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Polars

Ciao connard, Florian Eglin

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 20 Avril 2016. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La Grande Ourse

Ciao connard, mars 2016, 139 pages, 15 € . Ecrivain(s): Florian Eglin Edition: La Grande Ourse

 

Le titre du livre ne dit pas tout, loin s’en faut, il n’est en fait qu’une des réparties de l’un des deux protagonistes. C’est un huis clos, mais un huis clos bien singulier, puisqu’il réunit un bourreau et son supplicié. Et ce tête-à-tête a lieu dans une bibliothèque qui est celle du supplicié. « Connard » est le mot qu’emploie le supplicié pour désigner, à plusieurs reprises, son bourreau.

Le début du récit se situe au moment où le narrateur nous apprend que son ventre, sa « cavité abdominale », est ouvert et partiellement délesté d’une grande partie de son contenu, ses intestins, qu’il décrit par le menu. L’absurdité de la situation est accrue par la capacité du narrateur à décrire ses intestins, posés sur une table à côté de lui, puis d’autres organes qui seront tranquillement prélevés au fur et à mesure de l’évolution de ce qui apparaît comme une expérience. Le bourreau suit en fait les indications que précise un livre, celui d’un auteur qui a lui aussi commis ce type d’expérience. Le foie sera particulièrement apprécié, puisque qu’il sera préparé pour être dégusté…

Rouge écarlate, Jacques Bablon

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 11 Avril 2016. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Jigal

Rouge écarlate, février 2016, 192 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Jacques Bablon Edition: Jigal

 

« Joseph Salkov est moins vif qu’avant, mais il bande encore dru. Au réveil. Mais c’est surtout le soir qu’on baise. Pas comme son envie de tuer qui se pointe sans prévenir. Cette nuit, il a flingué Elvis. Du sang sur les mains. En rêve. Le King est mort. En vrai, il ferait bien la peau à qui ? »

Point de départ du roman. Ce phrasé haché, syncopé, elliptique, accompagnera le lecteur par séquences jusqu’au point final du roman. Un soupçon de parfum de James Ellroy, côté style, du Bablon pur jus, côté histoire.

Joseph tuerait bien le type d’en face, Marcus, qui a écrasé avec sa voiture son jeune chien, puis la femme de celui-ci, Rosy, qui a la malencontreuse idée d’être sa maîtresse et de ne plus le faire bander, à moins qu’il ne s’attaque à leur gamin, Angelo, qui perd toujours son ballon de football dans son jardin. Salma, fille de Joseph, court après quoi le long de routes où l’on fait pousser des fraises et que vient faire La Callas dans sa vie, surtout une nuit où l’on tente de la violer ? Et si tout ceci n’était qu’une grande histoire de famille de frappadingues, de sentiments étouffés par trop de déveines, de peurs de vivre et de peurs d’aimer ?

À l’ombre des patriarches, Pierre Pouchairet

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Vendredi, 08 Avril 2016. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Jigal

À l’ombre des patriarches, février 2016, 292 pages, 19 € . Ecrivain(s): Pierre Pouchairet Edition: Jigal

 

Retour en janvier 2016 à Jérusalem et en Cisjordanie pour le dernier roman de Pierre Pouchairet. Retour également de Guy et Dany, les deux inspecteurs de la police judiciaire israélienne aux origines pied-noir, et de Maïssa, la jeune flic franco-palestinienne, trois des principaux héros d’Une terre pas si sainte, qui vont devoir collaborer à l’occasion de deux enquêtes. Deux affaires qui démarrent de manière indépendante et vont finir par s’imbriquer. Pourtant le prologue se situe en Afghanistan à Kaboul en 2012, lors de l’attaque par des terroristes d’un hôtel fréquenté par des Occidentaux. Rien à voir ? C’est mal connaître le talent de Pierre Pouchairet.

Ceux et celles qui ont déjà lu les romans policiers de l’auteur savent qu’il bâtit ses fictions à partir de sa propre expérience professionnelle au Moyen-Orient. Ici, chaque page de ce nouvel opus est une descente aux Enfers et apporte un éclairage saisissant sur les « ir-relations » entre israéliens et palestiniens.

Vodka, pirojki et caviar, Monica Kristensen

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 22 Mars 2016. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Babel (Actes Sud)

Vodka, pirojki et caviar, Actes Sud Babel noir, janvier 2016, trad. norvégien Loup-Maëlle Besançon, 390 pages, 8,90 € . Ecrivain(s): Monica Kristensen Edition: Babel (Actes Sud)

 

 

C’est le troisième roman de Monica Kristensen publié par Gaïa, puis par Babel noir. Celui-ci comme les autres se déroule dans le Svalbard. Rappelons, parce que c’est un élément essentiel de ce livre, que ce dernier est un archipel situé à la limite de l’océan Arctique et de l’océan Atlantique. Il s’agit d’un territoire norvégien autonome et démilitarisé dont le statut de neutralité permet à n’importe quel pays d’exploiter librement les ressources locales. C’est ainsi que sur l’île de Spitzberg, la seule habitable, dans la ville nommée Barentsburg, existe une petite enclave russe où l’on exploite une mine de charbon.

Une proie trop facile, Yishaï Sarid

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 20 Février 2016. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman, Actes Noirs (Actes Sud)

Une proie trop facile, novembre 2015, trad. hébreu Laurence Sendrowicz, 341 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Yishaï Sarid Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

Qui a beaucoup aimé Le poète de Gaza – si beau livre du même auteur – risque de se précipiter sur cet autre roman que présente Actes Sud en Actes noirs. Sujet différent, quoique… le même Moyen-Orient, secoué, malade, ou peut-être simplement grandissant dans la douleur, ouvrant à tous vents sur la table d’examen ses boyaux – c’est le mot, ses spasmes, quelques satisfactions diverses tricotées en petite joie pour la route à venir. Tout ça sans éclats tonitruants, comme sous verre : le jour après jour, au gré de quelques éclairs de moments historiques, par-ci, par-là ; l’actu de tout un chacun sur ces terres qu’on a dites, un jour, « promises » et que l’humour de l’auteur traduirait illico par un « on a vu, on verra ».

Dans ce livre, là, c’est sur le trottoir israélien qu’on marche, de Tel Aviv à la haute Galilée, un pas même au Liban en guerre. Et cette plongée, on ne la trouve pas partout dans la littérature israélienne d’aujourd’hui. Car ce voyage est mieux que passionnant, prenant ; on lit d’une traite.