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Polars

Le tueur se meurt, James Sallis

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 09 Juillet 2013. , dans Polars, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Roman, Rivages/Thriller

Le tueur se meurt (The killer is dying), traduit de l'anglais (USA) par Christophe Mercier et Jeanne Guyon avril 2013, 264 p. 20 € . Ecrivain(s): James Sallis Edition: Rivages/Thriller

 

Rembrandt, triste hôpital tout rempli de murmures,
Et d'un grand crucifix décoré seulement,
Où la prière en pleurs s'exhale des ordures,
Et d'un rayon d'hiver traversé brusquement

Charles Baudelaire. Les Phares

 

Baudelaire ici parce que dans ce quatrain est concentré l’univers de ce chef-d’oeuvre noir de James Sallis. Univers de la chute, de l’impiété, du meurtre et du châtiment. The killer is dying dit le titre original. La syntaxe anglaise est plus explicite que la française. Progressive form. C’est bien là le génie de Sallis qui va distiller, instiller, son récit au goutte-à-goutte comme les liquides jaunâtres qui coulent des poches suspendues au-dessus des patients, cassés, blessés, mourants des hôpitaux qui parsèment le chemin de Chrétien. Chrétien, c’est le nom du héros tueur !

Djebel, Gilles Vincent

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 08 Juillet 2013. , dans Polars, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Jigal

Djebel, 256 pages, 8,80 € . Ecrivain(s): Gilles Vincent Edition: Jigal

 

Djebel a pour point de départ la mechta d’Ouadhia en Kabylie. En mars 1960, un détachement de la compagnie du 7e régiment de chasseurs, commandé par le capitaine Murat, campe sous la tente. Le jeune Antoine Berthier, opérateur radio, monte la garde en murmurant des vers de Victor Hugo. Berthier a de la chance. Dans trois jours, c’est la quille, le retour en France, sain et sauf, là où tant d’autres ont laissé leur peau. Quitter l’Algérie dont il ne connaît que « la caillasse et le sang séché » devrait le remplir de joie. Et pourtant, la perspective des retrouvailles l’effraye et le couvre de honte… « Tout le monde s’en est fait un, ici »… tout le monde, sauf lui.

Pas question pour trois gradés de la compagnie de le laisser rentrer « bredouille ». Ce qui se passe ensuite relève de l’impensable, de l’ignoble, de l’inhumain. Trop, beaucoup trop, pour un jeune homme qui choisit sur le bateau qui le ramène vers sa mère et sa sœur jumelle, vers Marseille et ses collines natales de Trets, de se donner la mort plutôt que d’affronter pour le restant de son existence le remords. Pour l’armée, pas question de dire la vérité à la famille. Pendant quarante et une années, Antoine sera mort au combat.

Mais délivrez-nous du mal, Maurice Gouiran

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 03 Juillet 2013. , dans Polars, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Jigal

Mais délivrez-nous du mal, mai 2013, 248 pages, 18 € . Ecrivain(s): Maurice Gouiran Edition: Jigal

 

On se souvient du scandale de la Clinique du sport à Paris et du procès de 2010 qui, au terme d’une instruction de dix longues années, se termina par la condamnation du directeur et de l’un des chirurgiens à de la prison ferme. En cause, la mycobactérie xénopi, à l’origine d’infections nosocomiales ayant causé des dommages irréversibles à de nombreux patients. Maurice Gouiran, pour les besoins de son vingt-deuxième roman, transpose l’affaire dans le « milieu » des établissements médicaux marseillais. Nous sommes en mai 2012, et Jean-Lucien de Ponterne, directeur et propriétaire de la clinique Les Acacias, ainsi que deux de ses chirurgiens doivent répondre devant la justice de la contamination par la bactérie de trente-huit personnes, dont plusieurs sportifs de haut niveau. Oui, mais voilà… au moment où le procès s’ouvre, Jean-Lucien de Ponterne joue les abonnés absents. Difficile, en effet, de se présenter à une audience et de s’assoir sur le banc des accusés, lorsque l’on vient de prendre une balle dans la tête et de cramer dans « un champ envahi par les roquettes et les camomilles », à quelques encablures de l’Estaque.

Emergency 911, Ryan David Jahn

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 20 Juin 2013. , dans Polars, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Roman, Actes Noirs (Actes Sud)

Emergency 911, trad. (USA) par Simon Baril février 2013, 331 p. 22 € . Ecrivain(s): Ryan David Jahn Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

Partir avec Ryan David Jahn dans cette poursuite éperdue d’une fille qu’on a arrachée à son père sept ans plus tôt et qu’on croyait morte, est une traversée rugueuse du cœur même de la littérature noire. Jahn nous offre, dans un style toujours aussi nerveux et dense (on se rappelle le « De bons voisins » haletant !) une sorte d’épure absolue du polar, dans une version extrême. Par sa noirceur, son incroyable violence, son scénario élémentaire, Emergency 911 constitue le parfait syntagme du thriller.

Autant en avertir d’emblée les lecteurs sensibles : les scènes de violence de ce roman touche au gore dans sa version « bistouri » ! Dans une débauche de détails horrifiques qui rappellent les ralentis des films de Sam Peckinpah. Le rapprochement d’ailleurs s’impose : simplicité de l’histoire, étirement des scènes violentes, comment ne pas évoquer « Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia » par exemple ?

« Davis fait un bond de côté, mais ça ne suffira pas pour échapper à la balle du deuxième canon, qui l’atteint en plein visage. Il n’a même pas le temps de crier. En une fraction de seconde, son visage se transforme en un masque de sang et de muscles. Des dents et des fragments d’os se répandent dans l’allée derrière lui, à l’intérieur d’un triangle rouge qui s’élargit, comme si sa tête était un sachet de ketchup qu’on avait écrabouillé. »

Le retour du gang, Edward Abbey

Ecrit par Yann Suty , le Samedi, 08 Juin 2013. , dans Polars, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Gallmeister

Le retour du gang (Hayduke Lives !), traduit de l’américain par Jacques Mailhos 2013 430 pages, 24,50 € . Ecrivain(s): Edward Abbey Edition: Gallmeister

 

Le gang de la clef à molette est de retour !

C’est avec un véritable plaisir que l’on retrouve le quatuor enflammé, à la tchatche facile, à la vanne contagieuse. Quelques années ont passé depuis leurs premières aventures. Après les démêlés judiciaires de la fin du premier opus, les uns et les autres se sont rangés. Doc et Bonnie ont eu un bébé, attendent le deuxième alors que Seldom Smith est, lui, bien occupé entre toutes ses femmes. Il n’y a que George qui poursuit le combat. Un temps laissé pour mort (du moins officiellement), il est toujours bien en vie, ainsi que le proclame le titre original, Hayduke Lives ! Il est toujours bien en vie et continue à sillonner les grands espaces et à poser ses pièges contre les industriels qui ravagent la nature. Il est devenu un emblème, une idée.

Et pour sa deuxième aventure, le gang se retrouve confronté à un ennemi de taille, un monstre, le super-excavateur géant GOLIATH. Un engin qui fait 125 mètres de long, qui pèse treize mille cinq cents tonnes, haut de 23 mètres, avec 27.000 m2 de surface de travail. C’est le plus terrifiant engin construit par l’homme. On le dirait tout droit tiré d’un film de science-fiction.