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Polars

Les voleurs de sexe, Janis Otsiemi

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 01 Décembre 2015. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Jigal

Les voleurs de sexe, septembre 2015, 200 pages, 18 € . Ecrivain(s): Janis Otsiemi Edition: Jigal

 

Chaque nouveau roman de Janis Otseimi est l’occasion pour le lecteur éloigné du Gabon de découvrir de nouvelles plaies qui rongent comme un cancer ce pays aux multiples richesses naturelles. Le patchwork amorcé dans ses précédents romans (cf. les critiques publiées dans La Cause Littéraire) se complète ici de deux affaires très liées aux croyances locales et de l’évocation au travers d’un fait divers d’une réalité socio-économique qui contribue à accentuer les écarts entre les riches et les pauvres.

La première affaire qui donne le titre à l’ouvrage se réfère à la croyance relayée par le « radio-trottoir » que des hommes en serrant la main, ou en frôlant un autre mâle, lui volent son sexe. Crime odieux dans un pays où la virilité masculine est plus sacrée que les couleurs du drapeau national et où l’impuissance est maudite. Crime le plus souvent imputé à des étrangers de préférence de confession musulmane, réglé sommairement par une séance de lynchage à mort perpétrée par une population à très grande majorité chrétienne, gagnée par la psychose et prompte à relayer toutes sortes de rumeurs. Sexe, maraboutage, superstition et religions. Risque d’éclatement de la cohésion sociale.

Méfaits d’hiver, Philippe Georget

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Vendredi, 27 Novembre 2015. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Jigal

Méfaits d’hiver, septembre 2015, 352 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Philippe Georget Edition: Jigal

On le pressentait. Pour son cinquième roman publié chez Jigal Polar, Philippe Georget, reprenant la saga des enquêtes de Gilles Sebag, lieutenant de police à Perpignan et mari exemplaire, franchit la ligne rouge et place son héros face à la découverte de l’infidélité de son épouse. Ce qui n’était que doutes dans les précédents romans, se transforme en une accablante vérité à la lecture de deux SMS dans le portable de Claire.

« Son expérience de flic lui avait appris qu’il n’y avait pas aujourd’hui de meilleur confident qu’un téléphone portable. Pas de pire traître non plus » (p.8).

Nous sommes à la veille de Noël et du Nouvel An, autant dire en « période de fêtes », expression qui pour Gilles Sebag gardera longtemps un goût amer.

S’abrutir de travail permet selon certains d’oublier ses soucis et ses peines, mais pour Sebag, le sort en a décidé autrement.

La délinquance principalement liée au trafic de drogue et de cigarettes en provenance de l’Espagne cède le pas, en cette fin d’année, à une épidémie d’adultères qui fait tousser les Perpignanais mieux que les rafales de Tramontane. Tousser, mais aussi mourir.

La chambre blanche, Martyn Waites

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 10 Novembre 2015. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Rivages/Thriller

La chambre blanche, septembre 2015, traduit de l’anglais par Alexis Nolent, 432 pages, 22 € . Ecrivain(s): Martyn Waites Edition: Rivages/Thriller

 

Martyn Waites est né à Newcastle upon Tyne, ville du Nord-est de l’Angleterre, bien connue pour son club de football, ses pubs, mais aussi pour avoir été bâtie sur un important ban houiller qui donna travail et nourriture pendant de longues années à ses habitants. C’est donc assez naturellement que l’auteur puise les sujets de ses livres dans l’histoire économico-sociale de cette région pour brosser au fil de romans noirs, voire très noirs, la destinée souvent tragique d’hommes et de femmes depuis la fin de la seconde guerre mondiale jusqu’aux années Thatcher. Trente-cinq années de réformes et d’avantages sociaux sous la houlette de gouvernements en majorité travaillistes, de Clément Attlee à James Callaghan, brutalement balayés par un Premier Ministre décidé, entre autres choses, à briser la puissance des syndicats. Si la question minière et les grèves de 1984-1985 sont au cœur de son remarquable roman Né sous les coups, traduit en français et publié par les éditions Rivages, dans La chambre blanche l’auteur aborde le thème de la rénovation urbaine, autre élément phare de l’après-guerre.

Deux petites filles, Cristina Fallarás

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 30 Octobre 2015. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Espagne, Métailié

Deux petites filles (Las niñas perdidas, 2011), traduit de l’espagnol par René Solis, 216 pages, 17 € . Ecrivain(s): Cristina Fallarás Edition: Métailié

 

Deux petites filles de moins de cinq ans ont été enlevées dans Barcelone. Inutile de les chercher car l’on sait déjà que l’on ne peut plus rien pour elles : l’une retrouvée morte, l’autre dont une vidéo témoigne du peu d’espoir qu’elle soit encore en vie. Les circonstances ont été telles que c’est sans doute beaucoup mieux pour elles. La journaliste et détective privée Víctoria González, elle-même enceinte jusqu’au cou, a été payée pour enquêter sur ce crime monstrueux qui révulse les plus endurcis des enquêteurs.

La Fallarás (comme elle se désigne elle-même sur twitter) nous entraîne dans la part la plus sombre et obscure de Barcelone, plus noire que le noir, à la rencontre de ceux qui survivent malgré le mal, ou peut-être par le mal. Un univers où personne n’est blanc, absolument personne. Où ne semblent survivre que celles et ceux qui ont plongé au plus profond, au risque de s’y noyer et de n’en jamais revenir. Dans ce monde-là, les idéaux n’ont guère de place car la réalité les a déchiquetés et éparpillés en mille morceaux, il y a bien longtemps. Qu’il s’agisse d’idéaux d’amour, de famille, de justice… aucun n’a résisté.

Ce monde disparu, Dennis Lehane

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Lundi, 26 Octobre 2015. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, La rentrée littéraire, Rivages/Thriller

Ce Monde disparu (World gone by), Octobre 2015. Traduit de l’américain par Isabelle Maillet. 348 p. 21 € . Ecrivain(s): Dennis Lehane Edition: Rivages/Thriller

 

Dennis Lehane creuse le sillon ouvert par son dernier opus « Ils vivent la nuit » (voir la critique de cette œuvre dans la Cause Littéraire), explorant l’univers du gangstérisme. C’est d’ailleurs Joe Coughlin, plus vieux de 15 ans, que l’on retrouve ici.

La présentation de ce roman le rapproche du « Parrain ». Le lien est d’autant plus incontestable que l’on pourrait aussi faire au livre le reproche – ce sera le seul - qui a été fait au film de Coppola : la nostalgie de ce « monde perdu » charrie forcément un discours ambigu sur le gangstérisme et ses figures. Les personnages – y compris les pires – sortent un peu « blanchis » du récit, la poétisation romanesque jouant le rôle d’une absolution des méchants. Malgré la mise à distance à laquelle procède Lehane par l’ironie qui s’insère dans les propos des personnages.

« On décide de notre façon de vivre, on établit nos règles, on se comporte en hommes. (il se pencha en avant.) Ça me botte d’être un gangster, merde ! »

« Je n’ai jamais gagné honnêtement un seul dollar, et je n’ai pas l’intention de commencer un jour ».