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Tuez-les tous… mais pas ici, Pierre Pouchairet (2ème critique)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 09 Avril 2018. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Plon

Tuez-les tous… mais pas ici, janvier 2018, 468 pages, 19 € . Ecrivain(s): Pierre Pouchairet Edition: Plon

 

Pierre Pouchairet n’est pas (encore ?) un auteur fameux au point qu’il soit tout à fait superflu de jeter un œil à la présentation biographique qui orne la quatrième de couverture. On y apprend que cet ancien commandant de police a déjà publié un roman « dont l’action se déroule dans les territoires occupés », sans plus de précision. S’agit-il du Tibet, où l’immolation par le feu tient lieu de protestation et d’acte de résistance à la Chine ? Du Sahara occidental, occupé par le Maroc depuis 1975 et où les militants sahraouis sont torturés ? De la partie septentrionale de Chypre, d’où deux cent mille Chypriotes grecs furent chassés un an plus tôt dans l’indifférence internationale, devenant autant de réfugiés dans le sud d’une île dont la capitale est coupée par un mur qui n’a rien de symbolique ? Nous inviterait-on pour autant à boycotter les produits chinois, marocains ou turcs ? Puisque nous parlons de la Turquie, c’est un pays que Pierre Pouchairet connaît bien (il y a été en poste) et où il situe une partie de l’action de son nouveau roman, Tuez-les tous… mais pas ici.

Tuez-les tous… mais pas ici, Pierre Pouchairet

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 27 Février 2018. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Plon

Tuez-les tous… mais pas ici, janvier 2018, 468 pages, 19 € . Ecrivain(s): Pierre Pouchairet Edition: Plon

 

Toujours en prise directe avec l’actualité dans ce qu’elle recèle de plus sombre, les romans de Pierre Pouchairet donnent une lecture de la société qui parfois glace le sang.

Auréolé de son récent prix du Quai des Orfèvres 2017 pour son roman Mortels Trafics, l’auteur, en fin analyste de la criminalité contemporaine se penche une nouvelle fois (cf. par exemple son roman de 2015 La filière afghane http://www.lacauselitteraire.fr/la-filiere-afghane-pierre-pouchairet) sur les réseaux djihadistes et plus particulièrement sur le sort de ces jeunes gens qui quittent la France pour gagner la Syrie, mus soit par l’envie de combattre dans les rangs de Daesh, soit par souci humanitaire ou par amour comme dans le cas de la jeune Julie Loubriac partie rejoindre le garçon dont elle est éprise.

Les lois du ciel, Grégoire Courtois

, le Mardi, 06 Février 2018. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Les lois du ciel, février 2018, 208 pages, 6,60 € . Ecrivain(s): Grégoire Courtois Edition: Folio (Gallimard)

 

On aurait tort de s’attendre à un roman ésotérique sur le christianisme ou la spiritualité. C’est sur un air de « Sa Majesté des mouches » que Grégoire Courtois livre un roman tragicomique aussi cynique qu’ingénieux.

C’est bientôt l’été, une dizaine d’élèves du cours préparatoire et leurs trois accompagnateurs font une sortie classe verte. C’est en forêt que la troupe atterrit, et, dès la première après-midi, quelque chose déjà laisse à penser que ce séjour va prendre une lugubre tournure. Tout aurait pu se dérouler normalement si l’un des jeunes enfants, Enzo, n’avait pas ce comportement dérangeant, ce regard. Ce regard, dont on ne sait trop déterminer s’il est celui d’un sociopathe ou simplement d’un enfant égaré, à qui l’on a trop peu – ou pas du tout – donné d’affection. Livrés à eux-mêmes en pleine forêt et en pleine nuit, les enfants sont traqués par Enzo, ainsi que par les ombres des arbres qui semblent leur courir après.

Loups solitaires, Serge Quadruppani

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 31 Janvier 2018. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Métailié

Loups solitaires, octobre 2017, 240 pages, 18 € . Ecrivain(s): Serge Quadruppani Edition: Métailié

 

Des régions désertiques du nord du Mali au Limousin, en passant par l’Italie, Serge Quadruppani nous invite dans un polar d’une brûlante actualité et sans doute pas si rocambolesque qu’il n’y paraît. L’auteur prend plaisir cependant à appuyer sur le grand guignolesque de la brutalité des comportements humains, qui font ressortir la sagesse de quelques personnages plus simples, plus droits, plus proches de la nature et des animaux : chat, poules, choucas, ânes, blaireaux, abeilles… qui eux aussi savent faire preuve d’une certaine noblesse.

Ce polar est à la fois cruel et drôle, cruel comme le sont les hommes et drôle comme ils peuvent l’être quand il n’y a plus de limite au ridicule de leur arrogance. Il y a une vraie morale qui sous-tend ce polar, entre farce et fable. L’humour avec lequel l’auteur s’empare du sujet ne rend pas moins efficace la critique sous-jacente et soulève des questionnements concernant les nouvelles technologies mises au service de soi-disant guerres menées contre le terrorisme et l’opacité des agissements de différents services à la solde de pouvoirs, mais aussi concernant notre rapport à la nature et notamment à la destruction méthodique d’animaux qualifiés de nuisibles. Et question méthode, des animaux à l’homme, le pas a déjà été franchi.

Danser dans la poussière, Thomas H. Cook

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 16 Janvier 2018. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Seuil

Danser dans la poussière, septembre 2017, trad. anglais (USA) Philippe Loubat-Delranc, 355 pages, 21 € . Ecrivain(s): Thomas H. Cook Edition: Seuil

Dans un roman policier il y a souvent plus que de l’action, plus qu’une énigme à résoudre. L’ensemble peut par exemple s’appuyer, ce qui est courant, sur une analyse psychologique ou sociologique, voire anthropologique. Le livre de Thomas H. Cook en est une excellente illustration. Ainsi, l’auteur situe l’action de son ouvrage dans un état imaginaire, le Lubanda, situé en Afrique orientale quelque part près du Ghana, et va soulever au fil des pages les questions ethniques et géopolitiques notamment que l’intervention humanitaire américaine peut éveiller dans cette partie du monde.

Ray Campbell, l’un des héros, américain d’origine, qui appartint dans les années 1990 à une ONG tentant de venir en aide au Lubanda, souffrant de misère endémique, se voit dans les années 2010 rattrapé par son histoire alors qu’il est installé aux USA à la tête d’une florissante société d’évaluation des risques. En effet, son ami Bill Hammond, responsable de la banque Mansfield Trust vient lui apprendre le meurtre dans un passage de New-York de Seso Alaya qui fut son guide et son interprète à Rupala, la capitale du Lubanda. Seso avait laissé dans sa chambre d’hôtel un morceau de papier sur lequel on avait griffonné le numéro de téléphone d’Hammond et il aurait été en possession de documents relatifs au meurtre de Martine Aubert, une lubandaise, qui fut le grand amour platonique de Ray à l’époque où il travaillait pour ce pays d’Afrique.