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Poésie

Le ciel du dessous, Jean Azarel

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 19 Avril 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Le ciel du dessous, octobre 2016, 64 pages, 12 € . Ecrivain(s): Jean Azarel

Entre paganisme et mysticisme, la frontière est charnelle et Jean Azarel la franchit allègrement dans les deux sens, et en invente d’autres, des sens, dans une langue toute personnelle, et s’il nous guide, tel le lapin d’Alice, c’est pour mieux nous perdre dans la touffeur du ciel du dessous. Là où il n’y rien à comprendre, mais beaucoup à capter, à sentir, voire à renifler, que ce soit l’origine du monde, façon Courbet ou sa fin.

 

J’ai connu un temps

où les forêts étaient épaisses,

le gibier joyeux.

Ce qui vivait au dessus

était mû par le règne

du dessous.

d’encres verdeurs, Daniel Louis-Etxeto

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 19 Avril 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Les Vanneaux

d’encres verdeurs, Daniel Louis-Etxeto (poèmes), Encres de Jean-Pierre Etchemaïté, 2016, 51 pages, 25 € . Ecrivain(s): Daniel Louis-Etxeto Edition: Les Vanneaux

 

D’ombres et de poudre d’éclats, les poèmes d’encres verdeurs palpitent délicatement à fleur des sens et des mots au cœur d’une « floraison d’écume », pour tenter de dire dans la verticalité de la page « les chemins de la langue » empreints d’odeurs, de senteurs, sillonés d’humus, de résine et de sable, pour trouver les mots aptes à dire

« l’âcre verdeur des feuillages

et le jour qui tremble dans les ramures ?

– Chant dont les paroles crissent aux lèvres

comme eau verte et saline »

James Joyce fuit…, Catherine Gil Alcala

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 10 Avril 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre

James Joyce fuit… Lorsqu’un homme sait tout à coup quelque chose, suivi de Les Bavardages sur la Muraille de Chine, éd. La Maison Brûlée, 2015, Théâtre/Poésie (avec des illustrations de l’auteure) . Ecrivain(s): Catherine Gil Alcala

 

Curieuses écritures, hors norme, que celles de Catherine Gil Alcala. Ou Écriture. Réécriture du Texte du Monde comme il va, quand sa barque prend l’eau. Une plume dramaturgique transfigurée par la poésie. Une danse poétique dans une mise en scène – mise en pièces – dramaturgique.

Lorsqu’un homme sait tout à coup quelque chose – Quoi ? – Quelque chose qu’il ne devrait pas savoir – Que se passe-t-il ? Qu’advient-il de son espace, de sa durée intérieure ? – Une désintégration psychique, la perte d’identité, une implosion,

« explose cristal dans la tête télépathe lourde du chaos des précognitions ».

Laissant place à l’hallucination attaquant jusqu’aux façades de la ville où Il / Lui / Horde Lui erre,

« Commotions d’émois, se cogne aux femmes glacées derrière des vitres intransparentes, s’agrippe à l’espace vide, s’appuie sur des façades s’effondrant en un fracas de rire, faciès de mascarades des villes de cinéma sous les bombes ! »

Rilke ou la reprise de l’enfance, Thierry Bénard

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Vendredi, 07 Avril 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Hermann

Rilke ou la reprise de l’enfance, janvier 2017, 262 pages, 30 € . Ecrivain(s): Thierry Bénard Edition: Hermann

 

« Ils veulent atteindre le meilleur, et ils sont devenus des enfants », Rilke

 

Rilke est sans doute le chantre de l’ineffable et celui qui a le mieux rendu l’expérience poétique par l’émerveillement propre à l’enfance. Cet aspect de l’œuvre du poète a cependant peu retenu l’attention des commentateurs de son œuvre hors cadre biographique, et l’auteur ici suppose que c’est parce que cette question de l’enfance dans l’œuvre de Rilke est « fondatrice qu’elle reste voilée ».

Rilke fait partie de ces poètes pour qui le regard porté par l’enfant sur le monde fonde le travail poétique de l’artiste. Il rappelle les propos de Blanchot « tout questionnement de l’homme engageant son être ultime comme sa situation dans le monde s’enracine dans ses premières expériences » et les premières sensations de l’enfance.

Invention de la terre, Philippe Delaveau

Ecrit par France Burghelle Rey , le Vendredi, 07 Avril 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Invention de la terre, 128 pages, 14,50 € . Ecrivain(s): Philippe Delaveau Edition: Gallimard

 

Après le silence d’entrée de deux beaux haïkus, le recueil s’ouvre sur la quiétude du foyer et de la nature au moyen de la liberté chantante du mètre. Tout au long seront convoqués, notamment, les lieux chers et les visages des maîtres en vers brefs ou longs jusqu’à former des versets. C’est ceux-là qui occupent les distiques mimant le roulement du train du poème Transsibérien.

Le charme du texte réside à la fois dans la prégnance du réel et d’une forte spiritualité annoncée par les citations en exergue. Un panthéisme – « quel secret lie les peupliers à leurs fuseaux ? » – fête en quelque sorte l’ensemble que couronne la présence des anges. La voici liée à l’élément marin :

« Et cette baie resplendissante et calme où frémissent les anges ».

Même si cette présence est invisible elle est porteuse de vérité car c’est sur elle que ceux-ci veillent.

Ne peut-on pas supposer que ce sont ces anges invisibles qui aident le poète à inventer sa terre ? A la fin de l’ouvrage une note donne son explication au titre : « la poésie nous découvre-t-elle pas… le territoire sans limites qui s’étend hors de nous ».