du domicile au temps de leur enfance ? Pourquoi leur père ne leur a-t-il jamais expliqué les raisons de cette absence en pointillés ?

Tuer des roses, Claire Boitel (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 05 Janvier 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Editions Douro

Tuer des roses, Claire BOITEL, Éditions Douro, Collection La Bleu-Turquin ; 2022 [168 p.] - 17€

Le tour de force de ce roman de Claire Boitel est peut-être de parvenir à rendre vraisemblable une histoire improbable : la rencontre atypique de deux serial killers. Aussi, le titre qui ne manque pas de trempe : tuer des roses, interpelle. La brièveté des chapitres comme la concision de la narration coupent l’intrigue dans la chair (le cut linguistique !), active et réactive l’attention toujours sur le fil, le bord du suspens, borderline…  Les correspondances identitaires (Grégoire l’écrivant écrivain manqué qui s’auto-adore, face à « lui », le serial killer que Grégoire adore par identification perverse et narcissique), les correspondances statuaires (écrire comme on tue, word / work of death in progress : « Je marche dans les rues, à la recherche de mon premier meurtre. Je suis calme. C’est la page blanche. Encore vierge. Je me sens léger. Prêt à l’action ») et la mise en abyme du récit (« A-t-on le droit d’écrire en prison ? ») troublent les lignes... Quant aux échos à une actualité oppressante, ils font mouche et frappent où nos existences restent sensibles (« La vibration (du téléphone portable) que je ressens dans mon pantalon quand il est l’heure me rappelle toujours la chaise électrique des condamnés à mort »).

Anatomie d’une larme, Debora Stein (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 06 Décembre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Anatomie d’une larme, Debora Stein, éditions Douro, octobre 2022, 114 pages, 18 €

De la liquidité amniotique aux liquidités telluriques et respiratoires, les mots de l’artiste peintre Debora Stein, diplômée des Beaux-Arts de Florence, émergent du ventre de la page par la bouche, l’œil, l’oreille du Langage malaxant le monde cosmique dans lequel nous naviguons, immergés, connectés que nous sommes à chaque instant par toutes les ouvertures du souffle et de notre étonnement. Parcours initiatique intime, avec « les yeux grand ouverts » (E. Zalts, à plusieurs reprises en exergue) ou rêveurs, ce récit nous propulse en autant d’états possibles de nos émotions, de nos métamorphoses (bactérie, poisson, crabe), de nos espoirs… Anatomie d’une larme nous rappelle, depuis notre poche onirique ou depuis notre inquiétude ou mélancolie, le chant polyphonique et poétique de nos origines, étirant au fil d’un temps psychologique élastique (« tempus ») et de sa trame narrative, notre conscience ombilicale toujours vivante après le déchirement originel, jusqu’à la relier à l’énergie des cellules souches, vivaces, vivantes, « lieu de tous les possibles où se dissolvent l’espace et le temps » ainsi que le note l’artiste Anna-Maria Celli en quatrième de couverture. Des voix invisibles nous murmurent ici les vibrations en mots de nos absents, tissant ad aeternam les liens indéfectibles qui nous relient à eux :

À la folie, Patricia Ryckewaert (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 17 Novembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Tarmac Editions

À la folie, Patricia Ryckewaert, éditions Tarmac, juin 2022, 105 pages, 15 € Edition: Tarmac Editions

 

Les mots chez Patricia Ryckewaert battent les flancs d’une louve et si le poème sort du terrier de son territoire, c’est pour griffer, hurler, écorcher les codes de ce qui ne pourrait se dire sans vociférer. La poésie de Patricia Ryckewaert crie tout en dedans et si le poème affleure, si « le poème nous effleure / autant qu’il nous griffe », s’il « roule et coule en nous comme une eau fraîche » – le cri du combat qu’il charrie (à fleur de terre ruisselante ou souterrain, en résurgence) ne saurait se tarir dans les eaux rouges et vives où vers l’estuaire, le fleuve d’écrire et de crier la vie se jette jusqu’à plus loin que n’importe quelle rive. Nous touchons, avec À la folie, l’Écrire comme expérience de l’extrême, nous entrons dans l’expérience littéraire des limites, et la voix féminine qui nous parle est celle d’une louve.

 

On pourra bien me faire porter une robe rouge

me perdre dans les bois

Meurtres en modulation de fréquence, Albert De Morais (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 15 Septembre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Meurtres en modulation de fréquence, éditions Douro, septembre 2021, 336 pages, 21,50 €

Le roman policier d’Albert De Morais (dont nous révèlerons l’identité à la fin de la présente note) constitue une véritable réussite gastronomique par la composition savoureuse et pittoresque de ses ingrédients, sa fluidité narrative rehaussée d’un suspense et agrémentée de surprises appétissantes que l’auteur nous sert avec brio.

Nous suivons ici le parcours du narrateur Alban Guégan (connaissance mi-réelle mi fictive de l’auteur qui, d’ailleurs, apparaît lui-même dans cette histoire aux pages 103-109), trentenaire arrivé à Paris à l’âge de dix-huit ans, gérant de trois restaurants dans la Capitale après avoir exercé divers métiers, passionné de mener une vie intense et à cent à l’heure au contact de ses rencontres professionnelles et amoureuses. Confronté malgré lui au meurtre d’un représentant de l’Église déclenchant l’intervention de la DGSE (service de l’État placé sous l’autorité du pouvoir exécutif), Guégan nous entraîne au fil des péripéties et de sa vie aventureuse dans la réalité innovante et fébrile des années 1980 avec, en poche, une possible nouvelle carte à jouer pour se lancer une fois de plus dans une reconversion professionnelle via la création d’une radio libre dédiée à la Bretagne, aux Bretons qui en sont originaires et amoureux.