Le grand sommeil est un des moments fondateurs d’un genre qui va engendrer un véritable espace littéraire, peuplé de milliers, de dizaines de milliers d’ouvrages, plus ou moins grands, plus ou moins nuls, mais dont la paternité peut toujours – peu ou prou – revenir à Raymond Chandler. Ici, dans cet ouvrage, sont bâtis les piliers de la cathédrale du roman noir, tous ses codes, ses figures, son univers, ses passions vénéneuses. Philip Marlowe, le détective privé pour l’éternité, est le géniteur d’un monde qu’il met à nu, celui du Los Angeles des années 40, peuplé par ses stars de cinéma, ses gangsters et ses milliardaires, sa faune humaine sulfureuse, métaphore urbaine d’une Amérique éternellement scandée par le rêve et le cauchemar. Seul Dashiell Hammett peut prétendre à être l’autre grand bâtisseur de cathédrale.