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Poésie

La face nord de Juliau, treize à seize, Nicolas Pesquès

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 29 Avril 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Flammarion

La face nord de Juliau, treize à seize, 2016, 240 pages, 18 € . Ecrivain(s): Nicolas Pesquès Edition: Flammarion

 

« Il y a tout de suite de l’écart. Il y a tout de suite un instant qui s’en va ».

1.

 

1. 1. 1. « J’écris dans la bouche ».

1. 1. 2. « J’écris dans la bouche jusqu’à la jouissance des yeux ».

 

1. 2. 1. « [I]l n’y a pas de contradiction entre les mots et les choses, et […] la grammaire n’est pas un socle sûr et définitif, mais notre corps nécessairement étendu ».

1. 2. 2. « Ce que les phrases font est comparable à ce que la colline procure. Corps et paysage sont des composés l’un de l’autre, ils communiquent facilement ».

Brumes industrielles, Yann Dupont

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 26 Avril 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Brumes industrielles, Hugues Facorat Edition, avril 2016, 62 pages, 10 € . Ecrivain(s): Yann Dupont

 

 

D’emblée on sent que ces Brumes industrielles sont investies par une écriture poétique. La photographie de la première de couverture, de Pierre Lenoir Vaquero, déjà interpelle, arrête le regard avant l’ouverture des ailes de la brume. Celle des espaces portuaires où l’humanité grouille de se rencontrer, entre âmes laborieuses, errantes nocturnes. Une ambiance, une atmosphère d’emblée se dégage.

Qui n’a jamais ressenti l’appel ambigu d’un port maritime, parcouru des affluents de la terre et de la mer, dans ces va-et-vient du large qui brassent le ciel peuplé des lumières de la ville, de ces autochtones laborieux et nostalgiques, de ces passagers voyageurs, touristes ou aventuriers. L’usine est l’un de ces personnages, mobile sur son assise fixe, qui embrume ces existences et dépose ses métastases industrielles sur le corps de la ville et de ses passants, depuis des années-portuaires.

Les Trophées & Poésies complètes, José-Maria de Heredia

Ecrit par Michel Host , le Lundi, 18 Avril 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, Points

Les Trophées & Poésies complètes, 285 pages, 7,90 € . Ecrivain(s): José-Maria de Heredia Edition: Points

 

 

« Tu vivras toujours jeune, et grâce aux Piérides,

Gallus, jamais ton front ne connaîtra les rides… »

À un poète,  J. Maria de Heredia

 

Un recueil pratique, fait pour la main et la poche, l’œuvre complète d’un poète dont le nom résonne toujours, mais qui, aujourd’hui, n’en fait pas moins partie des grands bustes immobiles que l’on rencontre au débouché des escaliers d’honneur de nos monuments dédiés à la culture, et dont les anciens lycéens que nous sommes se souviennent des vers frappés (qui les frappèrent, précisément, ou les firent reculer par leur rigueur métrique et rythmique, leur perfection prosodique, leur classicisme assumé).

Viges, Christophe Lamiot Enos

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 16 Avril 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Flammarion

Viges, 2016, 309 pages, 19 € . Ecrivain(s): Christophe Lamiot Enos Edition: Flammarion

 

Vibrant recueil (vibration qui choit du livre et nous fait vivre, vibration qui émane du, de&tenue, tenue ensemble).

Recueil (vrai mot). Plein, tout plein de la vibration de la vie : cette « moisson » « vécue » à jamais « infinie » (réveillée) dans son « fini » « finissant » (conscience, faits).

Première citation : Gertrude Stein : We feel we feel

Les moments vécus par l’auteur, moments remarquables (même les infimes le sont, quand le cœur s’y est mis, quelque), ces moments sont clairement restitués. Nous sont donnés.

Clairement : au moyen de la musique verlainienne, subtile&entêtante, correspondant à un phrasé&à un quotidien, à un dicible&à un ineffable (le ressenti est son propre langage), au moyen de

Cette musique véhiculée par le vers (goût profond pour l’impair).

Ainsi (par exemple) : 9/9/3

Petr Král, Pascal Commère

Ecrit par France Burghelle Rey , le Jeudi, 14 Avril 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Les Vanneaux

Petr Král, 2014, 23 € . Ecrivain(s): Pascal Commère Edition: Les Vanneaux

Le Petr Král présenté par Pascal Commère aux éditions Vanneaux comprend en première partie une présentation approfondie de l'œuvre de ce poète tchèque qui gagne à être davantage connu en France et, en seconde partie, un choix varié de textes classés dans l'ordre où ils furent écrits de 1984 à 2012.

Dans une langue étonnamment libérée et fluide, Petr Král capte les multiples nuances des sensations visuelles et auditives qui l'assaillent jusqu'à ce que " les eaux du soir s'éteignent " et au milieu des gestes les plus quotidiens. Le regard du narrateur et celui du lecteur pris au jeu de cette poétique s'élargissent de la famille à la ville et au cosmos avec l'emploi d'un " je " – " Je sais bien " - qui interpelle l'autre : " Oui, rappelle-toi " ou " quand tu erres tâtonnant dans le décor " et encore dans un texte récent : " tu envies tout le monde / content de n'appartenir qu'à ton nu distrait. "

Une grande variété caractérise l'ensemble de ces poèmes. Variété tant dans l'alternance récit - description que dans la présence d'êtres qui font le quotidien par leur métier ou leur place dans la famille. Variété aussi dans les personnes de conjugaison qui finit par se résumer au " nous " émouvant – " Nous fêtons. " – qui implique en les rendant complices le poète lui-même et son lecteur. Ce dernier avance aisément, en compagnie du promeneur- narrateur, dans le texte et le monde mis en scène.