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Poésie

L’arbre à poèmes, Abdellatif Laâbi

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 31 Mars 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

L’arbre à poèmes, janvier 2016, Préface de Françoise Ascal, 260 pages, 8,10 € . Ecrivain(s): Abdellatif Laâbi Edition: Gallimard

 

Dans sa collection Poésie, Gallimard vient de publier ce florilège de vingt années (1992-2012) des écrits d’Abdellatif Laâbi, les morceaux choisis étant présentés par l’éditeur comme « une anthologie personnelle » de l’auteur.

Ce qui frappe immédiatement le lecteur qui découvre Laâbi est le parti-pris d’une expression directe, loin de toute volonté d’ésotérisme poétique, loin également de toute allégeance à un quelconque formalisme académique.

Laâbi ne « compose » pas, il dit, il exprime, il crie.

Laâbi ne cherche pas à « faire beau », il rage, il extériorise, il envoie, il percute, sans se soucier de rimes, de pieds, de césure…

C’est un choix.

Je suis passé parmi vous, Michel Monnereau (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 18 Mars 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Table Ronde

Je suis passé parmi vous, mars 2016, 136 pages, 14 € . Ecrivain(s): Michel Monnereau Edition: La Table Ronde

 

Par un hasard qui ne se contrôle point, j’ai lu les deux livres de Michel Monnereau un 26 février. Le 26 février 2014, je lisais On s’embrasse pas ; deux ans plus tard, le vingtième livre de poèmes, Je suis passé parmi vous.

Si je rapproche ces deux œuvres d’un même auteur, c’est surtout parce que le terreau d’enfance semble souder l’approche par le même poète-romancier et un certain climat favorable à la nostalgie, au passé.

Ce vingtième livre de poésie de son auteur (depuis 1973) « remonte les rues du village mort » (p.53). C’est l’heure de rameuter les souvenances : « les cheveux blancs venus en silence » (p.51) honorent la tête du poète dont les « poèmes sont les rues/ que je n’ai pas su prendre » (p.47).

Le livre poursuit ce but, que tout poète digne de cette appellation se donne, « rejoindre l’enfant qu’on a laissé/ dans la première fureur du monde » (p.35).

C’est un poète, en marge, à l’écart, qui justifie son titre : « je suis passé parmi vous/ sans vous reconnaître » (p.32).

Anthologie de poésie haïtienne contemporaine dirigée et présentée par James Noël

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mardi, 15 Mars 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Points, Anthologie

Anthologie de poésie haïtienne contemporaine, novembre 2015, 572 pages, 9,90 € Edition: Points

 

Découvertes. Découvertes avant tout avec cette anthologie. C’est d’ailleurs d’abord à cela que devrait servir toute anthologie. Le jeu de la compilation des « best of » est ici largement dépassé pour le lecteur ordinaire qui, quand bien même il ou elle serait amateur de poésie, découvre une diversité qu’il serait bien à mal d’apprécier par ses propres moyens.

Il peut sembler a priori difficile de trouver une unité parmi tous les auteurs rassemblés ici. Ce sont en effet 73 voix différentes qui sont offertes à notre curiosité, de celle du doyen René Depestre (né en 1926) à celle du benjamin, Fabian Charles (né en 1993). Si quelques voix peuvent nous être connues, sans forcément nous être familières, la plupart seront pour le lecteur une entière découverte. Chercher à tout prix quelque chose qui unifierait toutes ces voix au-delà du présent volume et de l’attachement à une île qui conjugue dans nos imaginaires continentaux exotisme et fascination, exubérance religieuse et musicale et drame sociaux, de l’esclavagisme aux catastrophes naturelles, pourrait sembler inutile et prétentieux (voire un peu méprisant et post-néo-colonialiste).

La Vie rêvée, Antonia Pozzi

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 14 Mars 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Italie, Arfuyen

La Vie rêvée, trad. Thierry Gillyboeuf, 2016, 20 € . Ecrivain(s): Antonia Pozzi Edition: Arfuyen

 

La mort, les fleurs, l’amour, la montagne

 

Ascolta :

come sono vicine le campane !

Vedi : i pioppi, nel viale, si protendono

per abbracciarne il suono. Ogni rintocco

è una carezza fonda, un vellutato

manto di pace, sceso dalla notte

ad avvolger la casa e la mia vita.

Ecoute :

comme les cloches sont proches !

Entretiens avec Alain Veinstein, André du Bouchet

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 12 Mars 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, L'Atelier Contemporain

Entretiens avec Alain Veinstein, André du Bouchet, L’Atelier Contemporain et l’INA, janvier 2016, 128 pages, 20 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

« Or, la langue ne relève pas de notre choix personnel, c’est notre point de départ, le matériau dont nous disposons, et il y a un mouvement qu’il s’agit de renverser : ne pas aller dans le fil de ce qui se détruit à chaque instant sous nos yeux, mais, tenant compte de ce qui est détruit, tâcher dans l’instant de renverser le mouvement et d’édifier quelque chose ».

Il s’agit bien de cela, de deux édificateurs, deux architectes de la langue qui se rencontrent. L’un, poète, loin du tumulte, des honneurs et des horreurs, dans la perspicacité de la langue, dans sa vibration profonde, dans sa nette simplicité, accordée à l’espace, à la terre, au sol : …chute de neige, vers la fin du jour, de plus en plus épaisse, dans laquelle vient s’immobiliser un convoi sans destination – je tiens le jour… La paupière du nuage porteur de la neige se levant, je me retrouve inclus dans le bleu de l’autre jour*. L’autre, interviewer sur France Culture, pour L’Autre Journal (qui fut une bien belle aventure) et Libération, mais aussi poète et écrivain.