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Polars

Sang chaud, Kim Un-su (par Fawaz Hussain)

Ecrit par Fawaz Hussain , le Mercredi, 14 Avril 2021. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Roman, Points

Sang chaud, Kim Un-su, mars 2021, trad. coréen, Kyungran Choi, Lise Charrin, 528 pages, 8,60 € Edition: Points

 

Sang chaud débute tout comme un roman balzacien et classique : Kim Un-su ancre d’emblée l’action dans le temps et l’espace. On est dans la dernière décennie du XXe siècle à Busan, deuxième ville de Corée du Sud par l’importance et port principal du pays sur la mer du Japon. L’auteur fait ensuite un gros plan sur le quartier de Guam et plus précisément sur Mallinjang, un établissement hôtelier au centre de toutes les convoitises et de tous les dangers. Vu l’importance de ce « Manoir aux dix mille lieux » pour l’intrigue, il fait un bond dans le passé et retrouve alors l’Histoire du pays. En 1913, séduits par le charme de la côte et de la luxuriante forêt de pins surplombant la plage, les yakuzas japonais y fondaient la Société des loisirs à Guam. Pour éviter des ennuis, ils avaient placé un Coréen à la tête de Mallinjang, un dénommé Sohn Heungsik, un homme de paille ayant toute leur confiance. Mais, comme l’occasion fait souvent le larron, l’autochtone, intelligent et alerte, saisit la chance qui ne sourit qu’aux audacieux et encore. Après la débandade du Japon en 1945 et le départ des propriétaires yakuzas, il « avale » tout en douceur l’établissement. Il se l’approprie dans une Corée corrompue jusqu’à la moelle et minée par la dictature des généraux et des milieux mafieux.

Noir diadème, Gilles Sebhan (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Jeudi, 01 Avril 2021. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Rouergue

Noir diadème, Gilles Sebhan, janvier 2021, 192 pages, 18 € Edition: Le Rouergue

 

Gilles Sebhan, à cinquante-quatre ans, est l’auteur d’une œuvre variée, déjà importante et, osons le dire (les écrivains français contemporains méritant ce qualificatif ne sont pas si nombreux), inconfortable – comme en témoignent ses essais biographiques sur Genet (Domodossola, le suicide de Jean Genet, Denoël, 2010), Mandelbaum, et surtout Duvert à qui il a consacré deux livres (Tony Duvert, l’enfant silencieux, Denoël, 2010, et Retour à Duvert, Le Dilettante, 2015). Il a raconté dans un récit prenant son séjour en Egypte après la chute de Moubarak : si on met en parallèle sa Semaine des martyrs (Les Impressions nouvelles, 2016) et les Rêveurs d’Alain Blottière (Gallimard, 2012), on a une fine compréhension des déceptions et trahisons postrévolutionnaires sur l’autre rive de la Méditerranée. Salamandre (Le Dilettante, 2014), dont l’action se déroule dans le milieu des sex-shops parisiens et de la prostitution masculine, ne peut pas non plus laisser indifférent.

Noir diadème est un polar, le quatrième volume d’une tétralogie – pour l’instant – ayant pour titre général Le Royaume des insensés (ce titre s’éclaire peut-être dans une phrase du dernier chapitre) où réapparaît le personnage du lieutenant de police Dapper, flic scrupuleux mais sans ambitions de carrière à la vie personnelle tourmentée, c’est le moins qu’on puisse dire – mais il faut lire le cycle dans son ensemble pour le saisir.

