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Articles taggés avec: Compère-Demarcy Murielle

Combinaisons, Denis Ferdinande (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 26 Septembre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Combinaisons, Denis Ferdinande, Éditions Atelier de l’Agneau, Coll. Architextes, mai 2023, 198 pages, 23 €

Et si nous allions, de la périphérie de l’écriture vers son centre ? À savoir : partant des objets qui l’exécutent à même la table d’écriture, puis, « – dérivant –, l’écriture prenant graduellement le pas », enfin, comme une apparition dans la matière noire de l’imagination ouverte de la fiction, nous acheminant vers la pièce centrale : la pièce de théâtre. Par sauts chronologiques et/ou d’association, sauts d’obstacles sémantiques, réflexions, séquences de lectures ou d’écoute de pièces musicales, observation de photographies, écarts poétiques et alinéas sans cesse reconduits sous une forme fragmentaire mise en scène en fonction d’une totalité textuelle, ou encore sentences oniriques crayonnées à même le feuillet de la mémoire à l’occasion d’un sursaut d’éveil – en aval d’« un blanc des effacements successifs qui introduisent le fragment » – l’auteur et à sa suite le lecteur traversent l’écriture attablée ici à l’impuissance de sa possibilité même et cependant incessamment mue par le désir de réitérer sa propre nuit, jusqu’à… « sa pointe d’où voir tout se déployer », même l’éclat de son savoir dans la désertion « antésophique » de son acquisition (« remets-toi à ignorer ce que tu sais, pour savoir comment tu le savais et savoir ton savoir), (Paul Valéry, cité in situ). Telle est la nouvelle expérience littéraire expérimentale à laquelle nous convient Les Combinaisons de Denis Ferdinande…

La nuit est toi, Claire Boitel (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 21 Septembre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

La nuit est toi, Claire Boitel, Éditions Fables fertiles, avril 2022, 96 pages, 15 €

 

Une narratrice hantée par un récit commun aux multiples diffractions… Mise en abyme de l’acte scriptural littéraire plongeant jusqu’à l’abysse de « la mer écrite » (Marguerite Duras) et dédoublement presque dostoïevskien ou nervalien transportant (transe portant) le lecteur « dans les méandres envoûtants de mystérieuses variations organiques, quasi intuitives », défiant la stabilité du sol. Déviances ou déséquilibres fulgurants voire effondrements de nos centres de gravité qui, nous jetant hors, se dérobent parfois ou font que nous sentons à notre insu le sol se dérober sous nos pas marchant à vue, à l’aveugle ou pris de vitesse, sous nos avancées chaotiques…

La nuit est toi de Claire Boitel est de ces récits aux versants sombres et visionnaires, sans être tout à fait obscurs, à la frange du réel et des zones fantastiques où l’être à tâtons avance, trébuche, VOIT son jumeau inversé dans le miroir, bouscule les repères, près de basculer dans le vide abyssal tentaculaire d’un monde peuplé. La nuit est toi retentit d’une lumière qui perce l’abcès de nos noirs silences serrés entre nos mâchoires d’angoisse, là où les loups les louves de la nuit lunaire ont des dents étincelantes au bord de la bouche rouge incendiée par le craquement des mots

Supplique pour la fin des nuits sans lune, Laurence Fritsch (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 12 Septembre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Supplique pour la fin des nuits sans lune, Laurence Fritsch, Pierre Turcotte Éditeur, Coll. Magma Poésie, mai 2023, 78 pages, 9,99 €

Par « une sorte de loi de la gravité paradoxale » ainsi que la définit le poète argentin Roberto Juarroz qui en fait le parangon de son œuvre, l’existence des hommes incline inévitablement vers la chute et, symétriquement, ressent un élan qui la tire vers le haut. C’est ainsi que l’homme peut abîmer le précieux qui l’entoure, sans mesurer les conséquences de sa négligence ou ignorance ; et se ressaisir. La lune n’y échappe pas, ici victime d’effets néfastes, satellite de la Terre éloigné de nos attentions pour cause d’intempéries, de pollution lumineuse, par convoitise économique aussi ; là – en l’occurrence par la grâce de ce recueil – objet de nos soins.

Ce premier recueil de Laurence Fritsch, intitulé Supplique pour la fin des nuits sans lune, vise en effet à nous alerter par ses poèmes instantanés du danger encouru à laisser s’établir l’éloignement de la lune. Ces poèmes, certains chargés de mystère d’autres plus intimistes et porteurs souvent de plusieurs clés de lecture, tentent par leur trait fulgurant ou leur charge suggestive d’exaucer ce que l’auteur de Poésie Verticale, cité en exergue du recueil, évoque dans sa Treizième poésie verticale : « (…) interrompre tout ce qui s’écroule : / la lumière, l’eau, l’amour / la pensée, la nuit ».

La Condition solitaire, Olivier Larizza (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 05 Septembre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

La Condition solitaire, Olivier Larizza, éditions Andersen, mars 2023, 120 pages, 9,90 €

Publiée par les éditions Andersen dans la Collection Poesia, La Condition solitaire nous offre un nouveau rendez-vous avec l’écrivain et universitaire Olivier Larizza (poète, romancier, nouvelliste, essayiste, conteur et dramaturge, enseignant-chercheur à la faculté de Strasbourg, des Antilles puis de Toulon). Rendez-vous d’autant plus rayonnant qu’il était inattendu, puisque le poète de La Mutation, précédemment publiée chez le même éditeur dans la Collection Confidences (2021), nous avait annoncé que « la poésie c’était en quelque sorte fini pour (lui) : (qu’il avait) arrêté avec cette drogue douce ». Il nous expliquait alors que sa situation autobiographique avait amoindri avec le temps la source de son inspiration poétique, le poète étant parvenu à une période de sa vie (comme il la transpose via ses poèmes dans le cycle « La vie paradoxale » amorcé en 2016 avec L’Exil suivi de L’Entre-deux en 2017 puis de La Mutation en 2021).

À l’écoute du poème, La voix dans la voix, Revue L’Oreille voit, n°1, Éditions du Cygne (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 21 Juin 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Poésie, Revues

À l’écoute du poème, La voix dans la voix, Revue L’Oreille voit, n°1, Éditions du Cygne, mai 2022, 70 pages, 12 €

L’Oreille voit n°1 publie Mathias Pérez, Serge Martin-Ritman, Laurent Mourey, Armand Dupuy, Cédric Le Penven, Yann Miralles, Frédéric Cosnier, Alexandra Anosova-Shahrezaie, Arnaud Le Vac.

Poème organique, Poésie torcheculative à la moelle gargantuesque, Écriture sensitive… Chant polyphonique énoncé par un sujet qui ne se saisit qu’au contact du Je avec l’Autre… Dire poétique qui prend corps et langage par la voix et résonne de bouche à Oreille par l’Oralité qui l’accouche, l’expulse du silence de sa nuit vers la lumière qui le façonne et le module à la mesure du monde qui l’accueille… Qui contesterait que la Voix poétique : Je-Poème-Proue de mille vaisseaux battant pavillon sur le sable échevelé et dans le sang lourd du monde, vertigineusement nous embarque dans une synesthésie sensorielle et spirituelle qui ouvre, à l’infinitième inconnue, la perspective de nos perceptions et fonde les poèmes-relation de nos vies par le passage qu’elle opère dans la langue de nos existences ?