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Poésie

En surface, Christine Guinard

Ecrit par Hans Limon , le Mercredi, 17 Mai 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

En surface, éd. Eléments de Langage, mars 2017, 64 pages, 12 € . Ecrivain(s): Christine Guinard

 

Suspendez votre temps terrestre, délaissez les ornières de la politique discriminatoire et prêtez les sens à cette météorite poétique, l’une de celles qui m’ont le plus marqué – et durablement – ces dernières années.

Plongée poétique

« En surface explore la puissance irradiante du jeu de l’enfant » peut-on lire au coin de l’une des dernières pages de cet OVNI-livret lunaire, à mi-chemin entre le livre pour enfants, justement, qu’on feuillette au gré des pensées du jour ou de la nuit, « au gré des courants d’images revenues », fabuleux terrain d’exploration des formes langagières et matérielles, toujours en mouvement puisqu’« il est métamorphoses », et du conte poético-initiatique, chaque mot-fragment déposé-comme-abandonné-flottant sur la ruine aux relents de houille de Rorschach devenant par l’alchimie du verbe de Christine Guinard et des peintures d’Elina Salminen le jalon d’un parcours des sens, au cours duquel briques, fenêtres, cailloux, lumières prennent leur pleine et entière sensualité comme si, tel que Sartre le conceptualisait, la poésie consistait bel et bien à choisir les mots pour leur ressemblance avec les choses.

Échelles, Alain Wexler

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 12 Mai 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Echelles, Les écrits du Nord, éd. Henry . Ecrivain(s): Alain Wexler

 

Échelle de Richter, échelle de toit, échelle de Jacob, échelles d’évaluation, échelle de fortune, échelle du bonheur même entend-on curieusement en ce 21e siècle… (Quelques degrés) sous-titre le poète-éditeur Alain Wexler pour annoncer la magnitude générale de ce recueil publié dans la collection Les Écrits du Nord aux Editions Henry, Échelles. Quelle énergie libère ces poèmes et quelles échelles gravissent-ils pour dénicher les mots, « des œufs entre les dents » cueillis dans l’arbre d’altitude, jusqu’à nous embarquer jusqu’aux hauteurs de la genèse, du poème absolu ?

Poésie de magnitude générale : celle des échelles poétiques – géolocalisable : l’échelle de l’arbre, qui « s’enfonce dans la fourche aux oiseaux » ; musicale ; échelle de la nuit ; de la hauteur féminine (« l’échelle, timide de nature / Procède par degrés. / Ensuite, la femme / Devient l’échelle de l’homme ») ; télescopique ; l’échelle empruntée par l’escalier ; l’échelle des jambes… – notre vie courante n’est-elle pas ainsi affaire de quelques degrés, mesure de marches enjambées, osées, manquées, perceptions graduées ou de dégradés dans le cercle chromatique de nos existences où chacun rame pour tenter d’avancer ?

Chansons du seuil, Peter Gizzi

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Jeudi, 11 Mai 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Editions José Corti

Chansons du seuil, avril 2017, trad. USA Stéphane Bouquet, 82 pages, 16 € . Ecrivain(s): Peter Gizzi Edition: Editions José Corti

Jamais classique et parfois marquée par une expression des sentiments amoureux, toute la poésie de Peter Gizzi pourrait se synthétiser dans un de ses courts textes Une rosette pour Mike : « mots lignes visages / simuler trace étrange : pluie deuil nuit / le soleil / le soleil »… Peu à peu l’auteur a découvert une voix originale et libre. D’une part en s’orientant à l’écoute du monde, du temps et du corps et en allant insensiblement – effet d’âge sans doute… – vers le doute dans ce qui devient des courts traités de réflexion et de rêveries qui n’ont rien d’évanescentes. Un approfondissement des sensations s’inscrit à la manière « d’un récit froid » qui ne manque pas pour autant de chaleur.

Le poète prouve que sombre et noir ne sont pas un même concept. Le sombre n’est jamais brillant, il ne peut refléter la lumière. Le noir à l’inverse peut briller et renvoyer la clarté. Le sombre est gris, il est entre ce qui soustrait la vue et la rend visible. Le noir est une couleur : il gagne donc en intensité. C’est seulement en absence de lumière que le gris l’acquiert. Mais le poète américain prouve aussi que les couleurs existent réellement près de l’obscur comme les mots ne parlent que près du silence. D’où la maturité originale des Chansons du seuil. En émanent un regard et une émotion en un paradoxe de fantaisie, de réalité et d’encre qui lie l’ensemble de chaque texte.

Le sable de la terre, Ismaël Savadogo

Ecrit par Nathalie de Courson , le Mercredi, 10 Mai 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Le sable de la terre, éd. Lavoir Saint-Martin, 2015, 39 pages, 10 € . Ecrivain(s): Ismaël Savadogo

 

Le recueil Le sable de la terre commence ainsi (p.7) :

 

« Marcher en plein soleil

par un jour non élucidé,

 

marcherons-nous encore

même si nous sommes parvenus

à un arbre ?

 

la réponse à cette question

est de ne pas s’arrêter :

Fragments, Corinne Pluchart

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 09 Mai 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Fragments, Éd. Vagamundo, 2016, 144 pages, 13 € . Ecrivain(s): Corinne Pluchart

 

Fragments est un recueil de silences, et n’est-ce pas le plus difficile à atteindre avec des mots : le silence ? Ici, ils sont de différentes textures, ponctués de souffle, recueillis comme une prière ou « le silence brutal – coupant la gorge ». Les images sont comme des petites taches devant les yeux, des taches de bleu souvent, ou plus grises, plus sombres comme la pierre, le granit.

 

– et de s’écorcher les genoux

sur la ténacité des pierres.

 

Il y a le vide, l’absence,