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Poésie

Polonaise, Emmanuel Moses

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 29 Juin 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Flammarion

Polonaise, avril 2017, 125 pages, 16 € . Ecrivain(s): Emmanuel Moses Edition: Flammarion

 

« Je voulais écrire un poème mais il était trop tôt. Il fallait que j’entende encore quelques bribes de conversations, des conversations de femmes et des conversations de famille, bavardages d’enfants, bavardages de grands-parents, bavardages de parents. Il fallait que j’entende le vent du soir, les rires qui éclatent le soir, le cliquetis des premiers couverts à la terrasse des restaurants. […] »

 

« Je bois du vin et toi, de l’autre côté du couloir, tu bois du vin aussi. Je bois du vin et toi, de l’autre côté de la mer, tu bois du vin aussi. Je bois du vin et toi, de l’autre côté du fleuve que l’on ne traverse jamais deux fois, tu bois du vin aussi. Mais moi, mon vin a le goût de la terre et toi, ton vin a le goût du ciel ».

Miniatures, Patricia Castex Menier

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 29 Juin 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Miniatures, éd. Tensing, 2015, 76 pages, 9 € . Ecrivain(s): Patricia Castex Menier

 

Dédié au poète Pierre Dhainaut, ce recueil rassemble des tercets, quelques distiques, répartis en cinq parties.

Leur force provient de l’efficience qu’il suppose du Langage. De l’efficacité poétique qui en résulte.

Que le poème soit invoqué, et il vient. Il ouvre même le recueil, sans nous avoir jamais quitté :

« Oh !

Le poème revient,

Mais où était-il donc ? »

Ce léger rien des choses qui ont fui, Alain Duault

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mercredi, 21 Juin 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Ce léger rien des choses qui ont fui, mai 2017, 208 pages, 19 € . Ecrivain(s): Alain Duault Edition: Gallimard

 

Pour Alain Duault l’essence de l’amour participe aux lèvres du temps : de l’aurore au soir de la vie peut en jaillir le même goût. Mais les mains aussi comme le reste du corps participent à l’énigme intime qui paradoxalement arrive à effacer celui de l’univers. Il ne s’agit pas dans ce but de ressasser le passé mais de revenir à un éternel présent. Il n’est pas sans passé mais ne fait pas injure au possible.

Echantillon du vacarme ou souffle à peine, l’amour est bien plus qu’un soubresaut. Prenant appui sur le silence, naissant de ses abîmes, le poète l’intègre à son rythme comme une secrète respiration peu à peu restituée au temps. Et qu’importe si celui-ci conduit irrémédiablement à la nuit. Il faut croire qu’un jour « se lèvera demain », ici même, et « continuer à chercher la sortie du labyrinthe » revient à accepter de s’y perdre afin de refuser de s’apparenter au néant.

Duault touche au plus profond, comme dans les lieder de Schubert, dans les quelques lignes mélodiques de Beethoven ou dans les partitions musicales demandées de Philip Glass. Le poète crée sa musique paradoxale, à la limite du murmure, l’union des contraires : présence et absence, force et faiblesse. C’est là la manière du poète afin d’appréhender ce Grand Secret cher à Henri Michaux et qu’il convient à tout créateur digne de ce nom de se saisir.

Petits rituels sacrilèges, Werner Lambersy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 19 Juin 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Petits rituels sacrilèges, L’Amourier Editions, coll. Ex cætera, 1997, 51 pages, 8,40 € . Ecrivain(s): Werner Lambersy

 

Curieux ces Petits rituels sacrilèges, « bricolés » par Werner Lambersy, le poète d’Anvers, auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages dont L’éternité est un battement de cils, son anthologie personnelle parue chez Actes Sud. « Bricolés » ne doit pas s’entendre de façon péjorative (le sens moderne figuré valorise d’ailleurs l’idée d’ingéniosité adroite contenue dans le verbe bricoler), bien au contraire puisque le poète l’affirme à l’entrée de ces Petits rituels sacrilèges publiés en 1997 aux éditions de L’Amourier :

« On me laisserait bricoler. Il faudrait éviter de déranger. Que je laisse faire, on me laissera dire. On mettra des lauriers dans la soupe du poète. En chaussant quelques charentaises encore chaudes, en suçant des chocolats glacés de l’entracte médiatique, on donnerait même des onguents pour l’eczéma des vanités, tout en faisant du bon commerce. Voilà, ça aurait dû être comme ça. Ça n’a pas pu, pas voulu, pas-lu-vous. Alors je bricole sans permission, comme on respire ».

Sans fin sera la quête, Colette Gibelin

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 16 Juin 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Sans fin sera la quête, éd. Sac à mots, 2016 . Ecrivain(s): Colette Gibelin

 

Le cheminement poétique de Colette Gibelin s’accomplit dans la ferveur d’une quête sans fin. Où l’incandescence des mots embrase avec contenue les « balbutiements du vivre » et brûle d’une émotion retenue les fêlures de la vie, où la poète cherche « un surplus d’être ». Un supplément de flamme. Les titres de chaque partie expriment la quête inlassable de nos désirs turbulents, équilibristes fragiles, le vide au-dessus, du vide sous les pas chancelants de nos errances – « Grands chasseurs d’éternel », « Par-delà toute nuit », « Quel éclat perfore le noir ? », « Toute splendeur éclate ».

« Grands chasseurs d’éternel,

nous transitons

À travers l’éclat fragile des genêts

l’éblouissant miracle des cerises,