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Buenos Aires noir, anthologie présentée par Ernesto Mallo

Ecrit par Marc Ossorguine 06.06.17 dans La Une Livres, Anthologie, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Asphalte éditions, Polars

Buenos Aires noir, anthologie mai 2016, trad. espagnol Olivier Hamilton, Hélène Serano, 215 pages, 21 €

Ecrivain(s): Ernesto Mallo Edition: Asphalte éditions

Buenos Aires noir, anthologie présentée par Ernesto Mallo

 

 

Nouvelle escale des guides noirs des éditions Asphaltes, après Londres, Barcelone, Haïti, La Havane, Marseille… c’est à Buenos Aires que nous sommes invités à faire étape pour en découvrir les coulisses, accompagnés de quelques plumes portègnes parmi des plus expertes et incisives. La vie n’est ni rose ni bleue sur les rives du Río de la Plata, mais cela ne nous surprendra pas vraiment avec ces étranges « guides touristiques » que publie régulièrement Asphalte. Pas encore assez étrange semble-t-il puisque nous avons découvert une librairie qui classe vraiment cette série d’anthologie(s) au rayon des guides touristiques. Pas sûr que cela convainque les candidats au voyage de se rendre à Buenos Aires, du coup, même si Ernesto Mallo nous annonce dès les premiers mots de sa présentation que la capitale argentine est « un endroit tellement invraisemblable ».

Vous y découvrirez des spécialités locales et d’autres plus partagées, plus « universelles », comme par exemple les revendications de paternité littéraire dont on ne sait si elles sont pathologiques ou crapuleuses (Claudia Piñeiro, La mort et le canoë) ou comme la violence primale et cruelle du milieu (Alejandro Parisi, La vengeance du lombric). Il y a aussi des meurtres qui n’en sont pas vraiment, relevant plutôt de la négligence criminelle tranquillement, bourgeoisement et méthodiquement assumée (Verónica Abdala, Orange, c’est joli comme couleur) ou du geste artistique passionné (Ernesto Mallo, Amour éternel).

Pour découvrir ces différents visages de la capitale, pour faire escale dans ses différents quartiers, vous retrouverez peut-être quelques guides familiers tel Claudia Piñeiro (Les veuves du jeudiElena et le roi détrônéA toiBettibou…), Elsa Osorio (La capitanaLuz ou Le temps sauvage…) ou Pablo de Santis (La traductionLe cercle des douze…) pour les plus connus. D’autres sont aussi déjà traduits en partie en français comme Leandro Ávalos Blacha ou Ernesto Mallo, maître d’œuvre de cette anthologie et par ailleurs fondateur du plus prestigieux rendez-vous noir du continent avec le festival Buenos Aires Negra (BAN). Comme pour les autres volumes de la série, il y a surtout des auteurs que nous n’avons jamais eu l’occasion de lire, sauf à lire l’espagnol et avoir l’occasion de fréquenter les librairies portègnes. Ainsi d’Alejandro Parisi, de María Inés Krimer, d’Ariel Magnus ou de Gabriela Cabezón Cámara… Parmi ces derniers, certains en sont encore à leur premier pas d’écrivains, mais la plupart ont déjà derrière eux une véritable œuvre qui a pu les amener dans de prestigieux lieux du noir en Europe (à la Semana Negra de Gijón notamment).

Quatorze auteurs et quatorze nouvelles organisées en trois sections, Amour, Infidélités et Crimes imparfaits. Autant de climats, de tonalités, de styles différents. Selon les quartiers que vous fréquenterez, il y aura de la respectabilité bourgeoise qui se doit de ne rien laisser paraître, de la violence radicale pire qu’au cinéma (Quentin Tarantino n’a qu’à bien se tenir), mais aussi de l’ironie et de l’absurde où l’autodérision semble autant art de vivre qu’art de conter et d’écrire. La dernière nouvelle du recueil, Le sens du devoir d’Ariel Magnus, est à cet égard un petit bijou (digne d’une comédie des frère Coen).

Une visite des plus contrastées qui constitue plus qu’un guide touristique (je connais une librairie qui classe pour de vrai les villes noires d’Asphalte dans son rayon guides touristiques !) : une anthropologie littéraire et urbaine irremplaçable !

 

Marc Ossorguine

 


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A propos de l'écrivain

Ernesto Mallo

Né en 1948 à La Plata (Argentine), Ernesto Mallo se définit lui-même comme un autodidacte. Journaliste, dramaturge, présentateur de télévision, il publie son premier roman noir en 2006.

A propos du rédacteur

Marc Ossorguine

 

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Rédacteur

Domaines de prédilection : littérature espagnole (et hispanophone, notamment Argentine) et catalane, littératures d'Europe centrale (surtout tchèque et hongroise), Suisse, littératures caraïbéennes, littératures scandinaves et parfois extrême orient (Japon, Corée, Chine) - en général les littératures non-francophone (avec exception pour la Suisse)

Genres et/ou formes : roman, poésie, théâtre, nouvelles, noir et polar... et les inclassables!

Maisons d'édition plus particulièrement suivies : La Contre Allée, Quidam, Métailié, Agone, L'Age d'homme, Zulma, Viviane Hamy - dans l'ensemble, très curieux du travail des "petits" éditeurs

 

Né la même année que la Ve République, et impliqué depuis plus de vingt ans dans le travail social et la formation, j'écris assez régulièrement pour des revues professionnelles mais je n'ai jamais renié mes passions premières, la musique (classique et jazz surtout) et les livres et la langue, les langues. Les livres envahissent ma maison chaque jour un peu plus et le monde entier y est bienvenu, que ce soit sous la forme de romans, de poésies, de théâtre, d'essais, de BD… traduits ou en V.O., en français, en anglais, en espagnol ou en catalan… Mon plaisir depuis quelques temps, est de les partager au travers de blogs et de groupes de lecture.

Blog : filsdelectures.fr