Du rififi à Wall Street, Vlad Eisinger (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 24 Mars 2021. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Folio (Gallimard)

Du rififi à Wall Street, Vlad Eisinger, janvier 2021, trad. Antoine Bello, 320 pages, 8,10 € Edition: Folio (Gallimard)

Vlad Eisinger rêvait d’écrire un jour le Grand Roman Américain. Alors, pour ce faire, il a passé la moitié des années 1990 à étudier à Columbia la littérature comparée. Puis, comme un Hemingway ou un Mailer, il a décidé pour élargir ses horizons de devenir journaliste. Engagé par le Wall Street Journal en 1997, il participa en 2001 à l’enquête sur l’entreprise Enron et ses pratiques délictueuses. La débâcle qu’ils semèrent à Wall Street lui valut le titre de senior reporter. Lassé du travail de journaliste et ayant mis un peu d’argent de côté après avoir frôlé le Pulitzer, il éprouva le besoin de changer de vie et se reconvertit comme auteur de fiction. Après avoir pris pour agent Lori Jacobson, il obtint un succès d’estime lors de la parution de son premier roman, Faux mouvement. Mais les livres suivants ne suivirent pas le même mouvement. Alors qu’il est obligé de faire des traductions afin de subvenir à ses besoins, il cherche un moyen de rebondir lorsque Kenneth Tar, patron de l’entreprise de câble Black, cotée en bourse, lui propose d’écrire un roman-vérité sur Black en échange d’un confortable revenu. Les clauses du contrat étant quasi léonines, il refuse ce travail et signe un autre contrat avec l’entreprise True fiction. En prenant le pseudonyme de Tom Capote, en hommage à l’auteur de De sang-froid, il va raconter l’histoire d’un magnat du pétrole aux combines très douteuses dans du Rififi à Wall Street. Mais cette histoire ressemble trop à celle de Kenneth Tar, il se trouve donc dans une très fâcheuse posture et poursuivi par les sbires de Tar.

Dans les brumes du matin, Tom Bouman (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Jeudi, 07 Janvier 2021. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Actes Noirs (Actes Sud)

Dans les brumes du matin, Tom Bouman, septembre 2020, trad. USA Yannis Urano, 357 pages, 23 € Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

L’officier de police Henry Farrell, le flic d’une bourgade de l’arrière-pays de Pennsylvanie, Wild Thyme, aux limites nord-est de cet État, à la frontière avec l’État de New-York, est chargé d’enquêter sur la disparition de Penny Pellings. Elle était la compagne de Kevin O’Keeffe et ils vivaient dans une caravane sur le terrain d’Andy Swales, le plus grand propriétaire de la région. En échange, ils devaient s’occuper du domaine de Swales. Suite à « une engueulade entre hippies qui avait un peu dégénéré », on leur avait retiré la garde de leur fille Eolande. Le jeune couple de junkies avait promis de s’amender et de décrocher de la drogue, ce qui n’empêchait pas parfois les « coups de gueule » avec les propriétaires des cottages autour du lac et une certaine partie de la population locale qui jouait de la musique un peu tard et pêchait les truites dans le lac. Cependant cela convenait à Swales qui comptait bien laisser une compagnie gazière s’installer sur son terrain.

Le Mystère Sammy Went, Christian White (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 15 Décembre 2020. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

Le Mystère Sammy Went, Christian White, Folio Policier, novembre 2020, trad. anglais (Australie) Simone Davy, 400 pages, 8,50 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Alors que Kimberley Leamy fait une pause, en lisant un vieux Stephen King, entre deux cours de photographie à la cafétéria du TAFE (Technical and Further Education – Collège d’Enseignement Technique et Professionnel Australien) de Northampton Communauty où elle dispense ses cours trois fois par semaine, un inconnu fait irruption. Il prend place à sa table, lui demande si elle s’appelle bien Kimberley Leamy et se présente sous le nom de James Finn. Puis, il lui présente une photo et insiste pour qu’elle la regarde avec attention. Le cliché représente une fillette. Kimberley lui explique qu’elle ne voit pas de quoi il retourne. Il lui précise que l’enfant figurant sur la photo a été enlevée à Manson dans le Kentucky (USA), il y a vingt-huit ans à peu près, qu’elle se nommait Sammy Went et qu’ayant grandi lui-même à Manson, il est un très bon ami de la famille Went. Kim lui indique qu’elle ne comprend pas ce qu’elle aurait à voir avec un enlèvement. Alors la phrase suivante tombe brutalement : « Je crois que Sammy West, c’est vous ».