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Polars

Prendre les loups pour des chiens, Hervé Le Corre (2ème critique)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Lundi, 15 Mai 2017. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Rivages

Prendre les loups pour des chiens, janvier 2017, 320 pages, 19,90 € . Ecrivain(s): Hervé Le Corre Edition: Rivages

 

Si l’on cherchait à caractériser l’ouvrage d’Hervé Le Corre, Prendre les loups pour des chiens, on hésiterait entre « polar psychologique » et « roman noir à suspense », avec la dose de violence et de déviance qui convient pour entretenir le malaise chez le lecteur.

A l’instar de son précédent roman, Après la guerre, la scène se situe dans la région de Bordeaux, d’où l’auteur est originaire. Mais ici il s’agit d’une histoire très contemporaine, qui se déroule dans la moiteur étouffante d’un été du XXIe siècle, et qui n’est pas ancrée sur une toile de fond historique – Après la guerre prenait place dans les années 1950 en mettant au jour les stigmates de la Seconde Guerre mondiale.

Dans la première moitié du roman, le lecteur est lancé sur la fausse piste du triangle adultère : Fabien, le mari absent, parti en Espagne pour affaires et qui tarde à revenir, Franck, le jeune frère tout juste sorti de prison et hébergé dans la famille de la compagne de Fabien, Jessica, provocante et paumée à souhait.

Dans l’ombre, Arnaldur Indridason

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 29 Mars 2017. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Roman, Métailié

Dans l’ombre, février 2017, trad. islandais Éric Boury, 344 pages, 21 € . Ecrivain(s): Arnaldur Indridason Edition: Métailié

 

Après 12 romans ayant pour héros Erlendur Sveinsson, le plus connu en France des auteurs de romans policiers islandais, Arnaldur Indridason, se lance dans une nouvelle série, Trilogie des ombres, ayant pour cadre la période 1941-1944. C’est dans cette Islande du passé, à l’histoire mouvementée, qui vit sous l’occupation anglo-américaine, alors que l’Europe est envahie par l’Allemagne, que vont désormais se nouer de sombres intrigues.

En 1941, on découvre dans un petit appartement de Reykjavik un représentant de commerce tué d’une balle dans la tête, le front marqué du symbole nazi. Á ses côtés se trouve une valise contenant une capsule de cyanure. Un jeune policier islandais, Fovent, seul inspecteur de la police criminelle d’Islande, ex-stagiaire de Scotland-Yard à Edimbourg, accompagné d’un membre de la police militaire américaine ayant le même âge, « Islandais de l’ouest » né au Canada, donc parfaitement bilingue, Thorson, sont chargés de l’enquête. Les soupçons se portent d’abord sur les soldats américains occupant l’île ou sur quelqu’un se trouvant « dans la situation », à savoir quelqu’un fréquentant ces militaires, compte tenu de la marque de l’arme trouvée sur place ; un Colt. Puis les recherches s’orientent dans d’autres directions lorsque l’on découvre la véritable identité de la victime.

La filière écossaise, Gordon Ferris

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Samedi, 11 Mars 2017. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Seuil

La filière écossaise, février 2017, trad. anglais Hubert Tézenas, 472 pages, 22,50€ . Ecrivain(s): Gordon Ferris Edition: Seuil

 

Automne 1946, nous retrouvons Douglas Brodie (déjà présent dans La Cabane des pendus et Les Justiciers de Glasgow (1), reporter à la Glasgow Gazette, en train d’enquêter pour son ami le tailleur Isaac Feldmann. Ancien flic avant guerre puis ex-officier interprète à Bergen-Belsen au procès des anciens criminels nazis, l’intrépide et perspicace Brodie doit tenter d’élucider le mystère de plusieurs vols de bijoux ayant eu lieu le jour de shabbat dans la communauté juive de Garnethill. Tandis que son amie avocate et logeuse, la belle et intelligente Samantha Campbell, part pour Hambourg afin de participer au procès pour crimes de guerre contre les fonctionnaires du camp de concentration de Ravensbrück, Brodie découvre que se cache derrière les brigandages sur lesquels il enquête une « route des rats ». Á la classique filière qui permettait aux criminels de guerre de s’enfuir en Amérique du sud via l’Autriche et l’Espagne, il en existerait une autre partant de Hambourg, allant à Glasgow pour rejoindre les Etats-Unis.

Prendre les loups pour des chiens, Hervé Le Corre

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 09 Mars 2017. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Rivages

Prendre les loups pour des chiens, janvier 2017, 318 p. 19,90 € . Ecrivain(s): Hervé Le Corre

 

S’il reste encore des gens pour penser que le polar est un genre mineur, qu’ils viennent donc voir du côté de ce dernier Le Corre. Un bijou de roman, par la construction dramatique, la force des personnages et la langue d’une précision et d’une beauté telles que des pages entières sont pure poésie. Hervé Le Corre est un narrateur hors pair, capable de donner à une histoire une densité et une tension extrêmes. Cet art relève chez lui d’une alchimie rare, qui crée des équilibres inattendus entre des personnages que tout éloigne, qui ne laisse rien deviner des événements à venir, qui fait traverser la nuit la plus sombre par des éclairs de lumière éblouissants.

Ainsi cette rencontre, le jour même de sa libération de prison, entre Franck et une petite fille qui – sans raison apparente autre que la magie du monde – met sa petite main chaude dans la sienne, comme une promesse d’un possible retour à la vie.

« Il a senti quelque chose contre sa cuisse et il a frissonné parce qu’il pensait que c’était le chien qui venait là pousser son mufle puis il senti la main de Rachel chercher la sienne et s’y blottir, fermée en un petit poing froid. »

Le silence pour toujours, Stuart Neville

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 09 Février 2017. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Rivages

Le silence pour toujours (The Final Silence), janvier 2017, traduit de l’anglais par Fabienne Duvigneau, 316 p. 22,50 € . Ecrivain(s): Stuart Neville Edition: Rivages

 

Retrouver Stuart Neville et son flic préféré, Jack Lennon, c’est comme replonger au fond du gouffre le plus noir. On sait peut-être ce qui nous y attend, mais à chaque nouveau livre, il semble que l’obscurité se fait plus opaque, plus glaciale.

Jack Lennon va mal. Ce n’est pas nouveau pour ce personnage poissard, ambigu, violent. Mais son mal s’est encore aggravé. Il est en morceaux, au plan physique et plus encore au plan psychique. Il n’est peut-être pas (encore) fou, mais il flirte dangereusement avec les pathologies mentales les plus graves. Sa vie est un enfer qui tourne comme un cycle fatal : pour supporter la douleur (physique) il avale des antalgiques puissants – non prescrits par ordonnance – ce qui accroît sa douleur (mentale). Une descente en enfer vécue dans la solitude. Sa « compagne » du moment, Susan, ne veut plus de lui, n’en peut plus de lui. Elle a accueilli Lennon avec sa fille Ellen en espérant recomposer une famille (elle-même a une fille). Mais alcool, drogues, désespoir ont fait de Lennon une loque et elle n’en veut plus.