Monologue, carnet intime, journal de « débords », Trait bleu dépeint, tous freins lâchés, les péripéties de la vie cabossée d’un gars, qui, comme le chantait le regretté Pierre Vassiliu, n’avait pas de papa, n’avait pas de maman. Mais le gars en question ne s’appelle pas Armand, d’ailleurs dans son journal intime il ne se nomme pas, il se raconte. Il vit quelque part… sans doute aux Etats-Unis, mais à quoi bon préciser les lieux ? Le narrateur n’en éprouve pas le besoin… du coup, nous non plus. Quand ? Ce n’est pas l’achat d’une Toyota Cressida d’occasion qui permettra au lecteur de situer avec précision l’histoire dans le temps. Seule solution : sauter à pieds joints dans l’univers du mal barré de l’existence et partager avec lui dans une complicité voyeuse son incroyable destinée. Et là, promis, vous ne serez pas déçus.
Le conteur, un mec fragile, sensible et impulsif, un maladroit de la gâchette, mais un expert en pêche à la cuillère, n’a pas connu dans sa prime jeunesse les bienfaits de la résilience et l’on devine qu’il vit depuis sa naissance en situation précaire tant sur le plan affectif que psychologique. Accusé d’un meurtre dont il refuse d’expliquer le mobile, mais qu’il reconnaît avec orgueil, son équilibre instable vole en éclats lorsqu’il apprend que le véritable meurtrier est Iggy, son pote, son frère de cœur, et que celui-ci vient de se pendre dans sa cellule. Nouvelle cassure, déstabilisation totale, tout à construire, à reconstruire… et c’est loin d’être fini…