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Poésie

Dire Arbre, Michel Lamart

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 28 Septembre 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Dire Arbre, Michel Lamart, La Porte, 2017 . Ecrivain(s): Michel Lamart

 

 

L’on sait tout le soin que met Yves Perrine, avec sa maisonnette d’édition La Porte, à faire exister des écritures singulières, à rebours des modes qui s’épanouissent dans les chapelles littéraires.

Dire Arbre en est un remarquable exemple.

 

Que dis-je

Quand je dis

Arbre ?

Ce dont il ne reste rien, poème de Lionel Jung-Allégret

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 26 Septembre 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Al Manar

Ce dont il ne reste rien, avril 2017, Encres de Catherine Bolle, 63 pages, 18 € . Ecrivain(s): Lionel Jung-Allégret Edition: Al Manar

 

D’entrée l’exergue généreuse annonce / énonce une certaine gravité : le silence, la solitude, la peur de la mort comme mobile du crime des Hommes. Cependant l’autre face existentielle résiste, et subsiste un quelque chose contre ce qui ne serait que néant sans réponse aucune : une présence dans le silence (« tu es là » dans la citation empruntée à José Angel Valente, extraite de Au dieu sans nom) ; une parole surgie du silence même (« Tu parles toujours (…) », Edmond Jabès) ; la révélation du mobile du crime pour lever un peu le voile De la nature des choses, Lucrèce).

Ce dont il ne reste rien de Lionel Jung-Allégret, édité par Al Manar en avril 2017 et augmenté d’encres de Catherine Bolle, débute par ce curieux distique :

 

« Tu veux être l’écriture qui disparaît.

Etre celui dont il ne reste rien ».

On ne part pas, Arnaud Le Vac

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 22 Septembre 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions du Cygne

On ne part pas, juillet 2017, 56 pages, 10 € . Ecrivain(s): Arnaud Le Vac Edition: Editions du Cygne

« Une page d’Homère et de Lucrèce, de David et de Dante, de Shakespeare et de Góngora, de Hölderlin et de Rimbaud. Le jour est autre, la nuit aussi. La singularité fait la différence, l’exception se vérifie.

Tout cela se passe sous nos yeux : vous êtes disponible à vous-même plus que jamais, à l’autre par-delà vous-même. Une page déroule et enroule votre voix comme une plage de musique et un chant le temps sous vos yeux ».

On ne part pas pourrait aussi s’appeler on ne meurt pas, tant ce jeune écrivain, éditeur et poète* s’impose par sa singularité, sa différence, son art brillant de rendre une phrase lumineuse, simplement lumineuse et musicale, comme si la main de Rimbaud s’était posée sur la sienne. On ne part pas est un chant du temps qui épouse chacun de nos mouvements, la main tourne les pages, l’œil fixe les lignes, l’oreille attentive écoute, et on peut aussi tenter l’expérience inverse : l’oreille tourne les pages, la main fixe les lignes, l’œil écoute et la beauté jaillit. C’est ce que l’on appelle l’expérience poétique dans ce qu’elle a de plus nécessaire, de plus vital, et ce tout petit livre déploie ses éclats luxuriants en toute sagesse. L’écriture d’Arnaud Le Vac est d’une grande limpidité, tout y est net et précis, presque transparent, c’est la ligne claire qui l’occupe.

Légende de Zakhor, Pierre Autin-Grenier

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 21 Septembre 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Carnets du dessert de lune

Légende de Zakhor, trad. allemand Rüdiger Fischer, trad. italien Fabio Scotto, trad. anglais Derek Munn, 104 p. 13 € . Ecrivain(s): Pierre Autin-Grenier Edition: Carnets du dessert de lune

 

Décédé en 2014, Pierre Autin-Grenier auteur d’une vingtaine d’ouvrages depuis 1980 aligne ici dix récits brefs, traduits pour cette édition en trois langues (italien, anglais, allemand). L’édition de 1996 (L’arbre à paroles) ne donnait à lire que les traductions anglaise et italienne.

La patte du styliste donne un supplément d’âme et de légèreté à ces Chroniques des faits (pour reprendre l’un des textes du présent volume et le titre de l’un de ses ouvrages à L’Arbre, en Aisne) : petits riens ordinaires, rehaussés de mystère, d’inconnu, d’incongru dans le tissu des vies.

Il y a de l’Hardellet sans doute dans cette manière de faire fleureter poésie et incertitude.

C’est parce qu’on ignorait d’où il venait, quand précisément, et comment surtout il était arrivé parmi nous qu’une couronne d’or maintenant en permanence illuminait son visage, que sa voix, disait-on, pouvait troubler l’eau des sources (p.81).

Murmures de l’absence, Gérard Mottet

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 21 Septembre 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Murmures de l’absence, éd. Tensing, avril 2017, 103 p. 12 € . Ecrivain(s): Gérard Mottet

 

Cette Note de lecture est dédiée à la mémoire de l’éditeur Éric Jacquet-Lagrèze, disparu brutalement.

Les auteurs publiés par les éditions Tensing appréciaient chez Éric Jacquet-Lagrèze son dévouement et sa générosité d’esprit remarquable.

Puisque ce livre de poèmes d’incomplétude a l’originalité de se clore par une citation en exergue à la toute dernière page, je souligne ce trait, au parfum de bruyère – celui connu par les poètes, cette bruyère d’Apollinaire entrevue sous les paupières lorsque celles-ci se recueillent ou lorsque l’on veut faire murmure au milieu du bruit qui nous prend parfois malgré nous :

« J’ai cueilli ce brin de bruyère

L’automne est morte souviens-t’en

Nous ne verrons plus sur terre

Odeur du temps brin de bruyère

Et souviens-toi que je t’attends ».