Corps anonymes, vitesse, trompe-l’œil – ce trio est en jeu pour fouler en 20 longueurs de poèmes ce véritable chant de course, rythmé par le regard, dans une suite de perceptions tronquées en guise de miroirs des villes.
Les miroirs ne sont que de passage – « des bouts d’humain » défilent dans le flux de la ville « semblable à celui d’une rivière / À deux voies », « On dirait un défilé de mode en pointillés ». Ne captant que des « médaillons d’un regard » qui change de visages et de sexes comme on change de point de vue.
Les filles, nostalgiques ou « furibardes », traversent « en pure perte » les territoires de tous ces corps citadins, exhibant leur ego ou leur cul dans les rues, les vitrines, participant (« Rêvent-elles d’être suivies / Ou pas ? ») au grand jeu des apparences pipées et des miroirs mensongers. Leur maquillage qui déborde en dit long sur leurs histoires, tatouées dans leur cœur caché comme un sot-l’y-laisse, en même temps exhibées comme un cul en ligne de mire en dépit de ce qu’elles disent