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Orphée du fleuve, Luc Vidal (3)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 09 Juin 2016. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

Dans le récit orphique de la quête amoureuse figurée par la poésie de Luc Vidal, les éléments naturels investissent le quotidien, toile de fond des rencontres, de l’existence – « le monde soleil joie du monde », la pluie ensemençant le rire des enfants, « un étrange poisson (parfois frais comme une jeune fille surgie de la dernière pluie) venu la nuit » sur « la ligne du cœur » et venant « boire l’oxygène de nos jours », quelques prénoms, des oiseaux du chagrin ou de l’insomnie sortant de la forêt des signes, « agrandissant le souffle des poumons », les chevaux innocents, le bleu des abeilles dans les ruches miel à l’horizon du regard amoureux…

3) Une poésie au cœur du monde. Correspondances baudelairiennes

« Ouvrir la porte aux amis des rencontres » : la poésie de Luc Vidal s’écrit sur le seuil des rencontres, rencontre amoureuse ou rencontre amicale, toujours prêtes de renaître, pérennes et fidèlement indemnes des basses tensions, coups bas, flux tendus, mesquineries piètres des trahisons humaines. Luc Vidal n’en parla pas, Orphée préférant en être revenu pour n’en pas revenir encore et toujours « de l’heure amoureuse là dans ton sourire » (Cent mille façons de tes étreintes).

Entre les lignes, Michel Baglin

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Samedi, 04 Juin 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Voyages, Rhubarbe

Entre les lignes, rééd. Le bruit des autres, 2015 Préface de Didier Pobel, 114 pages, 10 € . Ecrivain(s): Michel Baglin Edition: Rhubarbe

 

Publié pour la première fois par les éditions de La Table Ronde en 2002, réédité par Le bruit des autres (avec la complicité de SNCF Limousin) au printemps 2015, Entre les lignes défile un « Pays des trains », dont la réception fut pour le moins honorée de commentaires élogieux : Patrick Besson dans Le Figaro, Jérôme Garcin dans Le Nouvel Observateur, Olivier Barrot pour Télé 7 jours, Christian Laborde pour Le Figaro Magazine, Christophe Henning dans La Voix du Nord, Pierre Perrin pour L’Autre Sud.

Nous avons choisi de nous appuyer sur ces différents commentaires, complémentaires, pour alimenter et illustrer cette Note de lecture.

« Entre les lignes procure ce petit enchantement printanier qui consiste à découvrir encore, après trente-cinq ans de lectures, un écrivain qu’on ne connaissait pas et qu’on aimera toute la vie », écrivait le romancier Patrick Besson dans Le Figaro.

« (…) découvrir encore, après trente-cinq ans de lectures, un écrivain qu’on ne connaissait pas (…) »

Orphée du fleuve, Luc Vidal (2) - Le poème, parole de la ferveur d’aimer

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 02 Juin 2016. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

Le temps d’aimer a marqué les traits du visage d’Orphée. Luc Vidal écrit : « Orphée allait rejoindre les chiens du vent au bout des quais et à la prochaine halte, les quatre points cardinaux de la joie brilleront dans les bras de l’amour » (Orphée du Fleuve, éd. du Petit Véhicule, 1999). La traversée du fleuve vers la possibilité du bonheur – du Vivre, de l’Écrire – fait son partage des eaux sombres et des eaux claires, mais le large, toujours le Large, se met en route quoi qu’il arrive dans la navigation de « nous » prenant le cap – même déboussolés – vers le cœur du monde. Et l’inventaire des « paysages fabuleux », même lesté par « de longs mois d’absence au cœur du monde », par « les songes du diable de la dernière marée », par « les nuits sans amour les arbres arrachés », par « les tourmentes des mauvais rêves » – l’inventaire des paysages fabuleux reste au milieu de la tempête debout, lui-même en son pesant d’or mélangé, au final fabuleux.

L’inventaire de la vie que dressent les poèmes de Luc Vidal sur la table du bonheur et de la convivialité de la rencontre, rassemble les pièces éparses d’un puzzle composé de fragments de mémoire et de bouts d’espoir, construisant un présent riche de présences, créatif et fédérateur. La mémoire vertige de l’Autre passe par « le vertige de vivre (qui) passe par toi ». L’onde de marée vibre dans le Poème de l’Orphée du Fleuve, quand la mer prend tous ses affluents fertilisés depuis la source, jusqu’à l’estuaire du vertige où les lèvres de l’amour, « douce déchirure », ouvrent l’espace du désir.

Orphée du fleuve, Luc Vidal - 1 - Une traversée vers la possibilité du bonheur

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 26 Mai 2016. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

Orphée du fleuve, Luc Vidal, éditions du Petit Véhicule, 1999, 197 pages, 18 €

Chez le poète-éditeur Luc Vidal, l’histoire d’Orphée se décline au futur. Cet Orphée au bord du temps pour ses retrouvailles dans la joie de vivre, prêt toujours, hier, demain matin, d’aller « rejoindre les chiens du vent au bout des quais et à la prochaine halte, les quatre points cardinaux de la joie, (qui) brilleront dans les bras de l’amour ».

Parce que la poésie de Luc Vidal est embouchure. Le cours fluvial courant ouvrir ses bras à la mer vers l’Ile des rencontres et de l’amour. « Le temps a donné à Orphée la parole comme à la main la caresse ».

Parce que la poésie de Luc Vidal est, à l’instar du poète lui-même, dans l’espace de l’Autre, de la Rencontre, amoureuse ou amicale : « je suis comme l’espace de ta rencontre / dans ce fleuve bleu de toi le fleuve dieu des couleurs / comme une lumière levée dans tes regards (…) » (Le Fleuve et L’Ile).

« Écrire pour Luc Vidal, précise Christian Bulting dans sa Préface à l’Orphée du Fleuve intitulée « La ligne de cœur », c’est chanter la rencontre (…) Alors que tant de poètes contemplent dans le poème leur image idéalisée, lui dit l’autre, le désir de l’autre, l’amitié de l’autre ».

Lisianthus Fragments, Sylvie Marot

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 17 Mai 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Lisianthus Fragments, éd. La Crypte, coll. Les Voix de la Crypte, 2015, 70 pages, 12 € . Ecrivain(s): Sylvie Marot

 

Une poésie aux touches d’estampe et d’une tonalité nippone déploie ses hybridations au pays de ce Lisianthus, aux ramifications variées et d’auxiliaires tels des oiseaux, abeilles et papillons.

Le récit d’une perte – celui de l’être cher encore aimé, parti explorer d’autres rives, d’autres lèvres ? – court au long de cette écriture fragmentaire émaillée sur le fil d’appels tout en poésie, comme pour recharger le courant des sentiments, réamorcer l’ouverture des écluses pour le partage à retrouver d’un amour déserté par l’être aimé. Car, « Perdre cet amour, c’est ne plus avoir de lieu où aller. C’est se perdre en route. Les lendemains s’évanouissent. Les promesses expirent. Les enchantements s’éteignent ». Alors, pour parer au vide du canal, à « l’eau stagnante noire », la poésie gicle par bribes d’une reconquête que la narratrice sait d’avance perdue peut-être, mais la poésie gicle par jets intermittents, analogues à ces fleurs coupées dont les bouquets donnent au cœur et au creux d’instants éphémères parfumés, un lieu d’éternité et de liberté, pour ne pas sortir et ne pas s’enfermer dans « l’aporie » de soi-même.