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Poésie

Ta résonnance, ma retenue, Serge Ritman

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Vendredi, 06 Octobre 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions Tarabuste

Ta résonnance, ma retenue, avril 2017, 320 pages, 22 € . Ecrivain(s): Serge Ritman Edition: Editions Tarabuste

 

Avec Serge Ritman l’amour ne change pas, ne change plus. Il est resté le même depuis le jour où la poète le rencontra. Il dut payer cher pour son amour : l’abîme le guettait par la disparition de celle qui en était non l’objet mais le sujet. L’auteur un temps put célébrer la transhumance des esprits, les métamorphoses du cosmos vers la lumière. Au fil du temps l’amour terrestre est devenu spirituel, deux énergies « célestes » s’y cristallisent puisqu’un des protagonistes n’est plus et empêche de plonger les mains dans la farine des matins.

Mais l’auteur nous apprend que derrière les portes du temps il existe d’autres portes jusqu’au vertige comme au grand vide de la félicité. C’est pourquoi l’ensemble des poèmes se succèdent par saccades pour rejoindre la frontière des « ténèbres radieuses ». L’oxymore n’est pas ici qu’une simple figure de style. Au milieu des couleurs de l’instant le passé seul est l’or du temps. Disparue, l’amante demeure. Pour autant Ritman ne pétrarquise pas. La douleur de la séparation temporelle a dérivé sous d’autres cieux.

Observons une minute de silence, Jean Foucault

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 05 Octobre 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Observons une minute de silence, Éditions Henry, coll. La main aux poètes, 2015, 111 pages, 8 € . Ecrivain(s): Jean Foucault

 

La poésie de Jean Foucault ressortit bien à la poésie dite « engagée », qui nous délivre un message. Dans Observons une minute de silence, ce message se vrille à des événements tragiques de l’Histoire (la Guerre, les attentats terroristes, les accidents dramatiques de la vie, etc.) pour lesquels, lors de commémorations, une minute de silence est observée. Minute, ainsi que le remarque justement l’auteur, qui ne saurait être imposée :

 

« Ce peut être malsain

D’observer une minute de silence.

Est-ce à son insu ?

Je ne l’imagine pas.

(…)

Dire Arbre, Michel Lamart

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 28 Septembre 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Dire Arbre, Michel Lamart, La Porte, 2017 . Ecrivain(s): Michel Lamart

 

 

L’on sait tout le soin que met Yves Perrine, avec sa maisonnette d’édition La Porte, à faire exister des écritures singulières, à rebours des modes qui s’épanouissent dans les chapelles littéraires.

Dire Arbre en est un remarquable exemple.

 

Que dis-je

Quand je dis

Arbre ?

Ce dont il ne reste rien, poème de Lionel Jung-Allégret

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 26 Septembre 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Al Manar

Ce dont il ne reste rien, avril 2017, Encres de Catherine Bolle, 63 pages, 18 € . Ecrivain(s): Lionel Jung-Allégret Edition: Al Manar

 

D’entrée l’exergue généreuse annonce / énonce une certaine gravité : le silence, la solitude, la peur de la mort comme mobile du crime des Hommes. Cependant l’autre face existentielle résiste, et subsiste un quelque chose contre ce qui ne serait que néant sans réponse aucune : une présence dans le silence (« tu es là » dans la citation empruntée à José Angel Valente, extraite de Au dieu sans nom) ; une parole surgie du silence même (« Tu parles toujours (…) », Edmond Jabès) ; la révélation du mobile du crime pour lever un peu le voile De la nature des choses, Lucrèce).

Ce dont il ne reste rien de Lionel Jung-Allégret, édité par Al Manar en avril 2017 et augmenté d’encres de Catherine Bolle, débute par ce curieux distique :

 

« Tu veux être l’écriture qui disparaît.

Etre celui dont il ne reste rien ».

On ne part pas, Arnaud Le Vac

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 22 Septembre 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions du Cygne

On ne part pas, juillet 2017, 56 pages, 10 € . Ecrivain(s): Arnaud Le Vac Edition: Editions du Cygne

« Une page d’Homère et de Lucrèce, de David et de Dante, de Shakespeare et de Góngora, de Hölderlin et de Rimbaud. Le jour est autre, la nuit aussi. La singularité fait la différence, l’exception se vérifie.

Tout cela se passe sous nos yeux : vous êtes disponible à vous-même plus que jamais, à l’autre par-delà vous-même. Une page déroule et enroule votre voix comme une plage de musique et un chant le temps sous vos yeux ».

On ne part pas pourrait aussi s’appeler on ne meurt pas, tant ce jeune écrivain, éditeur et poète* s’impose par sa singularité, sa différence, son art brillant de rendre une phrase lumineuse, simplement lumineuse et musicale, comme si la main de Rimbaud s’était posée sur la sienne. On ne part pas est un chant du temps qui épouse chacun de nos mouvements, la main tourne les pages, l’œil fixe les lignes, l’oreille attentive écoute, et on peut aussi tenter l’expérience inverse : l’oreille tourne les pages, la main fixe les lignes, l’œil écoute et la beauté jaillit. C’est ce que l’on appelle l’expérience poétique dans ce qu’elle a de plus nécessaire, de plus vital, et ce tout petit livre déploie ses éclats luxuriants en toute sagesse. L’écriture d’Arnaud Le Vac est d’une grande limpidité, tout y est net et précis, presque transparent, c’est la ligne claire qui l’occupe.