Quatrième livre d’un jeune auteur (né à Lima en 1975), déjà fêté pour son premier roman Avril rouge (2008), ce thriller politico-social entraîne le lecteur dans un imbroglio haut en couleur, dont le contexte est admirablement bien rendu. Sur fond de Mundial 1978 au Pérou, quand les activités publiques et privées sont réduites à leur plus simple expression, puisque tout le monde suit à la télévision les retransmissions des matches, un simple employé, assistant aux archives du Palais de Justice de Lima, enclenche presque sans le savoir une mécanique d’enquêtes, d’éclaircissements, de courses poursuites, et tout ça à partir d’un document mal classé, petite boule de neige de papier qui va huiler toute une intrigue.
Ce petit employé s’appelle Félix Chacaltana. Il vit encore chez sa mère, très dominatrice, très pieuse, très encombrante. Il a un directeur des archives qui passe le plus clair de son temps à regarder le foot. Félix est bien le seul à se préoccuper de son travail, et il doit joliment emmerder tout son petit monde par ce que les autres appellent des lubies : marottes de classement, souci précautionneux de ne pas faire de gaffes ; bref un employé modèle dans un monde qui s’en fout, endormi dans les conventions, assommé par la chaleur et anesthésié par le Mundial, sans parler bien sûr de la chape de plomb du régime militaire qui voit des subversifs partout.