Il y avait eu cette Fille de la pluie, que la CL avait beaucoup aimée, déjà grandement marquée du sceau de l’originalité, et voilà ce D’ombres et de flammes. Pierric Guittaut n’écrit visiblement pas les polars de tout le monde ; fussent les impeccables productions de la Série noire Gallimard. Cet homme écrit de forts beaux et prenants romans, à part entière et constamment à part ; il se trouve qu’en plus, ce sont des polars.
L’homme vit en Berry, versant solognot ; pays des « jeteux de sorts ». Solitudes forestières, landes, bruyères, eau d’étangs improbables, et brume jusqu’à pas d’heures. Légendes et nature hautement inquiétantes, imbriquées forcément ; bêtes – peut-être, esprits – sans doute ; sorciers – toujours…
Le titre – sonorités d’un bon vieux western, ce qu’est aussi ce livre – aurait pu être un simple « part d’ombre », résumant le héros, major de gendarmerie, Remangeon, qu’une mutation quasi disciplinaire (et déjà maléfique) rabat pile dans son village natal de Sologne : « Treize années depuis sa dernière visite ; treize, comme pour confirmer le sort mauvais qui s’acharne sur moi… »