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Poésie

Paroles des forêts, Pascal Mora

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 16 Janvier 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Paroles des forêts, éd. Unicité, 2015, 14 € . Ecrivain(s): Pascal Mora

 

Une poésie végétale

 

La poésie de Pascal Mora nous entraîne dans un voyage intérieur, une sorte de plongée en apnée dans le monde végétal de la forêt, comme si l’espace de cette poétique était saturé, plein, presque phobique. Et cela est une qualité, car on ne quitte pas cette espèce de plongée nue qui nous conduit à travers des paysages forestiers, pour finir ou presque dans « un antre au bord de la bible ». On respire ici un air raréfié, confiné à quelques éléments benthiques, dans une vision obnubilée par la frondaison et la croissance végétale. On peut lire cette épopée un peu comme on lirait Walt Whitman, à cause de ce débordement lyrique, de ce texte qui déborde presque littéralement, qui se repaît de la pluralité des lieux vacants de Bénarès à Jérusalem, de forêts de feuillus, de persistants ou d’épicéas, ou encore, plus rarement, de quelques fruitiers.

Petits riens pour jours absolus, Guy Goffette

Ecrit par France Burghelle Rey , le Vendredi, 13 Janvier 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Petits riens pour jours absolus, juin 2016, 120 pages, 14 € . Ecrivain(s): Guy Goffette Edition: Gallimard

 

Le tout récent opus de Guy Goffette rassemble des textes parus ces dernières années et publiés dans des versions différentes. Un sage exergue de Robert Walser concernant la manière dont on doit vivre invite le lecteur à en savoir plus et le texte incipit le comble déjà par sa perfection à la fois sémantique et stylistique :

 

« Quand plus rien ne chante au dehors

je puise dans le sac et sème

sur la page un peu de poussière

d’oubli et le jour paraît comme

un musicien qui tend son chapeau ».

Le Livre de la Pauvreté et de la Mort, Rainer Maria Rilke

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 09 Janvier 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Arfuyen

Le Livre de la Pauvreté et de la Mort, 2016, trad. de l'allemand Jacques Legrand, 12 € . Ecrivain(s): Rainer Maria Rilke Edition: Arfuyen

 

Une poésie plastique

Il ne serait pas intéressant pour les lignes qui vont suivre de faire une analyse scientifique de ce texte de Rilke, car il existe une escorte critique parfois très ancienne et très documentée, et dès lors, il serait impossible de résumer une étude fournie dans le modeste propos qui est poursuivi ici. Il est peut-être meilleur de livrer, de faire état d’un sentiment personnel à l’égard de cet ouvrage. Simplement, il s’agirait de prendre dans l’appareil critique de l’œuvre de Rilke, les dates, et notamment les dates de la conception de ce Livre de la Pauvreté et de la Mort. Car il correspond à un jeune Rilke, à ce jeune poète qui rencontre ou va rencontrer Rodin, lequel l’influencera sans doute, tout comme l’impressionneront certainement les œuvres de Camille Claudel. Par ailleurs, c’est là aussi le poète qui va devenir celui des Elégies de Duino, œuvre apothéose, climax de l’auteur, pour qui cela sera à la fois l’accomplissement et la fin, même si ce trait de génie se poursuit dans Les Sonnets à Orphée, cette œuvre-testament.

Le testament de Nicolas, Bessora

Ecrit par Theo Ananissoh , le Samedi, 07 Janvier 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Le testament de Nicolas, La Margouline, septembre 2016, 178 pages, 13 € . Ecrivain(s): Bessora

 

Le testament de Nicolas est un flux de conscience. C’est au présent, et, parce que même très intimes et silencieuses, nos pensées envisagent une oreille compréhensive et bienveillante, ça s’adresse à une petite sœur – à l’être proche et innocent.

« J’ai dix ans quand tu débarques dans le monde.

C’est drôle, depuis que je n’ai plus peur de mourir, les souvenirs me remontent sans arrêt. (…)

Une nuit, je te donne le biberon. C’est mignon. Tu me regardes avec des yeux angéliques. J’y lis que je suis ton héros ».

Nicolas, dix-sept ans, se raccroche à sa sœur Salomé, dix ans, tout le long du chemin inexorable et vertigineux qui le mène vers… vers quoi ?

Ballades et Stances, Germont

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 06 Janvier 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Ballades (éd. La Coopérative, 2016, 8,50 €), et Stances (éd. La Coopérative, 2016, 11€) . Ecrivain(s): Germont

 

Comme Germont, le poète que publient pour la troisième fois les éditions de La Coopérative, reste un inconnu, voire un mystère, il ne subsiste que l’œuvre pour vadémécum de sa présence, et c’est au bénéfice de la littérature. En Effet, Germont se colore d’intrigues et de secrets. Qui est-il, celui que garde Jean-Yves Masson depuis trente ans parfois dans ses tiroirs, pour le mettre à jour vivement et avec intelligence ? Or ces poèmes relatent un temps historique, celui des années quatre-vingt, dans une langue ouvragée et belle, un peu précieuse parfois, mais avec beaucoup de charme – que l’on rencontre chez Rilke, le Rilke des années de jeunesse. Et cela pose la question de l’œuvre ou de l’homme, quand ici, avec ces poèmes assonancés et très réguliers, il n’y a aucun rite social de l’auteur en jeu. Car certains, de nos lettres françaises, abusent et usent de la notion d’artiste/spectacle pour valoriser des recueils maigres et indigents. Ici, chez Germont, on ne connaît que ces trois recueils qui dessinent une présence un peu fantomatique et qui fait du bien.